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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/412

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portent. La monture en est à-peu-près la même que celle des autres perruques. Voyez la mesure dans nos Planches.

Les tournans ici sont tressés comme ceux de la perruque nouée. Pour les corps de rangs longs, il faut qu’ils soient moins garnis sur le derriere que sur le devant ; le 10 & le 9 sont épointés pour être pris dans les cordons qui nouent le boudin ; les autres, à commencer sur le 8, seront garnis, comme le 6 ou 7, sur le derriere d’un bonnet, & sur la face de même. On monte les tournans comme ceux de la perruque nouée, en laissant les passées pour le boudin.

Il faut monter les rangs comme pour un bonnet. Mais au lieu de presser le derriere des rangs, comme à un bonnet, il faut plutôt les écarter, & finir le reste comme dans les bonnets. Le boudin sera de la longueur du 16, un à droite, & l’autre à gauche, se regardant. Voilà à-peu-près ce que l’on en peut dire. Nous finirons les ouvrages à monture pleine par la perruque des ecclésiastiques. Voyez la mesure dans nos Planches.

Cette perruque est sur le 16 ; mais la longueur ordinaire n’est que le 9 ou le 9 , c’est pourquoi nous y avons mis des demi-étages, c’est-à-dire, 1 & , un 2 & un 2 & , ainsi jusqu’à 9. La plaque se fait à-peu-près comme celle d’un bonnet.

Si on y veut une tonsure couverte, ce sont des religieuses qui les font au métier, & on les achete toute faites. Si l’on est dans un pays où l’on n’en trouve point, on peut en faire avec une tresse fine, que l’on coud en tournant ou en croisant, après l’avoir coupée à la hauteur de 3 lignes. Il y en a de quatre grandeurs ; celles de soudiacres, des diacres, des prêtres, des évêques, & même des archevêques. Nous avons encore une tresse que nous nommons tour de tonsure, qui se fait très-fine, à simple tour, & tressée pressée : quand on veut que ces perruques aillent au coup de peigne sans boucle, il faut couper presque toute la frisure.

Nous allons présentement parler de la perruque à bourse, qui est la plus moderne. On l’appelloit d’abord perruque à la régence, parce qu’elle fut inventée sous la régence du duc d’Orleans, il n’y a pas plus de quarante ans. C’est celle qui imite le plus les cheveux ; c’est pour cet ouvrage qu’on a inventé la monture à oreille. Cette monture est faite de la même façon que nous avons les cheveux plantés : je ne sais comment on ne l’a pas imaginée plutôt, car la forme des cheveux l’indique aisément. Nous en allons donner une idée par une mesure ; mais c’est celle qui change le plus souvent. On la fait tantôt longue, tantôt courte, tantôt large, & tantôt étroite, selon l’idée & le goût. Pour en faire la monture, on se sert d’une tête à tempes. On prend une demi-aune de ruban ou plus, selon la tête. On le plie par le milieu & l’on fait une raie avec de l’encre ; puis on fiche une pointe dans le milieu de la raie à l’endroit de la tête où l’on veut poser le ruban ; on en fiche une seconde à-peu-près dans la lisiere à la distance de deux ou trois lignes. On releve le ruban vers la raie ; l’on cloue une troisieme & quatrieme pointes de chaque côté également ; elles doivent être plus en arriere que celles que l’on a posées d’abord. C’est ainsi qu’on forme la petite pointe de la perruque. Il faut ensuite mettre une pointe de chaque côté à deux pouces de distance de celle du milieu ; on prend ses dimensions pour le front, comme nous l’avons déja dit. La mode la plus commune à présent est de former une tempe, les cheveux étant communément plantés de cette maniere. Ceux qui les ont ainsi disposés l’exigent, & ceux qui les ont autrement veulent qu’on l’imite. Pour former la longueur d’une face à la suite du front, il faut prendre communé-

ment la longueur d’une carte que l’on marque au ruban.

