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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/433

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n’auroit pas détruit si lestement des livres précieux sur la religion, les arts, & les sciences ; puisque c’est par eux seuls qu’on peut être véritablement instruit de la littérature arabique & orientale.

Leur conservation n’empêchoit point Ximenès de nous donner sa belle édition de 1500 & 1502. des bréviaires & des missels mozarabes, dont il rétablit l’office ancien. Il a, dit-on, composé quelques ouvrages qui sont dans les archives d’Alcala. Je m’étonne que Rome n’ait pas canonisé ce cardinal, dont le nom se trouve écrit avec la qualité de saint & de bienheureux, dans sept martyrologes d’Espagne. Il ne fit point de miracles, me dira-t-on ; mais les Espagnols en citent plusieurs rapportés dans M. Fléchier. J’imagine donc que ni Charles-Quint, ni les moines, ne requirent cette canonisation, & l’on sait que les graces de Rome veulent être sollicitées & payées. (Le chevalier de Jaucourt.)

TORRENT, s. m. eau qui coule avec une grande violence, & dont le débordement fait quelquefois de grands ravages. Voyez Inondation, Débordement.

Torrent, (Critique sacrée.) le mot hébreu qui signifie torrent, se prend aussi pour vallée ; l’Ecriture les met souvent l’un pour l’autre ; & attribue au premier mot, ce qui ne convient qu’au dernier ; par exemple, Genes. xxvj. 17. venit ad torrentem Geraræ : il faut traduire, il vint à la vallée de Gérare.

L’Ecriture donne encore quelquefois le nom de torrent, à de grands fleuves, comme au Nil, à l’Euphrate, &c. Enfin, comme il y avoit plusieurs torrens qui couloient dans la Palestine, & que les uns y faisoient beaucoup de bien, & d’autres beaucoup de mal, ce mot a donné lieu à ces façons de parler métaphoriques, un torrent de délices, Ps. xxxv. 9. un torrent de soufre, Is. xxx. 33. Mais torrent se prend d’ordinaire en un sens défavorable ; & c’est pour cela qu’il signifie l’affliction, la persécution, la terreur : « les détresses de la mort m’ont environné ; les torrens de Bélial m’ont épouvanté ». II. Rois, xxij. 5. (D. J.)

Torrent, (Géog. mod.) en latin torrens, en grec cheimarros, en hébreu nachal. On distingue le torrent du fleuve, en ce que le fleuve coule toujours, & que le torrent ne coule que de tems-en-tems ; par exemple, après les grandes pluies, ou la fonte des neiges.

Comme le terme hébreu nachal, signifie une vallée, aussi-bien qu’un torrent, souvent dans l’Ecriture, on met l’un pour l’autre ; par exemple, le torrent de Gérare, pour la vallée de Gérare L’équivoque en cela n’est pas fort dangereuse, puisque les torrens se trouvent ordinairement dans les vallées ; mais il est bon de la remarquer, parce qu’on attribue quelquefois à la vallée, ce qui ne convient qu’au torrent : par exemple, à la vallée de Cédron, ce qui doit s’entendre du torrent de même nom.

On n’observe pas toujours dans l’Ecriture la distinction qui se trouve entre le torrent & le fleuve ; & souvent on prend l’un pour l’autre, en donnant le même nom à de grandes rivieres, comme l’Euphrate, le Nil, le Jourdain ; & à des rivieres qui coulent toute l’année, comme le Jabok & l’Arnon. On donne au Nil le nom de torrent d’Egypte : dans les Nombres, xxxiv. 5. Josué, xxv. 4. & 47. Isaïe, xxvij. 12. & à l’Euphrate, Psalm. CXXIII. 5. & dans Isaïe, ce fleuve est nommé le torrent des Sauls, Isaïe, xv. 7. D. Calmet, Dictionn. (D. J.)

TORRÈS, la, (Géog. mod.) en latin Lacer, riviere de Sardaigne : elle prend sa source dans la vallée de Bunnari, s’enfle par la jonction de l’Ottara, & de plusieurs ruisseaux, & se jette dans la mer au-dessous du pont Saint-Gavin de Torrés. (D. J.)

