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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/460

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Le support de cette sorte de tour, représenté Pl. III. fig. 2. est le plus composé de tous, il consiste ainsi que celui du précédent, en une fourchette D qui est recouverte, & en une piece BC qui est fixée de quel côté on veut, par le moyen de la vis E ; ces pieces sont de cuivre ; aux deux côtés de la partie verticale B sont des coulisses dans lesquelles la piece de fer F, qui est fendue dans sa partie horisontale & à ses extrémités, peut se mouvoir & être arrêtée par les écrous f. Pour fixer les outils sur ce support, car dans cette sorte d’ouvrage ils demandent d’être bien affermis, on se sert d’une piece A qu’on appelle crochet, dont on fait passer les extrémités ab par la fente de la partie horisontale du support, de sorte qu’il soit accroché au dessous ; on place ensuite un outil I, que l’on tient de la main droite sur le support, le manche H du crochet par dessus, sur lequel on appuie fortement de la main gauche, ce qui affermit l’outil. Voyez la fig. 2. Pl. III. n°. G.

On affermit aussi l’outil sur le support, par le moyen d’une boëte ou noix semblable à celle qui retient la fourchette du tour des horlogers. Voyez dans les outils d’horlogerie.

L’ouvrage que l’on applique sur le tour à figurer, doit être dégrossi & arrondi auparavant sur le tour à lunette, où il se monte sur des mandrins ; les outils avec lesquels on travaille, sont des biseaux ou becs d’âne, figurés ainsi que le dessein que l’on veut exécuter exige. Voyez les noms & la description de tous ces outils, ci-devant & Pl. I. du tour, & à leur article.

Tour elliptique, ou à tourner des ellipses, est une machine qui s’adapte sur le tour à lunette : il est composé de deux platines & d’un anneau. La grande platine qui est ronde, Planche V. fig. 1. est percée de deux tours, qu’on appelle fenêtres, marquées dans la figure SS. Elle a deux coulisses, AB, CD, qui sont retenues sur la platine par le moyen de quatre vis ABCD, qui ont leurs têtes gaudronnées afin d’avoir plus de prise. Les trous des coulisses par où passent les vis, sont de forme elliptique pour que les deux coulisses puissent se rapprocher l’une de l’autre ; ce qui se fait par le moyen des quatre pilons & des quatre vis ABCD. L’espace que laissent entr’elles les coulisses, est occupé par la petite platine, fig. 2. qui est un cercle dont on a retranché deux segmens. Les côtés AB, CD, sont en biseau incliné au plan de la platine de 45 ; cette platine coule entre les coulisses AB, CD, fig. 1. dom les biseaux recouvrent exactement ceux de la platine, comme on le peut voir par les lignes ef, du profil fig. 3. Les écrous EF, fig. 2. retiennent les petits T, fig. 6. ainsi nommés à cause de leur figure, à la platine mobile. La partie quarrée des petits T glisse dans les fenêtres SS de la grande platine ; l’assiette G, & la vis H servent pour monter les mandrins. On voit comment les petits T traversent la grande platine dans la figure 4. qui est l’envers de la premiere ; l’assiette i & l’écrou k que l’on y voit, servent pour monter toute cette machine sur l’arbre.

L’anneau que l’on voit représenté, figure 5. est une portion O de cylindre concavo-convexe ou cylindre creux. Elle est attachée sur une plaque NN, perpendiculaire à l’axe du cylindre qui est parallele à celui du tour. Les parties NN de la plaque, & qu’on appelle oreilles, sont percées par des fenêtres dont la longueur s’étend du même sens que celle de la plaque. Toute cette piece s’applique contre la poupée à lunette A, qui a deux oreilles PP, ensorte que l’assiette i & la vis k des mandrins, passent dans la concavité du cylindre, ensorte cependant que la vis k n’outrepasse point la base antérieure du cylindre. Cette piece est retenue appliquée contre la poupée par le moyen des vis à tête LM, dont la tige traverse

les fenêtres NN de la plaque de l’anneau, & vont pénétrer dans les oreilles de la poupée, où ils sont retenus par des pas d’écrous.

