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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/689

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Le changement qui ossifie insensiblement toutes les parties molles, est encore produit par de fréquens & violens exercices, par l’application des astringens, par le desséchement & par la vieillesse. Ce changement est suivi de roideur dans les parties qui étoient auparavant mobiles, & les effets qui en résultent, varient autant que les parties elles-mêmes sujettes à ces accidens. Il est totalement impossible de changer l’état d’une partie ossifiée ; mais quelquefois à la faveur des fomentations laxatives, mucilagineuses, humectantes, onctueuses, tiédes, jointes à une douce friction de la partie, on vient à bout de lui procurer un certain degré de flexibilité.

Ce degré de flexibilité est très-peu de chose, & ne réussit qu’à l’égard de quelques muscles externes ; car il n’est point de moyen d’empêcher l’ossification des parties solides internes ; ainsi l’a voulu l’auteur de la nature. Tous les observateurs nous parlent d’ossifications, je ne dis pas seulement de membranes & de cartilages, mais de visceres & de vaisseaux. On a trouvé le cerveau, la dure-mere, le conduit auditif, l’œsophage, le cœur, le péricarde, les poumons, les reins, la rate, le foie, le pancréas, l’épiploon, l’artere carotide, l’aorte ossifiés. J’avois rassemblé plus de deux cens observations choisies sur ce sujet ; mon recueil a péri dans un naufrage avec mes autres manuscrits physiologiques. (D. J.)

OSSIFRAGE. Voyez Orfraie.

Ossifrage, pierre (Hist. nat.) lapis ossifragus ; nom donné par quelques auteurs à la substance nommée plus communément ostéocolle. Voyez cet article.

OSSIFRAGNE. Voyez Orfraie.

OSSIGI, (Géog. anc.) ancienne ville d’Espagne dans la Betique. La contrée qui renfermoit cette ville est nommée dans Pline, liv. III. ch. j. Ossigitania ; on oroit qu’Ossigi est présentement Mégibar, au royaume de Jaen, entre Anduxar & Lixaarez. (D. J.)

OSSILAGO, s. f. (Myth.) déesse qui donnoit aux os des enfans de la force & de la vigueur.

OSSILEGIUM, (Littér.) ce mot latin signifioit proprement les os calcinés que le feu n’avoit point entierement consumé, & que l’on tiroit des cendres du bucher ; ensuite on les enfermoit dans des urnes. Ce pieux devoir de tirer du bucher les os du defunt, étoit rendu par les parens, qui éteignoient le reste du feu avec du vin ; & les petites urnes dans lesquelles on mettoit les os calcinés, se nommoient ossuaria. (D. J.)

OSTEOCOPE, s. m. (Médec.) se dit de certaines douleurs aiguës dans lesquelles il semble à ceux qui en sont attaqués qu’on leur brise les os.

Ce mot vient du grec ὀστέον, os, & de κόπτειν, couper, rompre, briser.

Elle vient d’une humeur acre qui picote la membrane dont les os sont revêtus. Ceux que l’ostéocope affecte le plus ordinairement sont les scorbutiques & les vérolés.

OSSONOBA, (Géog. anc.) ancienne ville d’Espagne dans la Lusitanie. Ptolomée la nomme Ossonaba, & la met au pays des Turditains. Rodericus Carus croit que c’est présentement Estonbar ; Colmenar pense que c’est le petit village nommé Estoi, & que la ville de Faro s’est formée des ruines d’Ossonaba ; ce dernier paroît avoir raison. (D. J.)

OSSU, UE, adj. qui a de gros os. Cet homme est ossu.

OSSUNA ou OSSONA, (Géog.) les François disent Ossune ou Ossone ; petite ville d’Espagne dans l’Andalousie avec titre de duché. Elle est à 6 lieues de Hardalès, 5 d’Exija. Longit. 12. 30. lat. 37. 8. (D. J.)

