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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/683

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soupissement du malade qui se réveille néanmoins quand on le touche à quelque endroit de la tête, & sur-tout à celui où il a reçu le coup ; la rougeur du visage ; le gonflement & la tension œdémateuse, & quelquefois inflammatoire de toute la tête, qui s’étendent jusqu’aux paupieres, mais qui se bornent aux attaches des muscles frontaux & occipitaux, & dont les oreilles sont exemptes.

Tous ces symptômes que la fievre accompagne, sont des signes de l’inflammation du péricrâne, & des effets consécutifs de la contusion que cette membrane a soufferte. Ces accidens consécutifs doivent être très-exactement discernés ; car s’ils ne venoient point de l’affection du péricrâne, ils indiqueroient l’opération du trépan, quand même il n’y auroit point de fracture au crâne. Voyez l’article Trépaner, où nous exposons les cas douteux qui déterminent à faire ou à éviter cette opération.

On prévient l’inflammation du péricrâne par la saignée & par le régime ; & l’on remédie à l’inflammation par une incision qu’on fait à cette membrane dans toute l’étendue de la contusion, en observant d’en scarifier les bords, & de couper plus de cette membrane que de la peau, pour éviter le tiraillement. Par ces moyens on dégorge les vaisseaux, on détend cette membrane, & on rétablit la circulation du sang dans son état naturel.

Les blessures au crâne par un instrument piquant, de quelque façon qu’elles aient été faites, n’ont pas de noms particuliers ; mais celles qui sont produites par un instrument tranchant ont trois noms, selon la maniere dont l’instrument a été porté sur la partie. Voyez écopé, diacopé & Apokeparnismos.

Les instrumens contondans, portés avec violence sur le crâne, peuvent produire la contusion, l’enfoncement, la fente, & l’enfonçure.

La contusion proprement dite est l’affaissement des fibres osseuses, qui par la violence du coup se sont approchées.

L’enfoncement est l’affaissement de la premiere table sur la seconde, ou de toutes les deux ensemble sur la dure-mere. Cela arrive principalement au crâne des enfans dont les os sont mols, & peuvent enfoncer comme un pot d’étain frappé par un coup violent.

La fente n’est qu’une simple division qui est quelquefois imperceptible. Voyez Trichismos. La fente se fait quelquefois à un autre endroit du crâne que celui où le coup a porté. Voyez Contre-fissure.

L’enfonçure est un affaissement de plusieurs pieces du crâne qui a été faussé.

Les principaux effets que les coups violens puissent produire sont la commotion & la compression. La commotion est toujours un accident primitif ; il n’indique pas l’opération du trépan. Voyez Commotion & Trépaner. La compression est tantôt un accident primitif, & tantôt un accident consécutif. Celle qui vient du déplacement des os est du premier genre ; mais celle qui est l’effet de l’épanchement du sang ou de quelque autre liqueur sur la dure-mere, entre cette membrane & la pie-mere, entre celle-ci & le cerveau, ou dans la propre substance de ce viscere, est un accident consécutif qui exige l’opération du trépan. L’inflammation des méninges par la contusion du péricrâne, est aussi une cause de la compression du cerveau ; mais l’assoupissement léthargique consécutif, signe de toute compression, se dissipe bien-tôt quand il vient du vice du péricrâne, lorsqu’on a débridé cette membrane comme nous l’avons dit plus haut. Il faut lire sur cette matiere les ouvrages des maîtres de l’art : tels que Berengarius Carpensis, de fracturâ cranii ; le traité des plaies de la tête de M. Rohault, &c. & principalement les mémoires qui traitent

de cette matiere, dans le premier volume de l’académie royale de Chirurgie.

Les signes diagnostics des fractures du crâne sont quelquefois soumis aux sens, quand ces fractures se font voir ; lorsque les os frappés rendent un son obscur tel que celui d’un pot félé (ce signe est équivoque) ; mais principalement lorsqu’on rencontre avec le doigt ou avec la sonde quelque inégalité, qu’on juge bien n’avoir pas été formée par les arteres dans le tems que les os étoient encore mous.

Si les sens n’apperçoivent aucune marque de fracture, la raison peut suppléer à leur défaut, en s’informant des circonstances qui ont accompagné la blessure, en examinant les endroits du crâne qui ont été frappés, & en faisant attention aux accidens qui surviennent.

Les signes prognostics des plaies de tête se tirent de l’instrument qui a fait la blessure, de la partie blessée, des symptômes & des accidens. En général, les grandes fractures des os du crâne sont moins fâcheuses que les fortes contusions. La commotion est ce qu’il y a de plus à craindre ; on y remédie par le régime & les saignées.

Les plaies de la langue méritent une considération particuliere : on en parle au mot Réunion.

Des plaies de la poitrine. Les causes des plaies de poitrine sont les mêmes que celles des autres parties.

Les plaies de poitrine sont pénétrantes ou non-pénétrantes. Ce que nous avons dit des plaies en général donne une idée suffisante de ces dernieres.

Au sujet des plaies pénétrantes, il faut examiner si le coup qui les a fait n’a percé qu’un côté, ou s’il a traversé jusqu’à l’autre. Elles peuvent être sans lésion des parties renfermées, auquel cas elles sont simples ; ou avec lésion de quelques-unes de ces parties, & alors elles peuvent être compliquées d’épanchement ou d’inflammation. Le corps qui a fait la plaie reste quelquefois engagé dans les chairs ou dans les os, ou tombe dans la cavité de la poitrine. On a vû aussi les parties contenues dans le bas-ventre former hernie dans la poitrine, en passant par l’ouverture d’une plaie de cette partie qui avoit percé le diaphragme & pénétroit dans le ventre.

Les signes diagnostics des plaies de poitrine font connoître si la plaie est pénétrante, si les parties contenues sont lésées, quelles sont les parties lésées, & s’il y a épanchement.

L’emphysème qui se forme autour d’une plaie (Voyez Emphysème), l’air & le sang qui en sortent, l’introduction de la sonde dans la poitrine, font connoître que cette plaie est pénétrante : mais l’impossibilité d’introduire la sonde ne prouve pas toujours que la plaie ne pénetre pas. La direction oblique de la plaie, le changement de position des muscles, le gonflement des levres de la plaie, du sang caillé, un corps étranger, ou quelque partie arrêtée dans le trajet de la plaie, sont des obstacles à l’introduction de la sonde. Il faut s’abstenir de sonder les plaies de poitrine, car la sonde ne peut découvrir que la pénétration, sans faire connoître s’il y a quelque partie lésée : or la simple pénétration d’une plaie ne la rend pas fâcheuse. Le danger des plaies pénétrantes consiste dans la lésion des parties intérieures, lésion qui occasionne l’épanchement ou l’inflammation ; & ce ne sont que les symptômes qui nous font connoître ces accidens.

Les signes de la lésion du poumon sont la grande difficulté de respirer, la sortie d’un sang vermeil & écumeux, le crachement de sang, la douleur intérieure que le blessé sent en respirant, la fievre, &c.

Les plaies du cœur & des gros vaisseaux sont toujours suivies d’une mort ordinairement subite, mais retardée quelquefois par quelques circonstances. Un petit caillot de sang, l’instrument resté dans la plaie,