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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/402

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s’etendant, obligera à se laisser tomber sur le pié gauche à la deuxieme position, ce qui est un demi-jetté, qui se fait en sautant à demi.

On prévient ce pas par un autre qui lui fait changer de nom. Il peut être devancé, par exemple, par un coupé ou un tems grave, & même très-souvent par un pas assemblé, ce qui lui fait porter le nom de gaillarde. Voyez Gaillarde.

TOMBELIER, s. m. terme de Voiturier, il faudroit dire tomberier ; c’est un charretier qui conduit un tombereau pour transporter des terres, des pierres, des décombres, &c. d’un lieu à un autre. (D. J.)

TOMBER, v. n. (Gram.) c’est changer de lieu par l’action de la pesanteur. On dit la vîtesse des graves s’accélere en tombant. Les eaux tombent des montagnes. Les feuilles commencent à tomber. Les plumes tombent aux oiseaux. L’ennemi tomba sur notre arriere-garde & la dispersa. Tomber en quenouille. La foudre tombe quelquefois sur les lieux saints. Le brouillard tombe, nous aurons beau tems. Le vent est tombé. Ce manteau tombe trop bas. Ces fortifications tombent en ruine. Il est tombé en apoplexie. Les chairs tombent en pourriture. Sa fluxion lui est tombée sur la poitrine. Cette maison m’est tombée en partage. Les chiens sont tombés en défaut. Le sort est tombé sur lui. Il est tombé entre les mains de son ennemi. Ce trait satyrique tombe sur lui. Les plus parfaits tombent quelquefois. Il est tombé dans une grande faute. Je tombe dans ce sens. Cette piece est tombée à la premiere représentation. Il est tombé dans une erreur très-délicate. Nous tombâmes enfin sur cette matiere. Le poids de cette pendule est tout-à-fait tombé. D’où l’on voit qu’à-travers toute la variété de ses acceptions, le verbe tomber conserve quelque chose de son idée primitive.

Tomber, (Marine.) c’est pencher ou cesser. Ainsi un mât, une galere tombent, quand ils penchent ; le vent tombe quand il cesse, & qu’il fait place au calme. Ce terme a encore d’autres significations, selon qu’il est joint avec d’autres termes, comme on le verra dans les articles suivans.

Tomber sous le vent, (Marine.) c’est perdre l’avantage du vent qu’on avoit gagné, ou dont on étoit en possession, ou qu’on tâchoit de gagner.

Tomber sur un vaisseau, (Marine.) c’est arriver & fondre sur un vaisseau.

TOMBEREAU, s. m. terme de Charron, c’est une sorte de charrette dont le fond & les deux côtés sont faits de grosses planches enfermées par des gisans.

Un tombereau sert à transporter les choses qui tiennent du liquide, comme les boues, les ordures des rues, ainsi que le sable, la chaux, les terres, gravois, & choses semblables.

Du Cange dérive ce mot de tombrellum, dont les Anglois ont fait tumbrel, que Dodwell dit avoir été une espece de charrette, sur laquelle on promenoit par les villes d’Angleterre les femmes coupables d’adultere, & qu’en quelques lieux on plongeoit plusieurs fois dans l’eau, ce qu’on appelloit la peine du tumbrel.

Tombereau désigne aussi la charge d’une charrette faite en tombereau. (D. J.)

TOMBERELLE ou TONNELLE, s. f. (Chasse.) c’est une espece de filet qui a 15 piés de queue pour prendre les perdrix ; le chasseur après l’avoir bien tendu contre terre, passe d’un autre côté, par-derriere les perdrix, & les chasse doucement vers la tonnelle en poussant devant soi un bœuf ou une vache de bois peint, ou il prend de la toile peinte en couleur de vache, avec une tête d’osier, oreilles, cornes & col qui imitent le naturel de la vache, & une sonnette que le chasseur portera au col, & ainsi suivant les perdrix, il les amene toutes dans la tonnelle. A l’embouchure de la tonnelle on dresse un pan de filets de

chaque côté en angle obtus, pour que les perdrix donnent plus facilement dans la tonnelle, quand elles en sont proche, on les presse davantage, & dès qu’elles y sont entrées, on court sur le filet pour les prendre. On peut tonneller en tout tems & à toutes les heures du jour, principalement le matin & le soir ; les perdrix chantent une heure après le jour, ce qui les découvre ; on se sert de la vache artificielle pour approcher tous les oiseaux de passage & sauvages. Tonneller, c’est chasser à la tonnelle ; tonnelleurs, sont ceux qui chassent à la tonnelle.

