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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/762

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mencé ; aussi voit-on que les gens qui joignent la diete à l’exercice sont moins pléthoriques & plus sains.

Mais quoique la saignée diminue la redondance du sang, non-seulement elle laisse le corps aussi sujet qu’auparavant à la réplétion, mais elle le dispose encore davantage à la génération d’une nouvelle pléthore, ainsi que nous l’avons déja observé. D’où il suit qu’il faut tellement le fortifier, qu’il ne puisse plus amasser à l’avenir une si grande quantité de sang.

L’exercice non-seulement dissipe le trop de sang qui s’étoit amassé dans le corps, mais il fortifie encore les solides à un tel point, qu’ils ne cedent plus avec la même facilité aux fluides qu’ils contiennent ; aussi voit-on rarement les personnes accoutumées à un travail pénible, sujettes à la pléthore, bien qu’elles prennent beaucoup de nourriture : mais un pareil exercice ne convient qu’après avoir dégagé les vaisseaux par le moyen de la saignée ; car sans cette précaution, ils ne manqueroient pas de se distendre & de se rompre en très-peu de tems.

Les veilles sont un grand remede contre la plénitude, si le sommeil est une cause de cette même plénitude ; aussi voit-on que ceux qui dorment peu sont rarement pléthoriques.

L’usage des alimens âcres ordonné après la saignée & la purgation est sagement indique ; car comme les alimens doux sont une cause de notre accroissement, & même de la pléthore, comme il le paroît par la nutrition & la formation du fœtus qui n’est nourri que de lait & d’autres nourritures douces & humectantes, il suit que la diete opposée à celle des enfans, sera salutaire dans le cas de pléthore ; les alimens les plus durs à digérer, les substances âcres, aromatiques & irritantes sont les plus salutaires, parce qu’ils fournissent moins de chyle & de sang, & que les humeurs sont plus fouettées à l’aide de ces sortes de substances ; elles ne peuvent d’ailleurs s’accumuler dans les vaisseaux à cause du ressort de ceux-ci qui se trouve augmenté.

Les évacuations doivent être omises ou cessées par degré, leur continuation augmenteroit la pléthore, de même que leur cessation subite ; il faut les diminuer peu-à peu, quant à leur quantité, & mettre un plus grand intervalle entr’elles pour pouvoir y renoncer insensiblement sans danger ; en prenant ces mesures on imite la méthode salutaire dont la nature se sert vers le tems que les regles commencent à cesser dans les femmes ; car cette évacuation devient successivement moins abondante, & ses retours sont moins fréquens jusqu’à ce qu’elle ait entierement cessé ; mais lorsque les regles viennent à cesser tout-d’un-coup, cet accident a pour l’ordinaire des suites très-fâcheuses.

La purgation est un remede aussi sûr que la saignée ; car elle diminue les humeurs des premieres voies, elle évacue le chyle surabondant, il s’en porte moins dans le sang, & celui-ci est nécessairement diminué dans sa source ; la purgation répétée occasionne moins la pléthore par elle-même, que la saignée, car elle ne désemplit pas spécialement les vaisseaux.

Les sudorifiques & les diurétiques sont aussi des remedes assurés, car ils augmentent les secrétions, diminuent la masse totale des liqueurs. Quelques gens même n’emploient que ces remedes.

Pléthore fausse est une maladie où le sang, sans être augmenté dans la masse, l’est dans son volume ; de façon que vingt-cinq livres de sang équivalent en volume à trente livres ; c’est cet état que l’on nomme raréfaction des fluides.

