Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/651

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a formé le nom Oristagni. Cette ville est dans une plaine à peu de distance de la mer, mais dans un air très-mal-sain, ce qui fait qu’elle est dépeuplée. (D. J.)

ORITES, (Hist. nat.) pierre dont parle Pline, & dont il ne nous apprend rien, sinon qu’elle est ronde, & ne souffroit aucune altération dans le feu. Les auteurs modernes ont attribué plusieurs vertus extraordinaires à cette pierre inconnue, & ils nous apprennent qu’il y en a trois especes ; la premiere est ronde & noire, on la vante comme un remede puissant contre les morsures des bêtes venimeuses, après avoir été frottée avec de l’huile de rose ; la seconde étoit verte & mouchetée de blanc, ou traversée par des veines blanches ; la troisieme étoit composée de couches paralleles ; on prétend qu’elle faisoit avorter lorsqu’on la portoit sur soi. (—)

ORITHYE, (Mythologie.) fille de Pandion, ou, selon d’autres, d’Ericthée, sixieme roi d’Athènes, fut enlevée sur les bords de l’Ilissus par Borée qui l’emmena en Thrace, l’épousa & la rendit mere de deux fils, Calaïs & Zéthès. Ce prince, dans la suite, en reconnoissance de cette alliance avec les Athéniens, leur rendit le bon office de couler à fond plusieurs galeres des Barbares.

Je n’ignore pas que ce trait d’histoire passe pour une fable, parce que Borée a souvent été confondu avec le vent du nord. Je connois aussi ce passage de Platon dans le Phœdrus, tome III. page 229. « Que pensez-vous, dit Phœdrus à Socrate, de l’enlevement de l’Orithye par Borée ? l’histoire qu’on nous en débite est-elle vraie ? Quand je la soutiendrai fausse, répond Socrate, je ne ferois rien d’étrange, & dont les savans ne me donnent l’exemple ; ensuite examinant la chose de près, σοφιζόμενος, je dirois qu’Orithye jouant avec Pharmacée sa compagne, fut précipitée par un coup de vent du nord de dessus ces rochers prochains, & que pour cacher sa mort & en adoucir les regrets, on publia que le dieu Borée amoureux d’elle l’avoit enlevée ».

Mais, malgré tous ces témoignages, je sais aussi que dans l’antiquité Borée a été regardé comme un prince de Thrace, & que les allégories qu’on a forgées ne se trouvent fondées que sur ce que le vent du nord souffloit dans la Grece en passant par la Thrace où régnoit Borée.

Quoi qu’il en soit, les Peintres & les Sculpteurs se sont plûs à représenter l’enlevement d’Orithye par le vent Borée. Tel est le beau groupe de la main d’Anselme Flamen, qu’on voit au jardin des Tuileries. (D. J.)

ORITORIENNE, pierre, lapis oritorius, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à une espece de pierre d’aigle ou d’étite, brune & lisse à la surface, qui est composée de petites couches minces & cassantes, & qui renferme un noyau d’une marne grisâtre. (—)

ORIX, s. m. (Gramm. & Hist. nat.) animal cruel & farouche ; fabuleux vraissemblablement. Appian qui n’en avoit point vû, l’a décrit. Aristote qui n’en avoit pas vû davantage, lui place une corne au milieu du front. Pline lui rebrousse le poil de la queue à la tête. Albert le grand lui met de la barbe au menton. Appian le rend supérieur aux tigres & aux lions. Belon prétend que c’est la gazelle.

ORIXA, (Géog.) royaume de l’Indoustan, sur le golfe de Bengale, à l’extrémité septentrionale de la côte de Coromandel, entre le Bengale & le royaume de Golconde. Il est borné au nord par la riviere de Ganga, qui le sépare des terres du Raia-Rotas, depuis les 98d. 20′. de longit. jusqu’à 102d. 20′.

