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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/301

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nant sur elle-même & qui ferme la porte ; pêne vient de penulus, verrouil.

Le pêne en bord a lieu aux serrures de coffre, il passe le long du bord de la serrure ; lorsque le couvercle du coffre est fermé ; l’aubron entre dans le bord de la serrure, & le pêne dans l’aubron, lorsqu’on tourne la clé.

Le pêne à demi-tour ou à ressort a lieu dans une serrure où il est toujours repoussé par un ressort qui le tient fermé ; il n’y a que l’action de la clé ou la pression d’un bouton qui le tienne ouvert.

Le pêne dormant est celui qui ne va que par le moyen de la clé, & qui reste dans la place où elle l’a conduit.

Le pêne fourchu est le même que le pêne dormant, excepté qu’il a la tête fendue & qu’il forme deux pênes en apparence, en se montrant au bord de la serrure par deux ouvertures.

Le pêne à pignon est celui qui est mû par un pignon, ce pignon peut chasser un grand nombre de pênes à la fois, comme on voit à certains coffres forts.

PENÉE, (Géog. anc.) Peneus, 1o. fleuve de la Thessalie, au travers de laquelle il couloit, selon Strabon, l. IX. Pomponius Mela, l. II. c. iij. dit qu’il séparoit la Thessalie de la Phtiotide ; & Ptolomée, liv. III. ch. vij. veut qu’il séparât la Thessalie de la Pélasgiotide ; mais ces deux géographes entendent seulement parler de la Thessalie propre, que Strabon appelle Thessaliotide.

Ce fleuve avoit sa source dans le mont Pindus ; il couloit d’orient en occident en serpentant, & après s’être accru des eaux de diverses rivieres, il se rendoit dans la vallée de Tempé, pour aller ensuite se jetter dans le golfe Thermaïque, entre le mont Olympe & le mont Ossa.

Le Pénée est célebre chez les Poëtes, cela vient du grand nombre de lauriers qui étoient sur ses bords. On y en voit encore aujourd’hui une belle quantité. Il a perdu son ancien nom ; on l’appelle présentement la Salambria. Elle n’est guere plus grosse que le bras de la Seine qui passe à Paris devant le quai des Augustins ; mais ses eaux sont plus claires, & pour le moins aussi agréables à boire.

2o. Pêneus est encore une riviere du Péloponnèse, dans l’Elide. Elle avoit son embouchure sur la côte occidentale, entre la ville Cyliene & le promontoire Chelonata, selon Strabon, l. VIII. p. 338. Thevet & Niger prétendent que le nom moderne de cette riviere est Igliaco.

3o. Peneus, fleuve de la Sicile.

4o. Strabon, liv. II. pag. 531. dit que ce nom fut donné à l’Araxe, fleuve de l’Arménie, à cause de la ressemblance qu’il avoit avec le Pénée de Thessalie. (D. J.)

PENESTES, s. m. pl. (Hist. grecq.) ce qu’étoient les Ilotes à Lacédémone, les Pénestes l’étoient en Thessalie ; on les traitoit avec la même dureté, & cette barbarie fut aussi cause qu’ils se révolterent très-souvent. L’humanité des Athéniens eut la récompense, leurs esclaves les servirent toujours fort utilement en plus d’une rencontre, comme à la bataille de Marathon, dans la guerre d’Egine & au combat d’Arginuse. (D. J.)

PÉNETRABILITE, s. f. (Gramm.) ce seroit une qualité en conséquence de laquelle un même espace occupé tout entier par un corps, pourroit encore en recevoir un autre. On sent la contradiction de cette hypothèse. Les corps sont perméables à d’autres corps, mais ils sont impénétrables les uns aux autres.

PENETRALE, s. m. (Antiq. rom.) lieu où étoient les statues des dieux domestiques ; il se prend dans Horace pour toute la maison, comme le mot penates.

Ce poëte appelle le palais d’Auguste fausta penctralia, comme le palais d’un dieu. (D. J.)

