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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/182

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la fouille dans l’île d’Ormus au golfe Persique, & dans quelques parties des Indes orientales. (D. J.)

Terre de Portugal, (Mat. méd.) c’est un bol fort astringent qu’on trouve en abondance dans les parties septentrionales du Portugal. Ce bol est compact, serré, très-pesant, d’un rouge éclatant, d’une tissure lisse & brillante, se rompant aisément entre les doigts, & les teignant légerement. Il s’attache fort à la langue, se fond promptement dans la bouche, a une saveur très-astringente, mais laisse comme un peu de sable entre les dents. Il ne fermente point avec les acides, & ne change que très peu sa couleur au feu. (D. J.)

Terre-sainte, la, (Géog. mod.) pays d’Asie, ainsi nommé par excellence, pour avoir été sanctifié par la naissance & par la mort de notre Sauveur. On appelle proprement ce pays la Judée, la Palestine, voyez ces deux mots.

C’est assez de dire ici que ce pays reconnoît aujourd’hui le turc pour son souverain, & qu’il n’a plus que des bourgades dépeuplées. On lui donne soixante lieues d’étendue du midi au nord, & trente dans sa plus grande largeur. Il est en proie aux courses des Arabes, quoique présentement partagé entre trois émirs qui relevent du grand-seigneur, lequel outre cela y entretient deux sangiacs subordonnés au bacha de Damas. Ces trois émirs sont l’émir de Seyde, l’émir de Casaïr, & l’émir de Gaza.

L’émir de Seyde occupe presque toutes les deux Galilées, & possede depuis le pié de l’Antiliban jusqu’au fleuve de Madesuer. L’émir de Casaïr tient la côte de la mer depuis Caïpha, sous le mont Carmel, jusqu’à Jaffa exclusivement. L’émir de Gaza a sous lui l’Idumée. Les deux sangiacs, ou gouverneurs turcs, prennent les noms de leur résidence, qui sont Jérusalem & Naplouse. Celui de Jérusalem a pour département la Judée, & celui de Naplouse commande dans la Samarie. Au-delà du Jourdain est ce qu’on appelle le royaume des Arabes. (D. J.)

TERREAU, s. m. (Hist. nat. des Terres.) terre noire, mêlée de fumier pourri dont tous les Jardiniers font des couches dans les jardins potagers pour fertiliser leurs terres & avancer la végétation de leurs plantes & de leurs légumes ; ils appellent autrement terrot ce vieux fumier bien consumé, bien pourri, & mêlé avec de la terre ; ce n’est pas cependant ce dont il s’agit dans cet article.

Nous entendons avec les Physiciens par terreau, une terre naturelle, qui n’est pas en tous lieux d’une profondeur égale, n’ayant qu’un pié dans quelques endroits, dans d’autres deux, quelquefois trois selon les différens terreins. Ce terreau est la matrice propre des végétaux, & c’est pourquoi les Physiciens ont cherché d’en connoître la nature par le moyen de l’eau & du feu. Pour y parvenir par le moyen de l’eau.

1o. On prend, par exemple, quatre livres de bon terreau frais, noir, réduit en poussiere, & qui aura été exposé à l’air pendant un an, sans avoir été épuisé par la végétation.

2o. On lessive ce terreau dans de l’eau bouillante, claire & nette, jusqu’à ce que toutes les parties capables de s’y dissoudre soient épuisées, ou imbibées par l’eau.

3o. Après avoir obtenu par ce moyen une lessive ou dissolution de ce terreau, on la filtre à-travers un double papier gris fort épais, jusqu’à ce qu’elle donne une liqueur transparente, ou au-moins dégagée de toutes les parties grossieres & terrestres, dont elle étoit chargée.

4o. Cette dissolution contiendra toutes les parties du terreau qui sont solubles dans l’eau bouillante.

5o. Pour rapprocher ces parties de maniere qu’elles puissent se manifester aux sens, & particuliere-

ment au goût, on fait évaporer le fluide le plus

aqueux.

6o. On compare alors cette dissolution concentrée avec une portion de la premiere qui n’aura point été évaporée, & on lui trouvera évidemment le goût plus fort, ou plus salin.

7o. Pour que l’observation soit encore plus exacte, il faut pousser plus loin l’évaporation de la liqueur, & la faire crystalliser, pour voir si elle ne donnera point quelques sels.

8o. On verse sur un partie de la dissolution filtrée du sirop violat, &c. pour savoir si elle est acide, alkaline, ou neutre ; on la trouvera plutôt neutre qu’acide, ou alkaline.

9o. On lavera ensuite dans plusieurs eaux ce qui sera resté de la matiere terrestre, & on décantera à chaque fois la liqueur de la partie bourbeuse ; on la laissera reposer quelque tems, afin d’obtenir le sable pur qui est contenu dans le terreau, & on trouvera qu’il en fait une très-grande portion.

Cette expérience, ou plutôt cette combinaison d’expériences, nous enseigne une méthode pour réduire la terre matrice des végétaux à ses parties constituantes, sans altérer leur forme naturelle ni leurs propriétés.

D’après ces observations, il paroît qu’on peut établir un jugement certain sur le terreau, tant en général qu’en particulier, aussi loin que les expériences précédentes, ont pu nous conduire. On acquiert par cet examen une regle pour composer un terreau artificiel par le mêlange des matieres qui le composent. On trouve donc par l’examen du terreau, qu’il contient une certaine quantité de terre très-fine capable de nager dans le liquide ; une plus considérable dont la nature est plus grossiere & plus pesante qui tombe au fond du vase ; un peu de sel neutre, & une très grande quantité de sable.

Pour rendre encore cette expérience plus instructive, & plus utile à la découverte des principes de la végétation, & de la nature des différentes especes de terres & de plantes, il faudroit la comparer avec une analyse semblable de quelque matiere végétable. Pour cet effet on pile une plante tendre : on fait une lessive avec de l’eau chaude de toutes ses parties solubles, on fait évaporer ensuite l’humidité superflue, & on met à crystalliser ce qui sera resté après l’évaporation : on obtiendra la partie saline de la plante, sous une forme solide, qui sera de l’espece tartareuse ou nitreuse, conformément à la nature de ce végétal.

Si on arrose pendant le tems de sa végétation quelque plante alkaline, comme le cresson avec une dissolution de nitre, quoique ce dernier fournisse beaucoup d’esprit acide dans la distillation, la plante sera toujours alkaline : il en est de même de toutes les autres plantes & des autres sels qu’on a jusqu’à présent essayés dans les mêmes vûes. Cette expérience prouve qu’il y a dans les plantes une faculté pour convertir la nature de tous les sels en celui qui leur est propre, & on trouve d’après l’expérience que les composés de terreau qui abondent en sel marin, en nitre ou en sel urineux, s’accordent tous à favoriser la végétation.

Comme il pourroit y avoir cependant quelques parties naturellement plus fixes contenues dans le terreau, qui se dissoudroient dans l’eau bouillante, & qu’elles peuvent être assez dégagées & assez digérées pour être capables de s’élever dans les végétaux, par l’action continue du soleil & de l’atmosphere, il est à-propos de tenter une analyse plus puissante sur le même sujet, c’est celle du feu.

Après avoir pesé deux livres de la même espece de terreau vierge, que celui de l’expérience précédente, on le met dans une retorte de terre, on l’expose à feu nud, & on la distille à un feu très-doux