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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/679

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OSCHOPHORIE, s. f. (Antiquit. grecques.) fêtes en l’honneur de Bacchus & de Minerve. Cette fête qu’on peut nommer fête des rameaux, avoit été instituée par Thésée ; aussi dans la procession il se trouvoit toujours deux jeunes garçons habillés en fille, pour représenter ceux que ce héros conduisit à Candie dans ce déguisement.

Cette fête s’appelloit oschophorie, oschophoria, du mot grec osche, qui signifie proprement une branche de vigne chargée de raisins mûrs, parce que tous ceux qui assistoient à la procession y portoient de semblables branches.

On choisissoit au sort un certain nombre de jeunes garçons des plus nobles familles de chaque tribu, qui avoient tous leur pere & leur mere vivans. Ils tenoient à la main des branches de vigne, & couroient à l’envi depuis le temple de Bacchus jusqu’au temple de Minerve Scirade, qui étoit au port de Phalèse. Ils étoient suivis d’un chœur, conduits par deux jeunes hommes habillés en filles, & qui chantoient les louanges de ces jeunes garçons. De vraies femmes les accompagnoient, portant sur leur tête des corbeilles ; & l’on choisissoit pour cet emploi les plus riches de la ville ; toute la troupe étoit précédée par un héraut.

On associoit aux sacrifices d’autres femmes, qu’on appelloit déipnophores, parce qu’elles portoient toutes sortes de provisions de bouche à la troupe des jeunes gens qui avoient été nommés par le sort pour se rendre en course au temple de Minerve. Cette fête se célebroit dans toute l’Attique le quatrieme ou le cinquieme mois des Athéniens, c’est-à-dire en Octobre ou en Novembre, parce qu’alors on vit cesser la stérilité dont l’Attique avoit été affligée.

Le refrein des hymnes qu’on chantoit à diverses reprises dans cette fête, étoit ces deux mots εἶα, αἶ, pour faire comprendre aux Grecs ce dont toutes les nations devroient être convaincues par expérience, que par la prospérité & l’adversité se suivent, & par conséquent qu’il faut se défier de la premiere, & ne pas désesperer avec la seconde. (D. J.)

OSCILLATION, s. f. terme de Méchanique, qui signifie la même chose que vibration ; c’est-à-dire le mouvement d’un pendule en descendant & en montant, ou, si on peut parler ainsi, sa descente & sa remontée consécutives & prises ensemble.

Axe d’oscillation est une ligne droite parallele à l’horison, qui passe, ou qui est supposée passer par le centre ou point fixe autour duquel le pendule oscille, & qui est perpendiculaire au plan où se fait l’oscillation. Voyez Axe.

Si on suspend un pendule simple entre deux demi-cycloïdes, dont les cercles générateurs aient leur diametre égal à la moitié de la longueur du fil, toutes les oscillations de ce pendule, grandes & petites, seront isocrones, c’est-à-dire, se feront en tems égal. Voyez Cycloïde & Isocrone.

Le tems d’une oscillation entiere dans un arc de cyloïde quelconque est au tems de la descente perpendiculaire par le diamétre du cercle générateur, comme la circonférence du cercle est au diamétre.

Si deux pendules décrivent des arcs semblables, les tems de leurs oscillations seront en raison soudoublée de leurs longueurs.

Les nombres d’oscillations isocrones, faites par deux pendules dans le même tems sont entr’eux en raison inverse du tems que durent les oscillations prises séparément.

On trouve plus au long dans l’article Pendule les lois du mouvement & des oscillations du pendule simple, c’est-à-dire, du pendule composé d’un seul poids A fort petit, & qu’on regarde comme un point, & d’une verge ou fil CA (fig. 36. Méchan.)

dont on considere la pesanteur ou la masse comme nulle. Il est beaucoup plus difficile de déterminer les lois d’un pendule composé, c’est-à-dire, les oscillations d’une verge BA (fig. 22.), que l’on regarde comme sans pesanteur & sans masse, & qui est chargée de plusieurs poids D, F, H, B ; il est certain que cette verge ne fait pas ses oscillations de la même maniere que s’il n’y avoit qu’un seul poids ; par exemple B, car supposons qu’il n’y ait en effet qu’un poids B, ce poids tendra à décrire la petite ligne BN au premier instant : or, s’il y avoit d’autres poids en H, F, D, ces poids tendroient à décrire dans le même instant les lignes HM, FL, DK, égales à BN, de sorte que la portion DB de la verge devroit se trouver en KN ; & par conséquent la portion AD se trouveroit dans la situation AK ; or cela ne se pourroit faire sans que la verge ADB se brisât en D ; & comme on la suppose inflexible, il est donc impossible que les poids B, H, F, D, décrivent les lignes BN, HM, FL, DK, &c. mais il faut que ces poids décrivent des lignes BC, HI, FG, DE, qui soient telles que la verge ADB conserve toujours sans se plier la forme d’une droite AEC. Or on peut imaginer un pendule simple d’une certaine longueur, qui fasse ses oscillations dans le tems que le pendule composé ADB fait les siennes. Ainsi la difficulté se réduit à trouver la longueur de ce pendule simple, & trouver la longueur de ce pendule simple, est la même chose que ce que les Géometres appellent trouver le centre d’oscillation.

Le célebre M. Huyghens est le premier qui ait résolu ce problême dans son excellent ouvrage de horologio oscillatorio. Mais la méthode dont il s’est servi pour le résoudre, quoique bonne & exacte, étoit susceptible de quelques difficultés.

Toute la doctrine de ce grand géometre sur le centre d’oscillation est fondée sur l’hypothèse suivante ; que le centre de gravité commun de plusieurs corps doit remonter à la même hauteur d’où il est tombé, soit que ces corps soient unis, ou separés l’un de l’autre en remontant, pourvu qu’ils commencent à remonter chacun avec la vîtesse acquise par sa chûte. Voyez Centre de gravité.

Cette hypothèse a été combattue par quelques auteurs, & regardée par d’autres comme fort douteuse. Ceux même qui convenoient de la vérité ne pouvoient s’empêcher de reconnoître qu’elle étoit trop hardie pour être admise sans preuve dans une science où l’on démontre tout.

Ce même principe a été démontré depuis par plusieurs géometres, & il n’est autre chose que le fameux principe connu autrement sous le nom de conservation des forces vives, dont les Géometres se sont servis depuis avec tant de succès dans la solution des problêmes de dynamique. Voyez Dynamique & Forces vives.

Cependant, comme le principe de M. Huyghens avoit paru incertain & indirect à plusieurs géometres ; ces considérations engagerent M. Jacques Bernoully, professeur de Mathématique à Bâle, mort en 1705, à chercher une solution du problème dont il s’agit. Il en trouva une assez simple, tirée de la nature du levier, & la fit paroître dans les mémoires de l’Acad. des Sciences de Paris, année 1703. Après sa mort, son frere Jean Bernoully fit imprimer dans les mémoires de la même académie, année 1714, une autre solution du même problème, encore plus facile & plus simple. Nous ne devons point oublier de dire, qu’environ dans le même tems M. Taylor, célebre géometre anglois, trouva une solution à-peu près semblable à celle de M. Bernoully, & la fit paroître dans son livre intitulé methodus incrementorum ; ce qui fut le sujet d’u-