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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/778

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croyance en vuidant quelques muids de vin par des canaux cachés. (D. J.)

PALERME, (Géogr. mod.) en latin Panormus ; ville détruite de la Sicile, dans le val de Mazzara, avec un archevêché & un petit port. Palerme avant sa destruction par un tremblement de terre, disputoit à Atessine le rang de capitale.

Elle étoit sur la côte septentrionale de l’île, au fond du golfe de même nom, dans une belle plaine, à 44 lieues O. de Messine, 68 S. O. de Naples, 96 S. de Rome. Long. 31. 15. lat. 38. 10.

Cette ville s’est glorifiée d’avoir produit sainte Agathe, saint Agathon, religieux bénédictin, élu pape le 11 Avril 679. Giberti (Jean-Matthieu), évêque de Vérone, mort le 30 Décembre 1543. Ce dernier prélat aimoit les lettres, & avoit chez lui une imprimerie, d’où sortit en 1529, une belle édition greque des homélies de saint Jean Chrisostôme sur les épitres de saint Paul. Antoine dit Palerme, vendit sa maison pour un manuscrit de Tite-Live. Je supprime les noms d’une foule de jésuites & autres moines nés à Palerme, & qui pendant deux siecles ont inondé l’Europe d’ouvrages aujourd’hui ignorés, sur le droit canon, la théologie scholastique, & autres sujets semblables.

Mais Palerme a été la patrie de quelques vrais savans, cités dans la bibliotheca sicula de Mongitore. Je me contenterai de remarquer que quoique l’un d’eux, j’entends Ingrassia (Jean-Philippe), célebre médecin du xvj. siecle, se dise de Palerme dans un endroit de ses ouvrages, c’est apparemment parce qu’on lui avoit donné la bourgeoisie dans cette ville ; car il naquit réellement en 1510 à Rochalbuto, bourgade de la vallée de Demona.

Il a découvert en Anatomie l’étrier, stapedem, petit os de l’oreille, & a décrit la structure de l’os cribreux beaucoup mieux qu’on ne l’avoit fait avant lui. Il s’est encore acquis une haute réputation en Anatomie & en Médecine par divers ouvrages, entr’autres par son commentarium in Galeni librum de ossibus, qui vit le jour après sa mort, Panormi, 1603, & Venetiis, 1604, in-fol.

Il a aussi publié pendant sa vie un livre de tumoribus præter naturam, tom. I. Neapoli 1553, in-fol. Il promettoit dans ce volume six autres tomes sur cette matiere, mais qui n’ont pas vu le jour. Galien n’a distingué que soixante-une especes de tumeurs, & Ingrassia a presque triplé ce nombre. Il seroit trop long de citer tous les autres ouvrages de ce savant médecin, car il a prodigieusement écrit.

En 1563, Philippe II. roi d’Espagne, le nomma premier médecin de la Sicile & des îles adjacentes, poste qu’il remplit avec honneur : il donna de grandes preuves de son habileté & de son zele pour le bien public en l’année 1575, qu’une furieuse peste affligea la ville de Palerme, & une grande partie de la Sicile. Le sénat de Palerme, pour lui marquer sa reconnoissance, lui assigna 250 ducats aurea par mois ; mais il n’accepta qu’une modique somme pour embellir une chapelle du couvent des dominicains. Il cultivoit les belles-lettres & la poésie dans ses momens de loisir, & mourut fort regretté en 1580, âgé de 70 ans.

On peut consulter sur Palerme, l’ouvrage de Inveges (Augustino), intitulé Palermo antiquo, sacro & nobile, in Palermo 1649, 1650 & 1651, 3. vol. in-fol. complet. (D. J.)

PALERNODE, s. f. sorte de vers ecclésiastiques, où plusieurs nombres se rejettent au corps principal ; definition qui n’est pas claire.

PALERON, s. m. (terme de Chaircutier.) c’est la partie du porc qui est jointe au jambon de devant.

