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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/799

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qu’une huile d’olive, dans laquelle il avoit fait infuser les feuilles de plumbago, & de cette huile on oignoit trois fois par jour l’ulcere chancreux, en répétant cette application jusqu’à ce que l’escarre noire se fût assez encroutée, pour que le malade ne souffrît plus de vives douleurs par l’application du remede, ce qui prenoit environ trois semaines : mais comment ce prétendu guérisseur de cancers n’a-t-il pas fait fortune ? (D. J.)

PLUMBATA, s. f. (Hist. anc.) instrument de supplice fait de cordes garnies à leurs extrémités de balles de plomb. On en frappoit les Chrétiens, lorsqu’ils étoient gens d’un rang distingué. On appliquoit les autres sur le chevalet. A la guerre on entendoit par plumabata des javelots chargés de morceaux de plomb qui, leur donnant plus de poids, les fissent pénétrer plus avant dans les cuirasses.

PLUMES des oiseaux, (Ornithol.) Les plumes des oiseaux ont beaucoup de beautés particulieres, & different les unes des autres non-seulement dans leurs couleurs & formes générales, mais encore dans la construction de chaque partie qui les compose, comme leurs barbes, leurs tuyaux, &c. Il est aisé de s’en convaincre en examinant les plumes d’autruche, du paon, de l’aigle, du cygne, du perroquet, de la chouette, enfin de toutes les especes d’oiseaux que nous connoissons.

Le tuyau de chaque plume est roide & creux vers le bas, ce qui le rend en même tems fort & léger ; vers le haut il n’est pas seulement moins dur, mais de plus il est rempli d’une espece de moëlle huileuse qui le nourrit, & contribue en même tems à sa force & à sa légereté.

La barbe des plumes est rangée régulierement des deux côtés, mais avec cette différence qu’elle est large d’un côté & étroite de l’autre, pour mieux aider au mouvement progressif des oiseaux dans l’air.

Les bords des filets extérieurs & étroits de la barbe, se courbent en bas, au lieu que les intérieurs sont plus larges & se courbent en haut ; par ce moyen les filets tiennent fortement ensemble, ils sont clos & serrés lorsque l’aile est étendue : de sorte qu’aucune plume ne perd rien de sa force, ou de l’impression qu’elle fait sur l’air.

On doit encore observer la maniere artificieuse avec laquelle les plumes sont coupées à leur bord : les intérieures vont en s’étrécissant, & se terminent en pointe vers la partie supérieure de l’aîle ; les extérieures se rétrécissent en un sens contraire de la partie supérieure de l’aîle vers le corps, du-moins dans beaucoup d’animaux : celles du milieu de l’aîle ayant une barbe par-tout égale, ne sont guere coupées de biais ; mais l’aile étendue ou resserrée est toujours taillée aussi exactement que si elle avoit été coupée industrieusement avec des ciseaux.

La tissure de la barbe des plumes est composée de filets si artistement entrelacés, que la vûe n’en peut qu’exciter notre admiration, sur-tout lorsqu’on les regarde au microscope ; cette barbe ne consiste pas dans une seule membrane continue, car alors cette membrane étant une fois rompue, ne se remettroit en ordre qu’avec beaucoup de peine ; mais elle est composée de quantité de petites lames ou de filets minces & roides, & qui tiennent un peu de la nature d’un petit tuyau de plume. Vers la tige ou le tuyau, sur-tout dans les grosses plumes de l’aîle, ces petites lames sont plus larges & creusées dans leur largeur en demi-cercle, ce qui contribue beaucoup à leur force, & à serrer davantage ces lames les unes sur les autres lorsque l’aîle fait des battemens sur l’air. Vers la partie supérieure de la plume, ces lames deviennent très-minces, & se terminent en pointe ; à la partie inférieure elles sont minces & polies, & leur extrémité se divise en deux parties garnies de petits poils,

chaque côté ayant une différente sorte de poils : les uns sont larges à leur base ; leur moitié supérieure est plus menue & barbue. Comme les barbes crochues d’une lame sont toujours couchées auprès des barbes droites de la lame prochaine, elles se tiennent par ce moyen les unes aux autres ; & s’il arrive que la barbe de la plume se dérange, l’oiseau a l’industrie de la raccommoder facilement.

Je passe à d’autres observations. Je remarque d’abord que les plumes allant de la tête à la queue dans un ordre exact, & étant bien serrées les unes contre les autres, & rendues souples & polies par l’huile qui les humecte & les nettoie, trouvent un passage aisé par l’air, de la même maniere qu’une chaloupe nouvellement nettoyée & bien dressée s’avance facilement dans l’eau. Si au contraire les plumes eussent été rangées dans un ordre opposé, ou d’une autre maniere quelconque, comme elles auroient été placées indubitablement si le hasard y avoit présidé uniquement, elles auroient ramassé trop d’air, & causé de grands obstacles au vol des oiseaux.

Non-seulement les plumes sont placées avec beaucoup d’art pour faciliter le mouvement du corps des oiseaux, mais elles lui fournissent en même tems une couverture propre à le garantir des injures du dehors. Pour cet effet la plûpart des plumes sont renversées en arriere, & couchées les unes sur les autres dans un ordre régulier : du côté du corps elles sont garnies d’un duvet mou & chaud ; du côté de l’air, elles sont fermes & fortement serrées les unes contre les autres, & tout-à-fait propres à défendre le corps contre la rigueur du froid & du mauvais tems. Dans le même dessein, comme aussi pour rendre le corps d’autant mieux disposé à passer & à glisser au-travers de l’air, on voit une autre précaution admirable de la nature dans la bourse qui contient l’huile, dans les glandes, & dans tout l’appareil qui sert à graisser les plumes ; cette bourse huileuse a un mamelon percé ; & lorsque l’oiseau le presse avec le bec, il distile une espece d’huile liquide dans quelques-uns, & dans d’autres, semblable à une graisse onctueuse. On sait l’adresse que les oiseaux emploient pour humecter leurs plumes de cette huile.

Ce n’est pas une seule espece d’oiseau qui ait la bourse huileuse dont nous venons de parler ; elle se rencontre dans tous les genres volatiles, ayant les uns une, & les autres deux petites glandes sur leur croupion, avec des vaisseaux excrétoires autour desquels il croît des plumes en forme de pinceau.

Enfin le renouvellement des plumes des oiseaux qui se fait chaque année, est un autre phénomene qui mérite notre attention, & dont nous avons parlé au mot Mue.

On peut lire encore sur les plumes des oiseaux, la micrographie de Hook, les observations de Leeuwenhoek ; Derham, théolog. physique ; Grew, cosmologie ; les Transact. philosoph. en divers endroits ; & l’histoire de l’académie des Sciences, année 1699. (D. J.)

Plume, s. f. (Hist. nat. Botan.) c’est la partie supérieure du germe d’une graine qui commence à se développer sensiblement. Il faut savoir qu’outre les deux globes de la graine, on découvre une espece de tuyau dont la partie inférieure qui contient en petit la véritable racine, s’appelle la radicule ; & la partie supérieure de ce même germe, qui renferme en petit la tige & tout le reste de la plante, se nomme la plume, à cause qu’elle ressemble quelquefois à un petit bouquet de plumes. (D. J.)

Plume de mer, Panache de mer, insecte de mer de la classe des zoophites, auquel on a donné le nom de plume de mer, parce qu’il a de chaque côté environ sur la moitié de sa longueur, une rangée de barbes semblables à celles d’une plume à écrire. Cet insecte est lumineux pendant la nuit. Hist. des zoophi-