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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/525

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les évêques de cette ville transporterent leur siege à Trajectum ad Mosam, & en prirent le nom de Trajectenses episcopi, comme nous l’apprenons de leurs vies. Grégoire de Tours, hist. l. II. c. v. qui est le plus ancien auteur qui parle de cette ville, l’appelle trajectensis urbs. Ce nom fut dans la suite corrompu en différentes façons. On écrivit Trijectum, oppidum trijectense, municipium Trejectum, districtum Trectis. Enfin on trouve cette ville nommée Triectum sur cinq médailles des anciens rois de France recueillies par Botarotius. Elles ont toutes cinq cette inscription, Triecto Fit.

3°. Trajectus, lieu de la grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin le marque sur la route d’Isca à Calleva, entre Abon & Aquæ-solis, à neuf mille pas du premier de ces lieux, & à six milles du second. Je demande le nom moderne à M. Gale. (D. J.)

TRAJET, s. m. (Gram.) espace qui sépare un lieu d’un autre, & qu’il faut traverser pour arriver du premier au second. On dit le trajet de Calais à Douvre, & le trajet de Paris à Vienne ; ainsi il est indifférent que les lieux soient séparés par des terres ou des eaux.

TRAJETTO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, vers l’embouchure du Garigliano, sur une côte près des ruines de l’ancienne Minturnæ. Longit. 31. 56. latit. 41. 5. (D. J.)

TRAIGUERA, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, aux confins de la Cerdagne, du côté de Tortose ; elle est entourée d’une muraille, & ses environs sont fertiles en blé, en vin, & en huile. (D. J.)

TRAILLE, s. f. (Archit.) nom qu’on donne sur les grandes rivieres à ces bateaux qui servent à passer d’un bord à l’autre qu’on appelle autrement ponts-volans. On voit des trailles sur le Rhin, sur le Rhône, sur la Meuse, &c. Les trailles font le même effet sur les grandes rivieres, que font les bacs sur les petites. On les attache à un point fixe construit exprès au milieu du fleuve par une corde assez longue, pour atteindre du-moins de ce centre aux deux rivages. Cette corde attachée par un bout à ce point fixe, centre du mouvement, l’est par l’autre au flanc de la traille, & se soutient sur la surface de l’eau par le moyen de quelques morceaux de liége qu’on y attache à des distances raisonnables. En lâchant cette traille d’une des rives du fleuve, & la laissant aller au fil de l’eau, elle va gagner l’autre rivage en décrivant une portion de cercle, dont ce point fixe du milieu du fleuve est le centre, & la corde le rayon. (D. J.)

TRAIN, s. m. (Gram.) se dit de la suite ou de ce qui accompagne un grand seigneur, ou d’une queue de robe, ou d’une robe d’état.

Train d’artillerie, (Fortification.) se dit du canon, des mortiers, & de toutes les especes de munitions concernant le détail de l’artillerie, qui sont à la suite des armées ; c’est aussi ce que l’on nomme équipage d’artillerie.

Il est difficile d’établir sur des principes sûrs & constans, quel doit être l’équipage ou le train d’artillerie d’une armée, parce que cet équipage doit être relatif à la force de l’armée, aux entreprises qu’elle doit exécuter, & à la nature du pays où elle doit agir.

La principale partie d’un train d’artillerie est le canon. Si l’on ne considere que les avantages qui en résultent dans les actions militaires, il paroîtra qu’on ne peut en avoir un trop grand nombre ; mais outre qu’une artillerie fort nombreuse est d’une très-grande dépense, elle cause du retardement & de l’embarras dans les marches, & elle donne lieu à une très grande consommation de fourrage par la quantité de chevaux nécessaires pour la transporter & pour voiturer toutes les différentes especes de munitions dont elle a besoin.

Les anciens ingénieurs estimoient qu’il suffisoit dans les armées d’une piece de canon par mille hommes ; mais aucun auteur au-moins que nous connoissions, ne donne les raisons de cette fixation.

Comme l’artillerie doit couvrir & protéger le front des armées, on peut présumer qu’ils croyoient qu’une piece de canon défendoit suffisamment le terrein occupé par mille hommes. L’infanterie étant alors à huit de hauteur, & les files étant moins serrées qu’elles ne le sont aujourd’hui, chaque homme pouvoit occuper à-peu-près deux piés & demi ; dans cette disposition, mille hommes occupoient environ un espace de 50 toises.

Les troupes étant actuellement en bataille sur moins de hauteur, ce qui en augmente le front, il est clair qu’il faut une artillerie plus nombreuse pour garnir le front d’une armée de la même maniere qu’il l’étoit lorsque les troupes étoient en bataille sur plus de profondeur. Aussi paroît-il qu’on ne suit plus, au-moins dans les pays où l’artillerie peut se transporter aisément, l’ancienne proportion d’une piece pour mille hommes. Dans l’armée de Flandres en 1748, il y avoit 116 pieces de canon.

savoir & 14 du calibre de 16
16 de celui de 12
30 de celui de 8
86 de celui de 4
10 pieces à la suédoise,
total 156 pieces.

Cette armée étoit d’environ 114 mille hommes, sans le corps détaché aux ordres de M. le comte de Clermont, qui avoit son artillerie particuliere, ce qui fait une piece de canon pour environ 740 hommes, mais cette armée étoit à portée d’augmenter son artillerie par les entrepôts des places voisines, si elle en avoit eu besoin.

Le choix des différentes pieces dont on compose le train ou l’équipage d’artillerie d’une armée, dépend des opérations qu’elle doit exécuter, & des pays qu’elle doit traverser. Dans un pays de montagnes, on ne peut se charger que de pieces légeres ; on y emploie même souvent une ou deux brigades de petites pieces à dos de mulet. Le goût du général influe aussi quelquefois dans le choix des pieces dont le train d’artillerie est composé ; mais en général il faut autant qu’il est possible, en avoir de toutes les especes pour en faire usage, suivant les différentes occasions. Il est à-propos d’y joindre aussi plusieurs obus ou obusiers, qui servent également dans les siéges & dans les batailles. Comme les bataillons ont actuellement chacun en campagne une piece de canon à la suédoise, ces pieces doivent diminuer le nombre de celles de 4 qu’on employoit auparavant dans la formation de l’équipage d’artillerie, & augmenter celui des pieces de 16 & de 12 qui sont suffisantes, lorsqu’il ne s’agit point de faire des siéges.

Dans les guerres du tems de Louis XIV, on se contentoit dans les équipages d’artillerie les plus considérables, d’avoir des munitions pour tirer cent coups de chaque piece, ce qui paroissoit suffisant pour une bataille quelque longue qu’elle pût être, mais dans les dernieres guerres, on a doublé ces munitions ; on a voulu qu’il y en eût pour tirer deux cens coups de chaque piece.

Dans la distribution de poudre que l’on fait aux troupes, on ne leur en donne qu’une demi-livre pour une livre de plomb. A l’égard de la poudre pour la consommation des boulets, on la regle au tiers de leur poids, & c’est en quoi les tables rapportées dans les mémoires d’artillerie de Saint-Remy se trouvent fautives. Nous renvoyons pour le détail de tout ce qui compose un équipage d’artil-