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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/82

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jusqu’à ce que l’empereur eût donné son consentement, parce que sa confirmation étoit d’une absolue nécessité. Ce fut Louis le-débonnaire qui le premier abandonna son privilége, en souffrant qu’Etienne V. & Paschal I. se missent en possession du pontificat sans attendre qu’il eût confirmé leur élection ; sur quoi Pasquier fait la remarque suivante : « Les Italiens, qui en s’aggrandissant de l’effet de nos dépouilles, ne furent chiches de belles paroles, voulurent attribuer ceci à une piété, & pour cette cause honorerent Louis du mot latin pius ; mais les sages mondains de notre France l’imputant à un manque & faute de courage, l’appellerent le débonnaire, couvrant sa pusillanimité du nom de débonnaireté ».

PONTIGNY, (Géog. mod.) bourgade de France, dans la Champagne, sur les confins de la Bourgogne, à quatre lieues au nord d’Auxerre, sur la riviere de Serain, avec une riche abbaye réguliere de Cîteaux, & la seconde fille de l’ordre, fondée l’an 1114.

PONTIL, s. m. (Verrerie.) instrument de fer dont on se sert dans la fabrique des glaces qui se soufflent à la felle. Il est composé de deux pieces ; l’une est une forte baguette, ou verge de fer, longue d’environ cinq piés ; l’autre est une traverse aussi de fer, depuis huit jusqu’à dix-huit pouces de long, qui est attachée à l’une des extrémités de la verge, & qui forme avec elle une espece de T. Le pontil sert à reprendre la glace quand on l’a coupée du côté opposé à la felle, afin qu’en ayant été détachée elle tienne lieu de felle, pour reporter la glace au grand ouvreau, où elle doit être chauffée, afin d’en élargir le diametre. (D. J.)

PONTILLES, (Marine.) Voyez Epontilles.

PONTILLER, v. a (Verrerie.) c’est se servir du pontil, pour reprendre la glace à l’opposite de la felle.

PONTION, (Hist. nat. Botan.) racine qui croît dans les Indes orientales, & sur-tout sur la côte de Coromandel où vient la meilleure ; elle passe pour un excellent fébrifuge.

PONTIVY, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la Bretagne, au diocèse de Vannes, dans les terres, sur la riviere de Blavet, entre Guemené & Rohan. Il y a dans cette petite ville une manufacture de toiles. Long. 14d 54′. lat. 48d 6′. (D. J.)

PONT-L’ÉVÊQUE, (Géog. mod.) petite ville de France, en Normandie, sur la Touque, à 10 lieues de Caën, à 7 de Pont-Audemer, à 4 de Lisieux, à 3 de Honfleur & de la mer. Elle est toute ouverte, sans murailles ni forteresse. Il y a bailliage, vicomté, élection, maîtrise des eaux & forêts, gouverneur, lieutenant de police, maire, & autres officiers de ville. Son église paroissiale, dédiée à saint Michel, est assez bien bâtie. Son territoire consiste principalement en herbages & en prairies, où l’on nourrit du gros bétail. Son élection comprend 138 paroisses. 47d 48′. lat. 49d 16′.

PONTOISE ou PONT-OYSE, (Géogr. mod.) c’est-à-dire pont sur la riviere d’Oyse, en latin Brivisara, selon l’Itineraire d’Antonin, & Brivaisara, selon la Table de Peutinger ; ville de France, capitale du Vexin françois, sur la riviere d’Oyse, qu’on passe sur un pont à 20 lieues au sud-est de Rouen, & à 7 au nord-ouest de Paris. Il y a un bailliage & une élection, une collégiale, une abbaye d’hommes de l’ordre de saint Benoît ; plusieurs paroisses & communautés:l’archevêque de Rouen y tient un grand-vicaire.

Cette ville fut prise d’assaut sur les Anglois en 1442. Les états généraux y furent assemblés en 1561. Le parlement de Paris y a été transféré trois fois, savoir en 1652, en 1720, & en 1753 ; mais de telles translations ne peuvent jamais être de longue durée, parce que les affaires publiques en souffriroient un trop

grand dommage. Long. 19d 45′. lat. 49d 3′.

