Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/675

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une bande de deux ou trois lignes de largeur & de couleur de pourpre ; enfin on en voit aussi qui sont verdâtres, & qui ont des taches brunes éparses.

Les orties errantes ont l’une des faces convexe, & l’autre concave à-peu-près comme un champignon. On distingue sur la surface convexe une infinité de grains ou de petits mamelons qui sont de la même couleur que le reste de l’ortie, & on voit sur l’autre surface des parties organisées. Il y a un peu au-delà de son bord, qui est mince & découpé, des cercles concentriques, qui ne regnent cependant pas tout-au-tour de la circonférence. Les plus près du centre sont divisés en seize arcs, & les extérieurs seulement en huit. Ces séparations sont des especes de canaux, ou reservoirs toujours pleins d’eau. M. de Reaumur a fait bouillir dans de l’eau une gelée de mer dont la base avoit plus de deux piés de diametre ; elle a conservé sa figure, mais son diametre n’étoit plus que d’un demi-pié ; sa substance étoit devenue plus solide.

Les gelées de mer jettées par les vagues sur la côte, n’ont plus de mouvement : les chocs qu’elles éprouvent contre les pierres & le sable suffisent sans doute pour leur ôter la vie ; alors elles vont au fond de l’eau. Celles qui sont vivantes se soutiennent sur l’eau par un espece de mouvement de contraction & de dilatation de leur corps. Elles battent l’eau de tems en tems par le moyen de ces deux mouvemens répétés alternativement, qui suffit pour les empêcher d’aller au fond de l’eau. Mém. de l’acad. royale des Sciences, année 1710. par M. de Réaumur.

Ortif toile d’, (Comm.) on appelle toile d’ortie, la toile qui est faite de la filasse qui se tire de cette plante : elle est un peu grisâtre, & l’on s’en sert le plus souvent en écru.

ORTIVE, adject. f. (terme d’Astronomie.) l’amplitude ortive ou orientale d’une étoile, est l’arc de l’horison compris entre le point où cette étoile se leve, & le point est de l’horison, c’est-à-dire, le point où l’horison coupe l’équateur. Voyez Amplitude & Horison. (O)

ORNTAU, (Géog.) pays d’Allemagne dans la Suabe, le long du Rhin qui le sépare de l’Alsace. Il est borné S. par le Brisgaw ; N. par le margraviat de Bade ; E. par le duché de Wurtemberg : il contient trois villes impériales ; Offenbourg, Gegenbach & Zell. Il appartient en partie à la maison d’Autriche, en partie à l’évêque de Spire, & en partie au comte de Hanau.

ORTOLAN, ortolanus s. m. (Hist. nat. Ornithol.) oiseau qui ressemble beaucoup à la bergeronnette. Le bec est court & rougeâtre dans les mâles ; la gorge & la poitrine sont cendrées ; tout le reste de la face inférieure de l’oiseau jusqu’à la queue est roux. Les mâles ont la poitrine un peu roussâtre ; le croupion a une couleur rousse foncée : il y a une tache jaune sur le bec. La tête est d’une couleur cendrée verdâtre. Les plumes du dos ont le milieu noir, & les bords extérieurs roussâtres ou d’un cendré verdâtre.

L’ortolan differe du moineau à collier, en ce qu’il est plus roux, & en ce qu’il a une tache jaune sur la gorge. Il ne reste pas, comme le moineau à collier, dans les endroits plantés de jonc, & il n’a pas de collier. Raii, Synops. meth. avium. Voyez Oiseau. (I)