La cause de cette pléthore est différente de celle de la vraie ; elle dépend de la raréfaction même du sang ; les soufres & les autres fluides étant fort développés & divisés présentent plus de surface, ils emplissent davantage les vaisseaux, ceux-ci sont plus dilatés, plus tendus, plus vibratifs, le pouls est plus

plein, plus fréquent : mais les causes de ces raréfactions sont les alimens âcres & de haut goût ; les remedes chauds & atténuans ordonnés dans l’épaississement ou dans la pléthore même, la pléthore elle-même occasionnée par la suppression des évacuations ordinaires, & sur-tout de la transpiration, le défaut d’exercice, l’usage des liqueurs spiritueuses, & enfin tout ce qui peut augmenter l’acrimonie, la chaleur & l’expansion des liqueurs.

Dans la pléthore fausse le sang est plus fouetté, plus divisé & atténué ; aussi le pouls est plus plein, mais plus tendu & plus fréquent ; la chaleur y est plus marquée que dans la pléthore vraie, où le sang est plus étouffe, mais moins âcre & moins expansible. Les veilles continuelles, l’excès des passions & l’alkalescence des humeurs sont les vraies causes de cette maladie, qui est plus dangereuse que la pléthore vraie.

Curation. Les indications sont de condenser, d’adoucir & de resserrer la masse & le volume du sang.

Les remedes convenables sont la saignée moins copieuse & moins souvent répétée que dans les pléthores vraies.

Les adoucissans sont le petit-lait, les tisanes d’orge, de gruau, de riz & de semoule, les crêmes faites avec ces graines, les bains & les demi-bains.

Les rafraîchissans, les émulsions avec les semences froides majeures & mineures.

L’air frais, les alimens doux & balsamiques, les viandes des jeunes animaux, les bouillons & les gelées préparées de ces viandes.

L’eau simple pour boisson, ou le vin vieux fort trempé, l’exercice moderé, le repos ou le sommeil prolongé & pris dans un lieu temperé, où l’air ne soit ni trop chaud ni trop froid.

Tout ce que nous avons dit sur la pléthore suffit pour faire comprendre que cette cause des maladies est la plus générale & la plus ordinaire, & qu’on ne pourra les traiter ni les guérir sans combattre cette cause générale.

Les remedes anti-pléthoriques sont en général les diurétiques, les sudorifiques, les apéritifs, les cephaliques, les emmenagogues, les hépatiques, les splenétiques. Voyez tous ces articles. Voyez Médicamens.

PLETHORIQUES, médicamens qui font naître de la chair & remplissent les blessures. On donne aussi le nom de pléthoriques à toutes les causes de la pléthore, soit vraie, soit fausse. Voyez Pléthore.

PLÉTHRON, (Arpentag. des anc.) πλέθρον, espace de terrein chez les Grecs, qui contenoit cent piés en quarré ; ou quarré dont le côté étoit de cent piés. Le jugerum des Latins contenoit deux cens piés, c’est-à-dire, l’espace renfermé dans un parallélogramme de deux cens piés de long sur cent de hauteur, desorte que vingt πλέθρα des Grecs ne faisoient que dix jugera, ou arpens des Romains. Pline a commis perpétuellement cette faute dans les passages qu’il a tirés de Théophraste. Il n’a pas songé que son jugerum étoit une mesure double du πλέθρον. (D. J.)

PLÉTHYPATE, (Calend. de Paphos.) nom d’un mois de ceux de Paphos, suivant Gyraldus & le pere Hardouin ; il répondoit au mois de Juin. (D. J.)

PLEVINE, s. f. (Jurisprud.) est un terme particulier à la coutume de Bretagne pour exprimer un cautionnement. Ce terme étoit aussi usité dans l’ancienne coutume de Normandie. Voyez Plege. (A)

PLEUMOSII, (Géog. anc.) peuples de la Gaule belgique, dans la dépendance des Nerviens. Comme Jules-César, l. V. c. xxxix. est le seul qui ait nommé ces peuples, & qu’il ne dit rien qui puisse faire connoître où ils habitoient, on s’est exercé à les placer à fantaisie. Les uns ont dit que c’étoient les habitans de la Flandre ; les autres les ont mis dans la Flandre