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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/604

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dans la foi qu’on doit avoir en la satisfaction de Jesus-Christ, mort pour nos offenses.

L’imagination effrayée du peuple, produisit dans quelques assemblées particulieres des convulsions & des tremblemens, qu’ils disoient ressentir par l’horreur de leurs péchés, & la difficulté pour eux d’être régénérés & faits enfans de Dieu.

Leurs principes enthousiastes se sont depuis répandus dans les Provinces-Unies, où l’on n’a vû que trop de personnes qui en ont été imbues. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PIÉTONNER, (Pêche.) c’est fouler ou pommeter le sable avec les piés pour la pêche du poisson plat.

PIETRA-SANTA, (Géog. anc.) petite ville d’Italie, dans la Toscane, entre l’état de la république de Lucques, & la principauté de Massa. Magin croit que c’est l’ancien endroit appellé Lucus Ferontæ. Long. 27. 55. latit. 44. 5. (D. J.)

PIETRO IN GALATINA, san, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre d’Otrante, à 5 milles au levant de Nardo, & à 10 au midi de Lecce. (D. J.)

PIETTE, RELIGIEUSE, NOUETTE BLANCHE, s. f. (Hist. nat. Ornitholog.) albellus alter, Adl. morgus major cirratus gesu, Wil. oiseau qui pese environ une livre huit onces, & qui a seize à dix-sept pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ou des doigts. L’envergure est de plus de deux piés. La tête, le cou & la hupe, sont entierement blancs, à l’exception de deux taches noires : l’une de ces taches entoure la huppe, & se termine en angle aigu ; l’autre s’étend de chaque côté de la tête, depuis les coins de la bouche jusqu’aux yeux. Toute la face inférieure de l’oiseau est d’un très-beau blanc. Les longues plumes des épaules sont de la même couleur, & le dos est noir ; il y a de chaque côté une tache noire en forme de croissant & double, qui descend du dos, & qui entoure en partie la poitrine comme un collier. Les aîles sont en partie noires & en partie blanches. La queue est d’un cendré noirâtre. Le bec & les piés ont une couleur cendrée ou bleuâtre. Les doigts sont unis les uns aux autres par une membrane brune.

La femelle est très-différente du mâle. Plusieurs auteurs en ont fait deux especes particulieres. Elle n’a point de huppe ; la tête & les joues sont rousses en entier ; toute la face supérieure du corps, à l’exception des aîles, est d’un brun cendré : au reste elle ressemble assez au mâle. Rai. synop. mit. avi. V. Oiseau.

PIEU, s. m. (Hist. anc.) gros bâton pointu, ou piece de bois, dont on se sert pour faire des enclos, des palissades. Les Grecs & les Romains s’en servoient pour fortifier leurs camps en les plantant sur la crête du parapet ; mais ils n’avoient pas le même usage de les tailler ni de les ébrancher. Voici ce que Polybe remarque à cette occasion. Chez les Grecs, dit-il, les meilleurs pieux sont ceux qui ont beaucoup de branches autour du jet. Les Romains au contraire n’en laissent que deux ou trois, tout au plus quatre, & seulement d’un côté. Ceux des Grecs sont plus aisés à arracher : car comme les branches en sont fortes & en grand nombre, deux ou trois soldats y trouveront de la prise, l’enleveront facilement ; & voilà une porte ouverte à l’ennemi, sans compter que tous les pieux voisins en seront ébranlés. Il n’en est pas ainsi chez les Romains, les branches sont tellement mêlées & insérées les unes dans les autres, qu’à-peine peut-on distinguer le pié d’où elles sortent. Il n’est pas non plus possible d’arracher ces pieux, parce qu’ils sont enfoncés trop avant ; & quand on parviendroit à en enlever un de sa place, l’ouverture qu’il laisse est presque imperceptible. D’où il est aisé de voir avec quelle attention les anciens fortifioient leurs camps, partie de la guerre que les modernes ont presque totalement abandonnée.