TOMBISSEUR, s. m. (Venerie.) c’est le nom qu’on donne au premier des oiseaux qui attaque le héron dans son vol ; on l’appelle tombisseur ou haussepié.

TOMBOUBITSI, s. m. (Hist. nat. Botan.) arbre de l’île de Madagascar, dont les voyageurs ne nous apprennent rien, sinon que le cœur de son bois est d’un jaune orangé.

TOMBUT, (Géog. mod.) royaume d’Afrique dans la Nigritie. Il est borné au nord par le royaume de Combour, au midi par la Guinée, au levant par le royaume de Gabi, & au couchant par les Mandingues ; c’est un pays qui contient plusieurs mines d’or & de cuivre, & qui produit du blé, du riz & autres grains nécessaires à la vie. Le roi de Tombut est de tous les princes de la Nigritie le plus riche & le plus puissant. Il réside dans la capitale qui porte le même nom, & qui est située à quelque distance du Niger ; c’est une ville considérable par l’abord des marchands de Barbarie & des autres pays voisins, qui y font un grand commerce. Léon d’Afrique dit que cette ville a été fondée l’an 1213 par un prince de Barbarîe, appellé Monsa Suleiman. Longit. 14. 5. latit. 15. 34. (D. J.)

TOME, (Gram. & Littérat.) espece de division d’un ouvrage. Il y a quelquefois plusieurs tomes dans un volume, & quelquefois aussi il y a plusieurs volumes, sans qu’il y ait de tomes ; ainsi un ouvrage en vingt tomes n’est pas la même chose qu’un ouvrage en vingt volumes, ni un ouvrage en vingt volumes la même chose qu’un ouvrage en vingt tomes. Cependant ces deux mots se prennent assez souvent l’un pour l’autre, & l’on dit indistinctement, j’ai perdu un volume ou un tome de l’histoire romaine.

TOMENTUM, s. m. signifie proprement de la bourre ou des flocons ce laine ; mais les anatomistes emploient ce terme pour marquer cette espece de duvet qui vient sur les feuilles de certaines plantes, qui à cause de cela sont nommées tomentosæ, comme le gramen tomentosum, le carduus tomentosus, &c.

M. Winslow observe une sorte de tomentum ou de duvet dans les vaisseaux secrétoires des glandes ; & c’est par-là qu’il explique la sécrétion des différentes liqueurs qui se séparent du sang. Voyez Sang.

TOMES, (Géog. anc.) Tomi, ville de la basse Moesie, vers l’embouchure du Danube, près du Pont-Euxin. Tous les géographes en parlent ; Pomponius Méla, l. II. c. ij. Ptolomée, l. III. c. x. &c. Etienne le géographe écrit Tomeus ; & sur une médaille de Caracalla on trouve cette inscription : ΤΡΟΠ ΠΟΝΤΟΥ ΤΟΜΕΩϹ.

Ovide dans ses tristes, l. III. élég. 9, s’est amusé à donner l’origine fabuleuse de la ville de Tomes, où il étoit malheureusement relégué, & ce morceau est très-ingénieux. Il nomme Tomitæ les habitans de Tomes ; cette ville peu considérable du tems de Strabon, s’accrut dans la suite. La table de Peutinger la représente avec toutes les marques des grandes villes ; & la notice d’Hiéroclès en fait la métropole de la Scythie, ou de la nation des Scythes soumis à l’empire. On croit que l’ancienne Tomes est aujourd’hui Kilianova, bourg de Bessérabie, vers l’embouchure la plus septentrionale du Danube. (D. J.)

TOMIAS, (Antiq. greq.) nom donné au sacrifi-