Cet état peut avoir environ 29 lieues de côtes qui courent du sud-ouest au nord-est. En allant du

nord-est au sud-ouest, on y trouve Batam pour ville, Ganjam autre ville, où les Anglois ont un comptoir, & quelques bourgades ; mais la ville d’Orixa, que Mrs Sanson, Baudrand & autres mettent dans ce royaume comme sa capitale, est une ville chimérique. (D. J.)

ORLE, (Architect.) mot dérivé de l’italien orlo, ourlet ; c’est un filet sous l’ove d’un chapiteau : lorsqu’il est dans le bas ou dans le haut du fût d’une colonne, on l’appelle aussi ceinture. (D. J.)

Orle, (Marine.) ourlet autour des voiles.

Orle, s. m. terme de Blason, ce mot se dit d’un filet qui est vers le bord de l’écu. Il est de moitié plus étroit que la bordure qui contient la sixieme partie de l’écu, & celui-ci la douzieme seulement ; l’orle est éloigné du bord de l’écu à pareille distance que sa largeur contient. On en met quelque fois un, deux ou trois ; & quand il y en a trois & plus, ils occupent tout l’écu. L’orle a le même trait que l’écu. En général l’orle est une espece de ceinture qui ne touche point les bords. Les latins l’ont appellé orula.

ORLEANOIS, (Géog.) il ne faut pas confondre le gouvernement d’Orléanois avec l’Orléanois propre. Le gouvernement contient outre l’Orléanois la Sologne, la Beauce, le Dunois, le Vendomois, le Blaisois, la plus grande partie du Gâtinois, & le Perche-Gouet. Tout l’Orléanois est du ressort du parlement de Paris. L’Orléanois propre est une province de France, bornée au N. par la haute Beauce, E. par le Gâtinois, S. par la Sologne, O. par le Dunois & le Vendomois. La Loire le divise en haut en bas Orléanois. Le haut est au N. & le bas est au S. de cette riviere. Orléans en est la capitale. La forêt qui est au nord de la ville, est une des plus grandes du royaume ; elle passe pour contenir 94 mille arpens en bois plein, mais elle renferme des plaines fort étendues & des villages, de sorte qu’on lui donne 15 lieues de longueur. Sa largeur est différente, ici d’une ou de deux lieues, & dans quelques endroits de cinq à six lieues. Le prix des ventes de cette forêt qui peut monter chaque année à 80 mille livres, est de l’apanage du duc d’Orléans. (D. J.)

ORLÉANS, (Géog.) ancienne ville de France, capitale de l’Orléanois, avec titre de duché, possédé par le premier prince du sang, & un évêché suffragant de Paris. Il s’y fait un grand commerce en vins, blés & eaux-de-vie, commerce qui est occasionné par la situation avantageuse de cette ville sur la Loire, à 13 lieues de Blois, 30 N. E. de Tours, 27 S. O. de Paris. Long. 19d. 25′. 45″. lat. 47d. 54′. suivant Cassini.

On croit qu’Orléans fut erigée en cité par Aurélien, & en reçut le nom de Aureliana civitas, ou Aurelianum, en sous-entendant oppidum ; elle devint alors indépendante des peuples chartrains, & fut l’une des plus considérables des Gaules. Elle tomba au pouvoir des François après que Clovis eut vaincu Siagrius, & eut détruit le reste de l’empire romain dans les Gaules. Il s’est tenu à Orléans plusieurs conciles & synodes. On compte onze conciles & quatre synodes d’Orléans. Son école de droit civil & canonique est fort ancienne ; & le pape Clément V. lui accorda, en 1305, divers privileges, que Philippe le Bel confirma en 1312.

Son évêché est un des plus illustres de France. Ses évêques furent attribués sous l’empereur Honorius à la quatrieme lyonnoise & à la métropole de Sens, dont Orléans n’a été détaché que l’an 1623, lorsque Paris fut érigé en archevêché, auquel on donna pour suffragant les évêques d’Orléans, de Chartres, & de Meaux. Celui d’Orléans prétend avoir le droit, le jour de son entrée dans l’église d’Orléans, d’absoudre un certain nombre de criminels qui sont dans les