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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/223

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pre, dans la province proconsulaire. C’est-là où Juba ayant pour ainsi dire ranimé les restes de la guerre civile en Afrique, par les conseils de Julius Scipion, & de Caton, eut le malheur d’être défait par Jules César, à cette bataille qu’on nomma la journée de Thaspe. Cette ville est présentement un lieu ruiné, dans le royaume de Tunis, entre Souzet & Elfaque. (D. J.)

THATA, (Géog. mod.) Dotes par les Allemands, Totis dans la carte de la Hongrie de M. de Lisle, en 1717 ; Tata dans celle de 1703, & c’étoit mieux, car les Hongrois écrivent Thata ; c’est une petite ville, aujourd’hui bourgade de Hongrie, entre Javarin & Grau. (D. J.)

THAU, s. m. (Gram. & Critique sacrée.) derniere lettre de l’alphabet hébreu, qui avoit d’abord la forme d’une espece de potence, avant que les Juifs se servissent du caractere chaldaïque, & qui du tems de S. Jérôme, conservoit encore cette figure dans l’alphabet samaritain. Dans la suite, on l’a un peu changée, & on lui a donné la forme de T, qu’elle a en partie aujourd’hui ה ; cette lettre tire son origine d’un mot hébreu, qui signifie marque, signe ; & c’est par ces derniers mots que les septante ont traduit le passage d’Ezéchiel, ch. ix. 4. en disant : « mettez une marque (un signal) au front de ceux qui sont dans la douleur, & qui gémissent de voir toutes les abominations qui se font dans la ville ». (D. J.)

Thau, l’étang de, (Géog. mod.) étang de France sur les côtes de Languedoc ; cet étang est nommé Taurus par Avienus, & Laterra par Pline. Il s’étend presque de l’est à l’ouest, environ douze bonnes lieues au midi du diocèse de Montpellier, & d’une partie de celui d’Agde. On lui donne dans le pays les différens noms d’étang de Frontignan, de Maguelone, & de Péraut, que l’on emprunte de lieux qui sont sur ses bords. Cet étang se débouche dans le golphe de Lyon par le grau de Palavas, ou passage de Maguelone, & par le port de Cette, ou commence le canal de Languedoc. (D. J.)

THAULACHE, s. f. (Anc. mil. franç.) sorte d’armes des anciens françois, dont les unes étoient offensives en forme de hallebarde ou d’épieu ; les autres étoient du nombre des armes défensives, & étoient des especes de rondelles, ou petits boucliers. (D. J.)

THAUMACI, (Géog. anc.) ville de la Phthiotide ; Tite-Live, l. XXXII. c. iv. dit qu’en partant de Pylæ, & du golfe Maliacus, & passant par Lamia, on rencontroit cette ville sur une éminence, tout près du défilé appellé Cœle. Il ajoute que cette ville dominoit sur une plaine d’une si vaste étendue que l’on ne pouvoit en voir l’extrémité, & que c’est cette espece de prodige qui étoit l’origine du nom Thaumaci. Etienne le géographe prétend que ce fut Thaumacus son fondateur qui lui donna son nom ; ce seroit un fait difficile à vérifier, ou du moins il faudroit aller chercher des preuves dans des siecles bien reculés, car cette ville subsistoit déja du tems d’Homere, Iliad. B. v. 716.

Οἳ δ’ ἄρα Μηθώνην καὶ Θαυμακίην ἐνέμοντο.
Qui vero Methonem & Thaumaciam habitabant.

Pline, l. IV. c. ix. nomme aussi cette ville Thaumacia, & la met dans la Magnésie ; je ne sais sur quoi fondé. Phavorin, lexic. dit qu’il y avoit une ville nommée Thaumacia, dans la Magnésie, & une autre de même nom sur le golfe Maliaque ; il pourroit bien multiplier les êtres. Ce qu’il y a de certain, c’est que la ville de Thaumaci de Tite-Live, étoit dans les terres. (D. J.)

THAUMANTIADE, (Mythol.) la déesse Iris fut ainsi nommée, soit parce qu’elle étoit fille de Thaumas & d’Electre, soit du mot grec Θαυμάζω,

j’admire, parce que les couleurs de sa belle robe excitent l’admiration de tout le monde. (D. J.)