On plantoit encore dans le camp d’espace en espace des pieux, pour servir de but aux jeunes soldats qu’on y exerçoit à tirer des armes & à lancer le javelot.

Dans les supplices, le pieu servoit à attacher les criminels condamnés à être battus de verges : ce qu’on appelloit ad palum alligare. Quelques-uns prétendent qu’on s’en servoit aussi pour les empaler, comme on fait aujourd’hui chez les Turcs, mais sans fondement ; on ne trouve point dans les historiens de traits qui aient rapport à cette espece de supplice.

PIEUX, s. m. pl. (Archit. hydraul.) pieces de bois de chêne, qu’on emploie dans leur grosseur, pour faire les palées des ponts de bois, ou qu’on équarrit pour les files des pieux (voyez ce mot) qui retiennent les berges de terre, les digues, &c. qui servent à construire les batardeaux. Les pieux sont pointus & ferrés comme les pilots ; ce qui en fait pourtant la différence, c’est que les pieux ne sont jamais tout à fait enfoncés dans la terre, & que ce qui en paroît au dehors est souvent équarri. Voyez Pilots.

Pieux de garde. Ce sont des pieux qui sont audevant d’un pilotis, plus peuplés & plus hauts que les autres, & recouverts d’un chapeau. On en met ordinairement devant la pile d’un pont, & au pied d’un mur de quai ou de rempart, pour le garantir du heurt des bateaux & des glaçons, & pour empêcher le dégravoyement. Daviler. (D. J.)

Pieux, pilots ou Pilotis. Les pieux sont le plus communément employés à porter un édifice construit au-dessus des hautes eaux, tels que sont les ponts de charpente, les moulins, &c.

On se sert des pilots ou pilotis pour porter un édifice de maçonnerie que l’on veut fonder sous les basses eaux, comme sont les ponts, les murs de quai, de certains bâtimens & autres ouvrages.

Les dimensions, positions, espacemens & le battage des pieux & des pilots ou pilotis, forment quatre objets distincts que l’on va examiner séparément.

Dimensions. Un pieu qui doit être exposé à l’eau & à l’injure du tems, doit être formé de la piece la plus forte que l’on puisse tirer d’un arbre ; & ce sera l’arbre même, surtout s’il est d’un droit fil & sain ; tout équarrissage & redressement trancheroit les fibres, & tronqueroit par segmens les corps ligneux, annulaires, dont la contexture plus serrée que des insertions qui se trouvent de l’un à l’autre de ces corps ligneux, pour mieux résister, étant conservés en leur entier ; on doit se contenter d’abattre les nodosités, d’équarrir & former en pointe pyramidale, le bout destiné à la fiche. On se contente quelquefois de le durcir au feu, quand le pieu est destiné pour un terrein qui n’est pas ferme, sinon il doit être armé d’une lardoire, ou sabot de fer à trois ou quatre branches, ou d’équarrir aussi le bout vers la tête, lorsqu’il est trop gros & qu’il pourroit excéder la largeur des sommiers que l’on pose & assemble horisontalement à tenons & mortaises sur la tête des pieux.

On a le même intérêt de conserver les bois dans toute leur force pour les pilots ; ils doivent pour cet effet être également ronds, de droits fils & sans nœuds excédens.

La grosseur des pieux dépend donc de celle des arbres que l’on peut avoir dans chaque endroit ; l’on se propose communément de leur donner environ 10 pouces de grosseur mesurés au milieu de leur longueur pour 15 & 18 piés, & deux pouces de plus pour chaque toise excédente cette premiere longueur : ainsi un pieu de 33 à 36 piés, par exemple, devroit avoir environ 16 pouces de grosseur réduite sans l’écorce.

Les pilots d’une certaine longueur n’ont pas besoin d’être si gros à proportion que les pieux, étant presque toujours enfoncés entierement dans le ter-