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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/383

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While haughty Gallia’s dames, that spread
O’er their pale cheeks, an artful red,
Beheld this beauteous stranger there,
In native charms, divinely fair,
Confusion in their looks they shew’d,
And with unborrow’d blushes glow’d.

C’est-à-dire : « Quand les fieres dames de France, qui couvrent leurs joues pâles d’un rouge artificiel, apperçurent cette belle étrangere, brillante comme une divinité, quoique parée des seuls attraits qu’elle tient de la nature ; leurs regards annoncerent leur confusion ; une rougeur naturelle se répandit sur leur visage ».

Les aiguilles d’or ou d’argent, le poinçon, les fers étoient d’un grand usage à la toilette. Les aiguilles différoient, selon les divers arrangemens qu’on vouloit donner à sa coëffure, & quelquefois même la dame romaine à l’exemple de Vénus, prenoit l’aiguille & faisoit sa disposition : Ipsa caput distinguit acu.

La façon de coëffer varioit perpétuellement : « Vous ne savez, disoit Tertulien, aux dames de son tems, à quoi vous en tenir sur la forme de vos cheveux ; tantôt vous les mettez en presse, une autre fois vous les attachez avec négligence & leur rendez la liberté ; vous les élevez ou les abaissez, selon votre caprice ; les unes les tiennent avec violences dans leurs boucles, tandis que les autres affectent de les laisser flotter au gré des vents ». C’étoit l’envie de plaire qui fit imaginer toutes ces différences, & qui les perpétuera jusqu’à la fin du monde.

Les fers dont elles se servoient ne ressembloient point aux nôtres, ce n’étoit tout-au-plus qu’une grande aiguille que l’on chauffoit, & les boucles se formoient en roulant le cheveux, volvit in orbem. On les arrêtoit par le moyen d’une aiguille ordinaire. « Ne crains point, dit Martial, que les ornemens dont ta tête est parée dérangent les cheveux parfumés, l’aiguille en soutiendra la frisure, & tiendra les boucles en respect ». L’union en étoit telle, qu’une seule boucle qui n’avoit point été arrêtée, laissoit voir du désordre dans toutes les autres. Palagé qui avoit vû que ce défaut se trouvoit dans sa chevelure, traita impitoyablement une de ses femmes.

Il falloit pour l’ornement d’une tête, les dépouilles d’une infinité d’autres. Souvent elles en formoient des ronds qu’elles plaçoient derriere la tête, d’où les cheveux s’élevoient de leurs racines & faisoient voir tout le chignon, nunc in cervicem retrò suggestum. Elles donnoient quelquefois à leur coëffure un air militaire, c’étoit un casque qui leur enveloppoit toute la tête, in galeri modum, quasi vaginam capitis ; ou bien elles donnoient à leurs cheveux la forme d’un bouclier, scutorum umbilicos cervicibus adstruendo. Elles avoient des coëffures toutes montées de la façon des hommes, qui dans ce genre de travail s’acquéroient de la réputation, frustrà peritissimos quosque structores capillaturæ adhibetis.

Tertullien veut encore intéresser ici la délicatesse des femmes contre elles-mêmes ; il ne comprend pas que leur vanité puisse assez prendre pour ne pas leur donner de la répugnance à porter sur leurs têtes les dépouilles d’autrui, & sur tout des cheveux d’esclaves ; mais elles pouvoient lui répondre, que ces cheveux d’esclaves valoient bien ceux des plus grands seigneurs pour l’usage qu’elles en faisoient, & qu’enfin il ignoroit la tyrannie des modes.