Pontoise étoit autrefois appellé Briva-Isaræ ; on sait que briva, breva ou briga dans la langue des Celtes signifioit un pont ; ainsi Briva-Isauræ, signifie pont sur Oyse. Les écrivains du moyen âge l’ont nommée Pons-Isaræ, Pontisara, Pontisera, Pons-Juisæ, Pons-Œsiæ, Pontesià, &c. car le nom Isara, l’Oyse, fut changé en celui de Œsia, selon le témoignage de Vibius Sequester.

Cette riviere fut aussi appellée Inisa, comme nous l’apprenons de l’auteur de la vie de saint Ouen. Cet anonyme vivoit au commencement du huitieme siecle, & il assure que Thierry, roi de France, avec la reine & tous les grands, allerent conduire le corps de saint Ouen, mort à Clichy, près de Paris, jusqu’au pont de l’Oyse, usque ad pontem Inisæ. Il ajoute que les prélats & le clergé ayant pris le corps du saint, le porterent à la ville du Vexin, ad oppidum Vulgassinum, qui est Pontoise, & de-là le convoi alla à Rouen, où le saint fut enterré.

La voie romaine, de Rouen à Paris, passoit par Pontoise ; l’ancienne chaussée a même subsisté jusqu’à ces derniers tems, entre Magny & Pontoise ; on la nomme encore la chaussée de César. On attribue assez ordinairement à Jules-César plusieurs monumens anciens de la Gaule, quoiqu’il n’ait aucune part à leur construction. Cette chaussée faisoit autrefois la séparation des anciennes châtellenies de Meulan, & de Chaumont-en-Vexin.

Philippe, duc de Bourgogne, quatrieme fils de Jean de Valois roi de France, naquit à Pontoise le 15 de Janvier 1341. Il fut blessé & fait prisonnier à la bataille de Poitiers l’an 1356, après avoir donné des marques d’un grand courage en combattant auprès de son pere. On sait combien sa rivalité avec le duc d’Orléans pour le gouvernement de l’état fut funeste au royaume. Il mourut à Hal le 26 d’Avril 1404, & laissa tant de dettes que sa veuve se crut obligée de frustrer les créanciers. « Ses meubles, dit M. le Laboureur, liv. XXIV. ch. ij. ne suffirent pas pour les payer ; & c’est ce qui fit faire à sa veuve ce que les plus chetives femmes ne font pas sans regret, non plus que sans injure, c’est-à-dire de se servir du privilege de la renonciation, pour se délivrer de toute demande ». Elle observa les cérémonies ordinaires dans cette renonciation, « car elle desceignit sa ceinture avec ses clés & sa bourse sur le cercueil de son mari ». Pontus Heuterus nous apprend que cet acte arrêtoit les intérêts, & ôtoit tout droit aux créanciers sur les meubles.

Cependant Philippe de Bourgogne n’avoit été adonné ni au jeu, ni au vin, ni à l’amour ; on ne trouve point qu’il ait eu ni de maîtresses, ni de bâtards ; mais il fit des dépenses folles pour entretenir des troupes, & pour fortifier des villes ; il suça le peuple à ce métier, & ruina ses créanciers pour enrichir d’autres personnes, sans justice & sans raison.

D’un autre côté, sa femme impérieuse lui rendit la vie dure & amere. Tandis qu’il ne trouvoit presque rien dans le royaume qu’il ne soumît à sa loi, non pas même le propre frere de son souverain, il se vit obligé de plier sous l’empire d’une femme orgueilleuse de son naturel, & par sa fécondité, & par son beau patrimoine. Il vérifia ce mot des anciens : « recevoir un bienfait, c’est perdre sa liberté ».

Cette femme, après la mort de son mari, tint sa petite cour à part, dit Mézerai, « mêlant bisarrement les voluptés & la dévotion, l’amour des lettres & celui de la vanité, la charité chrétienne & l’injustice : car comme elle se piquoit d’être vue souvent à l’église, d’entretenir des savans, & de donner la dixme de ses revenus aux moines ; elle faisoit gloire d’avoir toujours quelque galanterie,