PALÉS, s. f. (Mythol.) divinité des bergers, qui avoit les troupeaux sous sa garde & sous sa protec-

tion ; aussi les villageois célébroient à la campagne

en son honneur une grande fête qu’on nommoit palilies. Voyez Palilies.

PALESTE, s. f. (Mesure anc.) παλαιστὴ, mesure greque, que les Latins, au rapport de saint Jerôme, nommoient palmus. Pollux nous apprend que la paleste étoit composée des quatre doigts de la main joints ensemble, & qu’en y ajoutant le pouce dans son état naturel, on avoit la spitame, autre mesure que saint Jerôme nomme en latin palma ; en deux mots, la paleste équivaloit à quatre travers de doigts, & c’étoit la même mesure de longueur que le dochme ou le doron. Voyez Mesures des Grecs. (D. J.)

PALESTÉS, (Mythol.) surnom donné à Jupiter, parce qu’Hercule s’étant présenté au combat de la lutte, & n’ayant trouvé personne qui osât se mesurer avec lui, pria son pere de lutter contre lui ; & le dieu eut la complaisance d’accepter le combat, & de se laisser vaincre pour accroître la gloire de son fils.

PALESTINE, (Géogr. mod.) la Palestine, ou la Terre-sainte, ou le pays de Chanaan, est un pays d’Asie, aujourd’hui soumis à la Porte Ottomane ; il est sec, désert, entierement dépeuplé, & d’ailleurs couvert par-tout de rochers arides : sans doute qu’il étoit aussi cultivé qu’il peut l’être, quand les Juifs le possédoient. Ils avoient des palmiers, des oliviers, des ruches de miel ; ils avoient porté de la terre sur les rochers pour y planter des vignes, qui donnoient du bon vin ; cette terre liée avec des éclats de rocher, étoit soutenue par de petits murs. Cependant malgré tous les efforts des anciens Juifs, la Palestine n’eut jamais de quoi nourrir ses habitans ; de-là vint qu’ils se répandoient par-tout ; & alors, comme de nos jours, ils alloient faire le métier de courtiers en Asie & en Afrique ; à peine Alexandrie fut bâtie, qu’ils y étoient établis. Il y en avoit huit mille à Rome du tems d’Auguste.

L’état actuel de la Palestine est plus misérable que jamais : on n’y voit que des petites bourgades, villages dépeuplés, & quelques vieux châteaux délabrés. Le plat-pays est la proie des Arabes, qui le courent de toutes parts ; & comme il n’est cultivé & semé qu’en peu de lieux, ils attaquent le voyageur & les étrangers pour en tirer quelque chose. Les garnisons turques sont trop foibles & trop écartées les unes des autres pour réprimer ces brigandages.

Le peu de chrétiens qui se trouvent en Palestine, sont ramassés dans les vallées du Liban, sous leurs evêques maronites. Ils dépendent pour le temporel d’un seigneur arabe, qui se dit emir de Tripoli, & qui est tributaire du Turc. L’anti-Liban est habité par les Druses, gens qui ont une religion différente des Chrétiens, des Turcs, & de tous les autres peuples de la terre.

Toute la Palestine peut avoir 7 lieues d’étendue du midi au nord, sous les trois degrés paralleles 31. 32. & 33. Sa largeur peut être de 30 lieues.

Les pélerins la divisent en trois provinces ; la Judée, la Samarie & la Galilée, gouvernées chacune par un émir, sous le bon plaisir du grand-seigneur, qui, outre cet émir, y entretient deux sangiacs subordonnés au bacha de Damas.

Ces trois émirs sont l’émir de Seide, l’émir de Caesair & l’émir de Gaza ; les deux sangiacs prennent les noms de leur résidence, Jérusalem & Naplouse. Au-delà du Jourdain est ce qu’on appelle le royaume des Arabes ; ce royaume consiste en des déserts immenses, dont le roi est un souverain indépendant, qui ne reconnoît point l’autorité de la Porte.

Suivant le pere Nau, la Palestine comprend aujourd’hui le pays de Gaza, le pays d’Elkahill, ou d’Hébron, le pays d’Elkolds, ou de Jérusalem, le