THAUMATRON, s. m. (Antiq. grecq.) mot grec qui signifie la récompense qu’on donnoit à celui qui avoit fait voir quelque chose de merveilleux au peuple ; cette sorte de libéralité de deniers se prélevoit sur le montant de la somme payée par ceux qui avoient assisté à ce spectacle. Le thaumatron revenoit au nicetium des jeux olympiques, & du cirque, & aux brabeia, que l’on donnoit aux acteurs de théatre, aux baladins, & aux pantomimes. (D. J.)

THAUMATURGE, s. m. & f. (Hist. eccl.) surnom que les catholiques ont donné à plusieurs saints, qui se sont rendus célebres par le grand nombre, & par l’éclat de leurs miracles.

Ce mot est formé du grec θαῦμα, merveille, & ἔργον, ouvrage.

Saint Grégoire de Neo-Césarée, surnommé Thaumaturge, fut disciple d’Origene vers l’an 223, & depuis évêque de Césarée dans le royaume de Pont ; il assista en cette qualité, au premier concile d’Antioche, & à celui d’Ephèse, contre Paul de Samosate. Saint Léon de Catanée fut surnommé aussi Thaumaturge, il vivoit dans le huitieme siecle, & son corps est honoré encore aujourd’hui dans l’église de saint Martin de Tours à Rome. Saint François de Paule, & S. François Xavier, sont les grands Thaumaturges des siecles derniers. Voyez Miracle.

THAUN, (Géog. mod.) petite ville, ou pour mieux dire, bourg d’Allemagne dans le Palatinat, au comté de Spanheim, & au confluent des rivieres de Nalu & de Simmeren. (D. J.)

THÉ, s. m. (Bot. exot.) C’est une petite feuille désséchée, roulée, d’un goût un peu amer légérement astringent, agréable, d’une douce odeur, qui approche de celle du foin nouveau & de la violette.

L’arbrisseau qui porte le thé, s’appelle chaa par C. B. P. 147. thea frutex, bont. eronymo affinis, arbor orientalis, nucifera, flore roseo, Pluk. Phyt. mais cet arbrisseau est encore mieux défini par Kæmpfer : thea frutex, folio cerasi, flore rosæ sylvestris, fructu unicocco, bicocco, & ut plurimùm tricocco ; c’est-à-dire, qu’il a la feuille de cerisier, la fleur semblable à la rose des champs, & que son fruit n’a qu’une, ou deux, ou tout au plus trois coques : les Chinois le nomment theh, les Japonois tsjaa, ou tsjanoki.

Ce qu’il y a de plus commode dans une plante si débitée, c’est qu’elle n’occupe point de terrein qui puisse servir à d’autres ; ordinairement on en fait les bordures des champs de blé, ou de riz, & les endroits les plus stériles sont ceux où elle vient le mieux ; elle croît lentement, & s’éleve à la hauteur d’une brasse, & quelque chose de plus ; sa racine est noire, ligneuse, & jette irrégulierement ses branches ; la tige en fait de même de ses rameaux, & de ses rejettons ; il arrive assez souvent qu’on voit sortir ensemble du même tronc, plusieurs tiges si serrées l’une contre l’autre, & qui forment une espece de buisson si épais, que ceux qui n’y regardent pas d’assez près, croient que c’est un même arbrisseau ; au-lieu que cela vient de ce que l’on a mis plusieurs graines dans la même fosse.

L’écorce de cet arbrisseau est couverte d’une peau fort mince, qui se détache lorsque l’écorce devient seche ; sa couleur est de chataigne, grisâtre à la tige, & tirant sur le verdâtre ; son odeur approche fort de celle des feuilles du noisetier, excepté qu’elle est plus désagréable ; son goût est amer, dégoûtant, & astringent, le bois est dur, composé de fibres fortes & épaisses, d’une couleur verdâtre tirant sur le blanc, & d’une senteur fort rebutante quand il est verd ; la moëlle est fort adhérente au bois.

Les feuilles tiennent à une queue ou pédicule, court, gros, & vert, assez rond, & uni en-dessous,