Les dames romaines, à l’exemple des grecques, nouoient leurs cheveux, tantôt avec de petites chaînes d’or, tantôt avec des rubans blancs ou couleur de pourpre, chargés de pierreries. Elles se poudroient d’une poudre éclatante ; elles plaçoient dans leurs cheveux des poinçons garnis de perles. C’étoit de ces ornemens que Sapho s’étoit dépouillée dans l’ab-

sence de Phaon :

« Je n’ai pas eu, lui dit-elle, entre autres choses, le courage de me coëffer depuis que vous êtes parti, l’or n’a point touché mes cheveux ; pour qui prendrois-je la peine de me parer ? à qui voudrois-je plaire ? Du-moins cette négligence est conforme à mes malheurs, & le seul homme qui anime mes soins & ma vanité, est loin de moi ».

Le visage ne recevoit guere moins de façons que la chevelure. Le fard en particulier servoit à augmenter ou à gâter les couleurs naturelles. Voyez Fard & Rouge.

Les dames romaines avoient grand soin de leurs dents, & ne les lavoient d’ordinaire qu’avec de l’eau pure, en quoi on ne peut que les louer ; leurs cure-dents étoient de lentisque, & c’étoit encore une fort bonne idée ; mais quelquefois l’art se portoit jusqu’à tâcher de réparer les traits. Celles qui avoient les yeux enfoncés tâchoient de déguiser cet enfoncement ; elles se servoient pour cela de poudre noire, nigrum pulverem quo exordia oculorum producuntur ; on la faisoit brûler, le parfum ou la vapeur agissoit sur les yeux, qui s’ouvroient par-là & paroissoient plus coupés, oculos fuligine porrigunt.

Voilà quelques-uns des mysteres de la toilette des dames romaines ; les hommes efféminés avoient aussi la leur. « L’on tenoit le miroir d’Othon, comme une glorieuse dépouille remportée sur son ennemi ; le prince s’y miroit tout armé, lorsqu’il commandoit qu’on levât les drapeaux pour aller au combat. C’est une chose digne d’être placée dans les annales, que la toilette d’un empereur qui fait partie de son bagage ». (D. J.)

TOISE, s. f. (Archit.) mesure de différente grandeur, selon les lieux ou elle est en usage ; celle de Paris, dont on fait usage en quelques autres villes du royaume, est de six piés de roi. Son étalon ou mesure originale est au châtelet de Paris ; c’est pourquoi on l’appelle toise du châtelet.

On donne aussi le nom de toise à l’instrument avec lequel on mesure. Selon M. Ménage, le mot toise vient du latin tesa, dérivé de tensus, étendu.

Toise à mur. C’est une réduction de plusieurs sortes d’ouvrages de mâçonnerie, par rapport à une toise de gros mur, ainsi on dit toiser à mur de gros ou de légers ouvrages.

Toise courante. Toise qui est mesurée suivant sa longueur seulement, comme une toise de corniche, sans avoir égard au détail de ses moulures ; une toise de lambris, sans considérer s’il est d’appui ou de revêtement.

Toise cube, solide, ou massive. Toise qui est mesurée en longueur, largeur & profondeur ; elle contient 216 piés cubes.

Toise d’échantillon. On appelle ainsi la toise de chaque lieu où l’on mesure, quand elle est différente de celle de Paris, comme la toise de Bourgogne, par exemple, qui est de sept piés & demi.

Toise de roi. C’est la toise de Paris, dont on se sert dans tous les ouvrages que le roi fait faire, même dans les fortifications, sans avoir égard à la toise d’aucun lieu.

Toise quarrée, ou superficielle. Toise qui est multipliée par ses deux côtés, & dont le produit est de 36 piés.

Toise d’échantillon, (Mesure.) c’est celle de chaque lieu où l’on mesure lorsqu’elle n’a pas de rapport à celle de Paris. En Bourgogne elle est de sept piés & demi. Les arpenteurs, toiseurs, mâçons, couvreurs, &c. se servent d’une toise ronde, & les charpentiers d’une toise plate pour mesurer leur bois, parce que cette derniere s’applique plus juste sur les pieces ; l’une & l’autre est divisée en piés, en pouces & en lignes. Toise se dit aussi de la chose mesurée ; une toise de corde, une toise de moilon, une toise de