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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/121

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dans ces différens tems, & qu’il y a des regles concernant l’administration des remedes, fondées sur leur distinction. (m)

Tems affiné, (Marine.) voyez Affiné.

Tems a perroquet, (Marine.) beau tems où le vent souffle médiocrement, & porte à route. On l’appelle ainsi, parce qu’on ne porte plus la voile de perroquet que dans le beau tems ; parce qu’étant extrèmement élevée, elle donneroit trop de prise au vent, si on la portoit dans de gros tems. Voyez Mature.

Tems de mer ou Gros-Tems, (Marine.) tems de tempête où le vent est très-violent.

Tems embrumé, (Marine.) tems où la mer est couverte de brouillards.

Tems, (Jurisprud.) signifie quelquefois une certaine conjoncture, comme quand on dit en tems de foire.

Tems signifie aussi délai ; il faut intenter le retrait lignager dans l’an & jour, qui est le tems prescrit par la coutume.

Tems d’étude, est l’espace de tems pendant lequel un gradué doit avoir étudié pour obtenir régulierement ses grades. Voyez Étude, Degrés, Grades, Gradués, Université, Bachelier, Licencié, Docteur. (A)

Tems, s. m. en Musique, est en général toute modification du son par rapport à la durée.

On sait ce que peut une succession de sons bien dirigée eu égard au ton ou aux divers degrés du grave à l’aigu & de l’aigu au grave. Mais c’est aux proportions de ces mêmes sons, par rapport à leurs diverses durées du lent au vîte & du vîte au lent, que la musique doit une grande partie de son énergie.

Le tems est l’ame de la musique ; les airs dont la mesure est lente, nous attristent naturellement ; mais un air gai, vif & bien cadencé nous excite à la joie, & à peine nos piés peuvent-ils se retenir de danser. Otez la mesure, détruisez la proportion des tems, les mêmes airs resteront sans charmes & sans force, & deviendront incapables de nous émouvoir, & même de nous plaire : mais le tems a sa force en lui-même, qui ne dépend que de lui, & qui peut subsister sans la diversité des sons. Le tambour nous en offre un exemple, quoique grossier & très-imparfait, vu que le son ne s’y peut soutenir. Voyez Tambour.

On considere le tems en musique ou par rapport à la durée ou au mouvement général d’un air, &, selon ce sens, on dit qu’il est vîte ou lent, voyez Mesure, Mouvement ; ou bien, selon les parties aliquotes de chaque mesure, qui se marquent par des mouvemens de la main ou du pié, & qu’on appelle proprement des tems ; ou enfin selon la valeur ou le tems particulier de chaque note. Voyez Valeur des notes.

Nous avons suffisamment parlé au mot Rhytme des tems de la musique des Grecs ; il nous reste à expliquer ici les tems de la musique moderne.

Nos anciens musiciens ne reconnoissoient que deux especes de mesures ; l’une à trois tems, qu’ils appelloient mesure parfaite ; & l’autre à deux, qu’ils traitoient de mesure imparfaite, & ils appelloient tems, modes ou prolations les signes qu’ils ajoutoient à la clé pour déterminer l’une ou l’autre de ces mesures. Ces signes ne servoient pas à cet unique usage comme aujourd’hui, mais ils fixoient aussi la valeur des notes les unes par rapport aux autres, comme on a déja pu voir aux mots Mode & Prolation, sur la maxime, la longue & la semi-breve. A l’égard de la breve, la maniere de la diviser étoit ce qu’ils appelloient plus précisément tems. Quand le tems étoit parfait, la breve ou quarrée valoit trois rondes ou semi-breves, & ils indiquoient cela par un cercle entier,

barré ou non-barré, & quelquefois encore par ce chiffre 3/1.

Quand le tems étoit imparfait, la breve ne valoit que deux rondes, & cela se marquoit par un demi-cercle ou C. Quelquefois ils tournoient le C à rebours ainsi C, & cela marquoit une diminution de moitié sur la valeur de chaque note ; nous indiquons cela aujourd’hui par le C barré, 𝄵 ; & c’est ce que les Italiens appellent tempo alla breve. Quelques-uns ont aussi appellé tems majeur cette mesure du C barré où les notes ne durent que la moitié de leur valeur ordinaire, & tems mineur celle du C plein ou de la mesure ordinaire à quatre tems.

Nous avons bien retenu la mesure triple des anciens ; mais par la plus étrange bisarrerie, de leurs deux manieres de diviser les notes, nous n’avons retenu que la soudouble ; de sorte que toutes les fois qu’il est question de diviser une mesure ou un tems en trois parties égales, nous n’avons aucun signe pour cela, & l’on ne sait guere comment s’y prendre ; il faut recourir à des chiffres & à d’autres misérables expédiens qui montrent bien l’insuffisance des signes. Mais je parlerai de cela plus au-long au mot Triple.

Nous avons ajouté aux anciennes musiques une modification de tems qui est la mesure à quatre ; mais comme elle se peut toujours résoudre en deux mesures à deux tems, on peut dire que nous n’avons que deux tems & trois tems pour parties aliquotes de toutes nos différentes mesures.

Il y a autant de différentes valeurs de tems qu’il y a de sortes de mesures & de différentes modifications de mouvement. Mais quand une fois l’espece de la mesure & du mouvement sont déterminés, toutes les mesures doivent être parfaitement égales, & par conséquent les tems doivent aussi être très-égaux entr’eux : or pour s’assûrer de cette égalité, on marque chaque tems par un mouvement de la main ou du pié ; & sur ces mouvemens, on regle exactement les différentes valeurs des notes selon le caractere de la mesure. C’est une chose très merveilleuse de voir avec quelle précision on vient à bout, à l’aide d’un peu d’habitude, de battre la mesure, de marquer & de suivre les tems avec une si parfaite égalité, qu’il n’y a point de pendule qui surpasse en justesse la main ou le pié d’un bon musicien. Voyez Battre la mesure.

Des divers tems d’une mesure, il y en a de plus sensibles & de plus marqués que les autres, quoique de valeur parfaitement égales ; le tems qui marque davantage s’appelle tems fort, & tems foible celui qui marque moins. M. Rameau appelle cela, après quelques anciens musiciens, tems bon & tems mauvais. Les tems forts sont le premier dans la mesure à deux tems, le premier & le troisieme dans la mesure à trois & dans la mesure à quatre ; à l’égard du second tems, il est toujours foible dans toutes les mesures, & il en est de même du quatrieme dans la mesure à quatre tems.

Si l’on subdivise chaque tems en deux autres parties égales qu’on peut encore appeller tems, on aura de-rechef tems fort pour la premiere moitié, & tems foible pour la reconde, & il n’y a point de parties d’un tems sur laquelle on ne puisse imaginer la même division. Toute note qui commence sur le tems foible & finit sur le tems fort, est une note à contre-tems, & parce qu’elle choque & heurte en quelque maniere la mesure, on l’appelle syncope. Voyez Syncope.

Ces observations sont nécessaires pour apprendre à bien préparer les dissonnances : car toute dissonnance bien préparée doit l’être sur le tems foible & frappée sur le tems fort, excepté cependant dans des suites de cadences évitées, où cette regle, quoi-