PÉNETRATION, s. f. (Gramm.) c’est la facilité dans l’esprit, de saisir sans fatigue & avec promptitude les choses les plus difficiles, & de découvrir les rapports les plus déliés & les vérités les plus cachées. Le travail opiniâtre supplée quelquefois à la pénétration ; on a de la pénétration dans un genre, & l’on est obtus dans un autre. La pénétration s’accroît par l’application & par l’exercice, mais elle est naturelle, & on ne l’acquiert point quand on ne l’a pas.

PÉNÉTRER, v. act. (Gramm.) terme relatif à l’action d’un corps qui s’insinue avec peine dans l’intérieur d’un autre. On dit l’humidité pénétre tout ; c’est une forêt toufue au fond de laquelle il est difficile de pénétrer. On ne pénétre point dans ces contrées sans péril ; il est pénétré de cette vérité, il est pénétré de douleur ; il a pénétré dans les ténébres de la Philosophie platonicienne. Il ne faut pas qu’un ministre se laisse facilement pénétrer, d’où l’on voit qu’il se prend au simple & au figuré.

PENGOUIN, Pinguin, Oie de Magellan, Pinguin Batavorum, seu anser Magellanicus Clusii. Wil. Oiseau de la grandeur d’une oie, auquel on a donné le nom de pinguin, parce qu’il est très-gras. La face supérieure de cet oiseau est noire, & l’inférieure a une couleur blanche ; le cou est couvert de plumes noires, qui forment une sorte de collier. Les aîles sont courtes, & ressemblent à des nageoires ; les plumes de la face inférieure ont une couleur noire ; elles sont courtes, étroites, roides, & fort serrées les unes contre les autres : celles de la face supérieure sont blanches, plus courtes & plus roides que celles du dessous de l’aîle ; il y a aussi quelques plumes noires mêlées parmi les plumes blanches. Le bec est plus fort que celui du cormoran, mais cependant moins élevé. Les piés sont noirs, applatis, & semblables pour la forme à ceux de l’oie, mais plus petits : la queue est très-courte. Cet oiseau quitte rarement la haute mer ; il ne vient sur terre que dans le tems de l’incubation ; il se nourrit de poissons, & sa chair n’a pas un goût desagréable. Willughbi, Ornit. Voyez Oiseau.

PÉNIBLE, adj. (Gramm.) qui se fait avec peine. On croit que l’Algebre est une étude pénible. La route que nous avons à faire en ce monde, est courte, mais il y a des hommes pour qui elle aura été bien pénible. La connoissance des langues suppose un exercice de la mémoire long & pénible. Un plaisir qui n’a rien de penible, est communément insipide.

PENICHE, (Géog. mod.) ville forte de Portugal dans l’Estramadure, au nord du Tage, avec un port & une citadelle, à 4 lieues de Lisbonne. Long. 8. 40. latit. 39. 15.

PENICK, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans le cercle de la haute Saxe, au marquisat de Misnie. Elle est sur la Mulde, à 3 lieues E. d’Altenbourg. Long. 30. 40. latit. 50. 54.

PENIDE, ou sucre d’orge, en Pharmacie, c’est une préparation de sucre que l’on compose en la faisant bouillir avec une décoction d’orge, jusqu’à ce qu’elle devienne cassante ou fragile, après quoi on la verse sur un marbre enduit d’huile d’amandes douces, & on la paîtrit avec les mains comme la pâte ; & pendant qu’elle est encore chaude, on la tire en petits bâtons retors comme des cordes. Voyez Sucre.

Les penides sont bons contre les rhumes, pour modérer ou adoucir l’acrimonie des humeurs, provoquer l’expectoration, &c.

M. de Quinci faisoit usage de penide avec un mélange d’empois, le tout mis en boles, au lieu d’une espece de sucre clarifié.

PÉNIE, s. f. (Mythol.) la déesse de la Pauvreté. Platon raconte que les dieux donnant un jour un grand