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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/103

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liquides, pesans, légers, &c. Voyez Elément & Cohésion.

Les particules les plus petites ou les corpuscules s’unissent, suivant les Newtoniens, par l’attraction la plus forte, & composent des particules plus grosses dont l’union est plus foible, & plusieurs de ces parties réunies ensemble forment des particules encore plus grosses dont l’union est toujours plus foible ; & ainsi par différens degrés jusqu’à ce que la progression finisse par les particules les plus grosses, desquelles dépendent les opérations chimiques & les couleurs des corps naturels, & qui, en s’unissant, composent les corps des masses sensibles. Voyez Matiere, Couleur, Attraction & Cohésion.

Les Epicuriens s’imaginoient que la cohésion de ces particules de matiere se faisoit par le moyen des atomes accrochés, les Péripatéticiens au contraire par le simple repos de ces parties les unes auprès des autres ; c’est aussi le sentiment des Cartésiens. Voyez Dureté. Chambers.

PARTICULIER, adj. (Gramm. & Logique.) qui concerne l’espece ou l’individu ; l’on dit le système de l’individu ne doit pas être préféré à celui de l’espece, & particulier s’oppose à général. Il est doux, après avoir vécu dans le tumulte des affaires, de retourner à la vie particuliere ; & particulier s’oppose à public. L’Eglise admet un jugement particulier ; & particulier s’oppose à universel. Un particulier de cet endroit a fait une belle action ; & l’idée de particulier est relative à celle de collection. C’est un homme particuliers ; & il est synonyme à bisarre, & s’oppose à ordinaire & commun. Dans cette maison chacun a sa chambre particuliere, & il s’oppose a commune. Les assemblées particulieres sont illicites, & il est correlatif de publiques. Il faut connoître les circonstances particulieres d’une affaire pour en décider, & il s’oppose à ordinaires & communes. L’aimant a une vertu particuliere, ou qui lui est propre. Quand il se dit d’une liaison, il en marque l’intimité ; d’un officier, il en marque la subordination ; d’un événement, il en marque la rareté ; d’un goût, il en marque la vivacité, &c.

Particulier, (Jurisprud.) se dit de ce qui ne touchant qu’une personne ou une chose est opposée à universel ou général ; par exemple, l’héritier particulier n’a pas un droit si étendu que l’héritier universel ; il en est de même du legs particulier opposé au legs universel. Une substitution universelle ou générale est opposée à une substitution particuliere, qui ne porte que sur certaines choses ou sur certaines personnes, le lieutenant général d’une jurisdiction a la prééminence sur le lieutenant particulier. (A)

PARTIE, s. f. (Métaphysique.) c’est une quantité qui, prise d’un tout, lui est inférieure, & combinée avec ce dont elle a été prise, redevient égale au tout. On reconnoît pour axiomes les propositions, qui affirment que le tout est plus grand que sa partie, que toutes les parties réunies sont égales au tout, & qu’enfin le tout & ses parties prises ensemble peuvent être substitués réciproquement l’un à l’autre.

On distingue entre partie aliquote & partie aliquante. Partie aliquote, c’est celle qui étant répétée un certain nombre de fois, fait une somme précisément égale au tout. Partie aliquante, c’est celle dont la répétition ne produit jamais qu’une somme inférieure ou supérieure au tout. Trois est partie aliquote de douze, parce que répété quatre fois, il produit exactement ce nombre ; mais trois n’est que partie aliquante de seize, car cinq fois trois sont quinze ; & six fois trois sont dix-huit, deux nombres, l’un au-dessus, l’autre au-dessous de seize.

Tout nombre moindre est partie d’un plus grand. Ce qui est partie d’une partie, est par-là même partie du tout. Les parties égales de tous égaux, sont égales entr’elles.

Les parties des tous sont actuelles ou simplement possibles. Une partie actuelle, c’est celle qui a ses bornes déja distinctes & déterminés. Une partie possible, c’est celle qu’on peut désigner arbitrairement. Les parties d’une montre, par exemple, ont chacune leur grandeur & leur figure déterminée, qui en font l’actualité ; mais une masse de plomb ou une regle de bois n’ont encore que des parties possibles, & les ouvriers qui les employeront peuvent les former à leur gré. Le continu conçu d’une maniere abstraite n’offre que des parties possibles. Il y a une étendue entre Berlin & Paris : je la conçois d’abord en général comme continue, & alors je ne détermine point combien de lieues séparent ces deux villes. Mais ensuite, en faisant attention aux villes, villages, rivieres, campagnes, montagnes, bois, & autres choses interposées, les parties actuelle, se tracent sous mes yeux, & en les comparant à une mesure commune, j’assigne la distance de ces deux lieux. Dans les contigus au contraire les parties sont toutes faites.

Parties d’oraison, (Gram.) voyez Discours, Langue, Oraison.

Partie, en Anatomie, est un terme général dont on se sert pour nommer chaque partie du corps, & les parties de ces parties. Le foie est une partie organique, dont une partie est située dans l’hypocondre droit, & l’autre dans l’épigastre. Les parties secretes ou naturelles, que le peuple appelle les parties honteuses, sont celles qui servent à la génération.

Parties génitales de l’homme, qui comprennent le pénil & les testicules. Voyez Penil, Testicule, Génération, &c.

Bracton dit que l’amputation de ces parties étoit félonie ou un crime capital, suivant le droit commun, soit que ce fût du consentement du patient ou non. Voyez Eunuque & Castration, comme il paroît par ce passage.

« Henri Hall & A. sa femme ont été arrêtés & enfermés dans la prison d’Evilchester, comme accusés d’avoir coupé les parties génitales de Jean Moine, que ledit Henri a surpris avec sadite femme A. ». Rot. claus. 13. hen. III.

Parties égales, (Pharmacie.) expression dont on se sert dans les prescriptions des remedes composés & qui n’a pas besoin d’être définie : l’égale quantité se détermine toujours par le poids. Cette expression s’abrege dans les formules par les lettres initiales des deux mots P. E. & en latin P. Æ. partes æquales. (b)

Partie de fortune, dans l’Astrologie judiciaire, est l’horoscope lunaire, ou le point dans lequel est la lune dans le tems que le soleil est dans le point ascendant de l’Orient.

Le soleil dans son ascendant est supposé donner la vie, & la lune donne l’humide radical, & est une des causes de la fortune ; dans les horoscopes, la partie de fortune est représentée par un cercle divisé en croix.

Partie, (Jurisprud.) en terme de palais signifie tout plaideur ; l’avocat ou le procureur, en parlant de son client, l’appelle sa partie ; ce qui vient de ce que dans l’ancien style où les plaidoyers étoient relatés, dans les jugemens on disoit ex parte N .... c’est-à-dire de la part d’un tel a été dit, &c.

Partie adverse est celui qui plaide contre un autre, le défendeur est la partie adverse du demandeur, & vice versâ.

Partie civile, en matiere criminelle, c’est celui qui se déclare partie contre celui qu’il accuse d’avoir commis un crime.

On l’appelle partie civile, parce qu’en concluant sur la plainte, il ne peut demander qu’une réparation civile & des intérêts civils ; c’est à la partie publique à prendre des conclusions pour la vengeance & la punition du crime.