Torrés-Novas, (Géog. mod.) ville de Portu-

gal, dans l’Estramadure, à une lieue au nord du Tage, sur la petite riviere d’Almonda, à cinq lieues au

nord-est de Santoren ; elle a titre de duché, un château, quatre paroisses, & deux couvens. Long. 10. 2. latit. 39. 24. (D. J.)

Torrés-Vedras, (Géog. mod.) ville de Portugal, dans l’Estramadure, au nord du Tage, proche l’Océan, à sept lieues de Lisbonne, avec titre de comté, un château, & quatre paroisses dépeuplées. Long. 9. 12. latit. 39. 8. (D. J.)

TORRHEBUS, (Géog. anc.) ville de Lydie ; Etienne le géographe dit qu’elle tiroit son nom de Torrhebus fils d’Atys, & que les habitans étoient nommés Torrhebii ; Denis d’Halicarnasse les appelle néanmoins Torybi. Il y a dans la Torrhébide, ajoute Etienne le géographe, une montagne nommée mons Carius ; & sur cette montagne on voit le temple de Carius, qui étoit fils de Jupiter & de Torrhébia.

TORRICELLI, tube de, ou Expérience de Torricelli, (Phys.) est une expression que l’on trouve souvent dans les écrits des Physiciens ; Torricelli étoit un disciple du grand Galilée, fameux par ses expériences sur la pesanteur de l’air ; & le tube de Torricelli est un tuyau de verre, comme AB, (Pl. pneum. fig. 6. n°. 2.) d’environ trois piés de long, & de quelques lignes de diametre.

Son orifice supérieur est fermé hermétiquement.

L’expérience de Torricelli se fait de cette maniere : on emplit de mercure le tube AB, ensuite on bouche avec le doigt l’orifice B ; on renverse le tube, & l’on enfonce le même orifice dans un vaisseau rempli d’autre mercure DC. Cela fait, on retire le doigt, & l’on soutient le tube perpendiculairement sur la surface du mercure qui est dans le vaisseau, de maniere qu’il y plonge un peu.

Alors une partie du mercure qui est dans le tube, tombe dans celui qui est dans le vaisseau, & il en reste encore assez dans le tube pour l’emplir à la hauteur de 27 à 29 pouces au-dessus de la surface du mercure qui est dans le vaisseau.

Si le tube est précisément de 27 pouces, il ne descendra pas du tout de mercure ; mais le tube restera tout plein. Enfin, si on fait la même expérience avec des tubes de différentes longueurs, figures, & capacités, & différemment inclinés ; dans tous la surface de la colonne de mercure sera toujours élevée au-dessus du mercure qui est dans le vaisseau, précisément de la même hauteur de 27 à 28 pouces ; pourvu cependant que le diametre du tuyau ne soit pas trop étroit, & qu’on ait bien pris garde en l’emplissant de chasser toutes les petites bulles d’air qui auroient pû rester entre le mercure & le tuyau.

Cette colonne de mercure se soutient dans le tube par la pression de l’atmosphère sur la surface du mercure qui est dans le vaisseau ; & selon que l’atmosphère se trouve plus ou moins pesante, ou, selon que les vents condensent ou dilatent l’air, & qu’ils en augmentent ou diminuent le poids & le ressort, le mercure hausse ou baisse plus ou moins dans le tube.

Si l’on n’emplit pas tout-à-fait le tuyau de mercure, alors quand le mercure descend, il reste de l’air dans la partie supérieure du tuyau ; & cet air faisant en partie équilibre avec l’air extérieur, le mercure descend plus bas, parce que la colonne de mercure qui doit rester suspendue dans le tuyau, n’est alors soutenue que par l’excès de pression de l’air extérieur sur la pression de l’air qui est resté dans le tuyau. Voyez Air & Atmosphere.

Le tube de Torricelli est ce que nous appellons aujourd’hui le barometre. Voyez Barometre. Chambers. (O)

TORRIDE, adj. (Géog. & Physiq.) signifie brûlant.