OST, s. m. (Lang. franç.) Ce terme est fort

commun dans nos anciens auteurs françois. Villehardouin, pag. 102. « Et ils respondirent que il nel poient faire par le commun de l’ost non, & cil en parleroient à cils de l’ost ». Nos anciennes coutumes se servent de ce terme ; elles font mention du service de l’ost, que le vassal doit en armes & chevaux, selon la condition de son fief, dit Raqueau. On ne peut pas douter que nos peres n’aient fait ost du latin hostis, dont les auteurs de la basse latinité se sont servi pour exprimer une armée. Ainsi on lit dans Grégoire de Tours, lib. II. Quo consitio accepto, hostem patriæ redire jubet ad propria. Et dans le ch. xxxvij. du même livre, sed quoniam pars hostium per territorium Turonicum transibat.

OSTABARÈS, (Géog.) petite contrée de France dans la basse-Navarre, & qui n’a aucune ville. Ce n’est en effet qu’une vallée où le Bidouze, ruisseau, prend sa source. Le bourg d’Ostabac qui est sur la route de S. Jean-pié-de-port, donne le nom d’Ostabarès à ce petit pays. (D. J.)

OSTADE, s. f. (Commerce.) espece d’étoffe ancienne & grossiere. Henri Erienne parle de manches de deux paroisses, moitié ostade, moitié velours ; velours d’un pourpoint de trois paroisses, le corps de demi ostade, le bout des manches de cuir, le bas de velours.

OSTAGE. Voyez Otage.

OSTAGER, s. m. (Jurisprudence.) est le débiteur forain qui est arrêté prisonnier pour sureté de ce qu’il doit, on l’appelle ostager parce qu’il est retenu par forme d’ostage. Voyez le glossaire de Lauriere, au mot ostager. (A)

OSTALRIC, (Géog.) petite ville d’Espagne dans la Catalogne sur la riviere de Tordera, à 5 lieues de Girone, 8 de Barcelone, & à 4 de la mer. Long. 20. 20. lat. 41. 44. (D. J.)

OSTARDE. Voyez Outarde.

OSTEITE ou OSTEOLITE, (Hist. nat.) Voyez Osteocolle.

OSTENDE ou OOSTENDE, (Géog.) forte & considérable ville maritime des Pays bas dans la Flandre autrichienne, au quartier de Bruges, avec un bon port. Elle est sur la mer, à 4 lieues de Bruges, 3 de Nieuport, 6 de Dunkeique, & 3 de Bruxelles. Long. selon Cassini, 20. 21′. 33″. lat. 51. 10′. 36″.

Ostende n’étoit qu’un petit village en 814. Il devint bourg en 1072. Des pêcheurs l’entourerent d’une pallissade en 1372. Philippe le Bon l’environna de murailles en 1445. Enfin Ostende fut régulierement fortifiée en 1583 par le prince d’Orange, lorsqu’il étoit maître de Gand & de Bruges. Les Etats-Généraux l’ont cédée à l’empereur par le traité de Barriere conclu en 1715.

Entre les événemens qui regardent cette ville, il n’en est point de plus fameux que son siége par les Espagnols. Il leur en couta plus de 80 mille hommes, & les assiégés, dont la garnison fut renouvellée plusieurs fois, perdirent au-delà de 50 mille hommes. Le siege dura plus de trois ans ; car il commença le 5 Juillet 1601, & Ambroise Spinola prit la place le 14 Septembre 1604. Tout le monde ne sait pas les beaux vers que Grotius composa sur cette malheureuse ville avant la capitulation ; les voici.

Area parva ducum, totus quam respicit orbis,
Celsior una malis, & quam damnare ruinæ,
Nunc quoque fata timent ; alieno in littore resto.
Tertius annus abit : toties mutavimus hostem,
Sævit hyems pelago, morbisque furentibus æstas :
Et minimum est quod fecit iber. Crudelior armis,
In nos orta lues : nullum est sine funere funus :
Nec perimit mors una semel. Fortuna, quid hæres ?
Quâ mercede tenes mistos in sanguine manes ?