Pour commencer la tempe, il faut poser une pointe environ 2 pouces après le front en l’avançant au-dessus de l’œil. Ensuite on tire le ruban en arriere, & l’on pose une pointe où l’on a marqué la raie. On releve le ruban à la hauteur où l’on doit marquer l’oreille ; après la mesure que l’on a prise sur la personne, & après avoir mesuré sur la table où l’on fait la monture, on doit voir la hauteur. Il faut prendre garde que le ruban ne tombe sur l’oreille, parce qu’en le serrant, cela peut blesser. Ayant éloigné le ruban jusqu’à l’extrémité de l’oreille, on le plie en deux, on le cloue avec une pointe, & on le rabat derriere l’oreille jusqu’au bas du col ; on y met une pointe, & l’on en fait autant de l’autre côté. Il faut compasser avec attention les deux côtés pour qu’ils soient égaux, & que la perruque n’aille de travers. Ensuite on pose les fils comme nous l’avons déja dit. Les pointes indiquent les droits à-peu-près où on doit les mettre. On place la coëffe, le ruban large & le tafetas, ainsi qu’il a été prescrit. On peut faire aussi des perruques à oreille sans tête à tempes. On y en ajoute avec des cartes que l’on coupe. Cela dépend du goût & de l’idée de l’ouvrier ; ce qui convient à l’un, ne convient pas toujours à un autre. Voyez dans nos Planches la mesure de la perruque à bourse.

En commençant par les corps des rangs, il faut que les 2 & 3 premiers rangs soient tressés un peu garnis à simple tour. Au bout de ces rangs on peut y mettre la longueur de 2 pouces de cheveux lisses environ une demi-aune ; c’est ce que l’on appelle derriere de bourses. Il faut y passer une passée de cheveux frisés entre un paquet plus court que les lais du rang que l’on tresse derriere. Pour l’accommodage d’aujourd’hui il faut épointer tous les paquets, c’est-à-dire, mettre une passée plus courte que celle que l’on tresse au bord du front. Ces perruques-ci, qui ne sont point ouvertes sur le front, comme celles que nous venons de décrire, s’appellent bord de front à toupet. Pour cet effet, il faut, dans le milieu du rang du bord de front, faire la largeur d’un pouce de tresse à simple tour, fin & serré. On tient le bout plus court ; on fait une étoile derriere, & 1 pouce ou 2 de tresse sur l’1 avec la tête plus longue & à simple tour. On la monte à-peu-près à l’ordinaire, commençant par les bords de front, l’étoile, les tournans, les corps de rangs & le devant, que l’on élargit, ou que l’on retrécit plus ou moins, selon que la mode ou les personnes l’exigent. Il le faut de la largeur du bout du doigt. On ne coud point les rangs de devant jusqu’à bord de front. Le bout que j’ai dit devoir être fait de la longueur d’un pouce ou deux, doit être cousu derriere l’étoile à la petite pointe. Il faut mettre le visage de la tête devant soi, & coudre cette tresse à la renverse en zig-zag, bien près, au 4 ou 5 petits rangs. On monte la plaque de derriere. Il faut en avoir environ une aune où il y ait une passée de frisée. On finit le haut comme nous avons dit à la plaque du bonnet. On la passe au fer, comme nous l’avons dit des autres.

Pour la passer au ciseau, la façon est différente, car pour l’accommodage d’aujourd’hui on les épointe. Autre fois si l’on eût vu travailler ainsi, on auroit cru la perruque perdue. Pour épointer, voici comme on s’y prend : la perruque étant sur le 6, le 5 & le 4, on prend les deux premiers rangs ; on commence par l’étage du 4 : on a des ciseaux à découper ; on tient de la main gauche la pointe du cheveu, & le ciseau de la main droite. On coupe légerement la pointe toujours en éfilant légerement jusqu’à la pointe du cheveu, & de même jusqu’à la fin du rang. On reprend ensuite ceux du 5, & l’on en fait autant jusqu’à l’1, & jusqu’au-devant, toujours de 2 rangs en 2 rangs, & jamais plus large que 2 lignes. Dans les