Ortolan, (Diete & Cuis.) on ne mange ordinairement cet oiseau qu’après l’avoir engraissé dans des volieres. Lorsqu’il y a été nourri un certain tems, il ne paroît plus qu’un petit peloton de graisse. On le met rôti, ou après l’avoir fait tremper pendant une ou deux minutes, dans du bouillon ou du jus bouillant ; car il est si délicat, que cette courte application d’une chaleur légere suffit pour le cuire parfaitement. On pourroit aussi facilement l’enfermer dans des coques d’œufs de poule bien réunies, le cuire dans l’eau ou sous la cendre, & répéter à peu de

frais, une des magnificences de Trimalcion, qui est un jeu de festin assez plaisant. On l’assaisonne avec le sel, le poivre & le jus de citron : malgré ce correctif, il est peu de personnes qui puissent en manger une certaine quantité sans les trouver fastidieux : mais si on n’en mange que deux ou trois, on les digere communément assez bien, c’est-à-dire pourtant les estomacs accoutumés aux viandes délicates ; car l’ortolan est éminemment & exclusivement consacré aux sujets de cet ordre. Les manœuvres & les paysans ne sauroient s’en accommoder. V. Graisse, Diete.

On doit ranger avec l’ortolan dans le même ordre des sujets diétetiques, plusieurs autres petits oiseaux très-gras, que nous avons coutume de manger ; tels que le bequefigue, le rouge-gorge, les meuriers de Gascogne, la fauvette & le rossignol, qui sont très-gras en automne, le guignard de Beauce, &c. (b)

ORTONE, (Géog. anc.) Ὀρτῶν, ville du Latium, située au-delà de l’Algidum, fort près de Corbion, aux environs de Préneste & de Labicum. C’est aujourd’hui Ortone-sur-mer, qui a été érigé en évêché en 1570. par le pape Pie V.

ORTUGUE, s. f. (Comm.) monnoie de Danemarck, de la valeur de deux oboles.

ORTYGIE, (Géog. anc.) petite île sur la côte orientale de Sicile, jointe à Syracuse par un pont, & à l’ambouchure de l’Alphée. La fontaine d’Aréthuse l’arrosoit. Virgile nous apprend toutes ces choses :

Sicanio prætenta sinu jacet insula contra
Plemmyrium undosum, nomen dixere priores
Ortygiam. Alpheum fama est huc, Elidis amnem,
Occultas egisse vias subter mare qui nunc
Ore, Arethusa, tuo siculis confunditur undis.
Numina magna loci jussi veneramur.

Æneid. l. III. v. 692.

« Vis-à-vis des rochers de Plemmyre est une île que les premiers habitans de la Sicile ont nommé Ortygie. On dit que le fleuve Alphée, qui arrose les champs d’Elide, amoureux de vous, ô fontaine d’Aréthuse, se fraie une route secrete sous la mer, & se rend dans l’Ortygie pour y mêler ses eaux avec les vôtres. Lorsque nous fumes près de cette île, nous adressâmes des vœux aux divinités qu’on y revere ».

Cette île d’Ortygie se nomme aujourd’hui l’île de san Marciano, qui est devant le port de Siragusa.

On sait que l’île de Délos est quelquefois appellée Ortygie, à cause de l’abondance des cailles qu’elle nourrissoit. (D. J.)

ORVALA, (Botan.) nom donné par Linnæus à un genre de plante, que Micheli appelle papia. En voici les caracteres. Le calice particulier de la fleur est en forme d’entonnoir évasé au sommet, tortu & partagé en cinq segmens, dont les deux inférieurs sont plus courts que les autres. La fleur est monopétale, & n’est pas du genre des labiées. Le tuyau est de la longueur du calice ; il est droit, long & séparé en quatre parties. Les étamines sont quatre filets de la longueur de la fleur. Les bossettes des étamines sont au nombre de deux. Le germe du pistil est divisé en quatre ; le stile est simple, & de la même longueur que les étamines ; le stygma est fendu en deux, & pointu. Les grains sont au nombre de quatre, & d’une forme ovale, coupée en maniere de rein. Linnæi gen. plant. p. 278.

ORVALE, (Botan.) c’est la principale espece du genre des sclarées de Tournefort, & c’est celle qu’il désigne sous le nom de sclorea pratensis, flore cæruleo. Sa racine est unique, ligneuse, garnie de plusieurs fibres papillaires, brune, d’une saveur qui n’est pas désagréable & qui échauffe le palais & la gorge. Sa tige est haute de deux coudées, de la grosseur du petit doigt, quadrangulaire, velue, noueuse, par-