On visse ensuite les deux platines assemblées sur l’assiette I des mandrins. Le côté de la figure 4. tourne vers l’anneau, ensorte que les T, EF, le touchent extérieurement, voyez fig. 7. Si alors on fait tourner l’arbre ik, & par conséquent les platines montées dessus, & que l’anneau soit excentrique à l’arbre, c’est-à-dire n’ait point l’arbre à son centre, on verra la petite platine sur laquelle l’ouvrage est monté, glisser alternativement dans les coulisses de l’autre qui tourne rond avec l’arbre.

Pour bien entendre comment cette construction donne des ellipses, il faut remarquer, figure 7. que si autour du point k, qui est le centre de l’arbre, on fait tourner un plan dans lui-même, c’est-à-dire comme tourne un plan perpendiculaire à l’axe, que tous les points de ce plan décriront des cercles ; que si on a la pointe d’un burin au point B, que le point A également éloigné du centre k, que la pointe B viendra la trouver en décrivant l’arc AB, ce qui reviendra au même que si la pointe B avoit parcouru le même arc AB, en allant de B en A.

Il en sera de même d’un autre point a, qui décrira un arc de cercle ag, concentrique au premier ; mais si le rayon ka se raccourcissoit en s’inclinant au rayon kg, ensorte que le point a passât par b, moins éloigné du centre k, la courbe que décriroit ce point ne seroit point un arc de cercle ; c’est ce que fait notre machine dont l’anneau est représenté par le cercle excentrique dnyez, ces petits T qui comprennent l’anneau par ux, la direction des coulisses par ux. Il est sensible que si en tournant, on fait incliner la ligne xu à l’horisontale gf, que l’extrémité e du Tx glissera sur l’axe ez du cercle excentrique ; ce qui ne pourra se faire lorsque le point u s’approche du point k, les deux T ne quittant jamais la circonférence de l’anneau, ensorte que lorsque la ligne ux coincidera avec l’horisontale gf, les Tux auront pris la position yz, ce qui fera parcourir à un point a, monté sur la même platine que les T, un arc ab d’ellipse, au lieu d’un arc de cercle ag. Ce qui revient au même que si la pointe du burin placée en b, décrivoit ce même arc en allant de b en a. Présentement si la machine continue de tourner, le rayon uk, qui par mk, nk, est devenu yk, s’alongera en passant par les degrés ok, vk, & deviendra xk. C’est cet alongement & ce racourcissement qui font la différence des deux axes, qui est toujours double de l’excentricité de l’anneau.

Tour, s. f. (Hist. mod.) on donne aussi quelquefois ce nom à une forteresse qui sert de prison d’état, telle que la tour de Londres.

Cette fameuse tour est non seulement une citadelle qui défend & commande la ville, la Tamise, &c. mais c’est encore une maison royale où les rois d’Angleterre ont quelquefois tenu leur cour ; un arsenal royal qui renferme des armes & des munitions de guerre pour 60000 hommes ; un trésor où l’on garde les joyaux & les ornemens de la couronne ; une monnoie où l’on fabrique les especes d’or & d’argent. Là sont aussi les grandes archives du royaume, où l’on conserve tous les anciens registres de la cour de Westminster, & les rôles ou terriers de tout ce que les rois d’Angleterre possédoient autrefois en Normandie, en Guienne, & les fiefs de leur mouvance, &c. Enfin c’est la prison principale où l’on renferme les criminels d’état, ou comme on dit de haute trahison. Voyez Arsenal, Monnoie, &c.

Au milieu est la grande tour blanche & quarrée, qui fut bâtie par Guillaume le conquérant. Dans l’enceinte de la tour est une église paroissiale exempte de