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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/135

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fortifications irrégulieres, qui sont bien plus communes que les régulieres. (Q)

* Bastion, se dit en Medecine, des parties qui servent d’enveloppe & comme de rempart à d’autres : tel est le thorax, par rapport au cœur & aux poumons, & le crane, qui semble fait pour défendre le cerveau.

* Bastion de France, (Géog.) place d’Afrique sur la côte de Barbarie, au royaume d’Alger, au nord-est de Bonne.

* BASTOGNACK, ou BASTOGNE, (Géog.) petite ville des Pays-bas dans le duché de Luxembourg. Lon. 23. 30. lat. 50. 10.

* BASTON, (Géog.) ville de l’Amérique septentrionale dans la nouvelle Angleterre, mieux connue sous le nom de Boston.

BASTUDE, s. f. (Pêche.) c’est une espece de filet dont on se sert pour pêcher dans les étangs salés. L’ordonnance de 1681 fait défenses aux pêcheurs qui se servent d’engins, appellés fichûres, de prendre les poissons enfermés dans les bastudes, à peine de punition corporelle. (Z)

* BASVILLE, (Géog.) ville de l’Amérique avec port, dans la Martinique.

* BASURURE, (Géog.) riviere de l’Amérique méridionale dans le pays des Caraïbes : elle se jette dans la riviere des Amazones.

BAT, BATTOLOGIE, BUTUBATA, (Gram.) En expliquant ce que c’est que battologie, nous ferons entendre les deux autres mots.

Battologie, subst. f. c’est un des vices de l’élocution ; c’est une multiplicité de paroles qui ne disent rien ; c’est une abondance stérile de mots vuides de sens, inane multiloquium. Ce mot est Grec, βαττολογία, inanis eorundem repetitio ; & βαττολογέω, verbosus sum. Au ch. vj. de S. Matthieu, v. 7. Jesus-Christ nous défend d’imiter les payens dans nos prieres, & de nous étendre en longs discours & en vaines répétitions des mêmes paroles. Le Grec porte, μὴ βαττολογήσητε, c’est-à-dire, ne tombez pas dans la battologie ; ce que la vulgate traduit par nolite multum loqui.

A l’égard de l’étymologie de ce mot, Suidas croit qu’il vient d’un certain Battus, poëte sans génie, qui répétoit toûjours les mêmes chansons.

D’autres disent que ce mot vient de Battus, roi de Libye, fondateur de la ville de Cyrene, qui avoit ; dit-on, une voix frêle & qui bégayoit : mais quel rapport y a t-il entre la battologie & le bégayement ?

On fait aussi venir ce mot d’un autre Battus, pasteur, dont il est parlé dans le II. livre des Métamorphoses d’Ovide, v. 702. qui répondit à Mercure : sub illis montibus, inquit, erant, & erant sub montibus illis. Cette réponse qui répete à-peu-près deux fois la même chose, donne lieu de croire qu’Ovide adoptoit cette étymologie. Tout cela me paroît puérile. Avant qu’il y eût des princes, des poëtes, & des pasteurs appellés Battus, & qu’ils fussent assez connus pour donner lieu à un mot tiré de quelqu’un de leurs défauts, il y avoit des diseurs de rien ; & cette maniere de parler vuide de sens, étoit connue & avoit un nom ; peut-être étoit-elle déjà appellée battologie. Quoi qu’il en soit, j’aime mieux croire que ce mot a été formé par onomatopée de bath, espece d’interjection en usage quand on veut faire connoître que ce qu’on nous dit n’est pas raisonnable, que c’est un discours déplacé, vuide de sens : par exemple, si l’on nous demande qu’a-t-il dit ? nous répondons bath, rien ; patipata. C’est ainsi que dans Plaute, ( Pseudolus, act. I. sc. 3. ) Calidore dit : quid opus est ? à quoi bon cela ? Pseudolus répond : Potin aliam rem ut cures ? vous plaît-il de ne vous point mêler de

cette affaire ? ne vous en mettez point en peine, laissez-moi

faire. Calidore replique at… mais….. Pseudolus l’interrompt en disant bat : comme nous dirions ba, ba, ba, discours inutile, vous ne savez ce que vous dites.

Au lieu de notre patipata, où le p peut aisément être venu du b, les Latins disoient butubata, & les Hébreux בית״ בתע bitutote, pour répoudre à une façon de parler futile. Festus dit que Nævius appelle butubata ce qu’on dit des phrases vaines qui n’ont point de sens, qui ne méritent aucune attention : butubata Noevius pro nugatoriis posuit, hoc est nullius dignationis. Scaliger croit que le mot de butubata est composé de quatre monosyllabes, qui font fort en usage parmi les enfans, les nourrices & les imbéciles ; savoir bu, tu, ba, ta : bu, quand les enfans demandent à boire ; ba ou pa, quand ils demandent à manger ; ta ou tatam, quand ils demandent leur pere, où le t se change facilement en p ou en m, maman : mots qui étoient aussi en usage chez les Latins, au témoignage de Varon & de Caton ; & pour le prouver, voici l’autorité de Nonius Marcellus au mot {{lang|la|buas. Buas, potionem positam parvulorum. Var. Cato, vel de liberis educandis. Cum cibum ac potionem buas, ac papas docent & matrem mammam, & patrem tatam. (F)

Bat, s. m. (Commerce.) petite monnoie de billon de Suisse, dont on ne peut que difficilement évaluer la valeur. Plusieurs cantons en fabriquent à différens titres & poids. Pour donner la valeur d’un bat, celui de Zuric vaut deux sous & cinq sixiemes de denier, argent de France. Il faut encore distinguer les bons bats des communs.

Bat, (Manege & Maréchallerie.) c’est une espece de selle de bois qu’on met sur les ânes, mulets & chevaux, pour y ajuster des paniers ou autres machines destinées à porter des fardeaux. Les bâts communs ne sont autre chose qu’une espece d’arçon composé de deux fûts de bois, joints avec des bandes de même matiere. Chaque fût est accompagné d’un crochet, pour tenir les cordes qui soûtiennent aux deux côtés du bât des paniers, des ballots ou des échelettes. Le dessous du bât est garni de panneaux : on y ajoûte une sangle, ou bien on fait passer un surfaix par-dessus. On attache au fût de derriere une courroie qui sert de croupiere. Voyez Panneau, Surfaix, Croupiere

Un cheval de bât est un cheval destiné à porter des fardeaux sur un bât, soit à la guerre, en route, ou dans les messageries. (V)

* Bat, s. m. chez les marchands de poisson, c’est la queue du poisson : le grand poisson, disent-ils, se mesure entre queue & bat.

* BATA, (Géog.) ville d’Afrique, capitale de la province de même nom au royaume de Congo.

BATADEUR, s. m. au jeu de Revertier, sont les dames qui font surcase sur la même fleche où il y en a déjà d’accouplées. Elles sont nommées batadeur, parce qu’elles servent à battre les dames découvertes, sans qu’on soit obligé à se découvrir soi-même.

* BATAILLE, COMBAT, ACTION, Gramm. La bataille est une action plus générale, & ordinairement précédée de préparations : le combat est une action plus particuliere, & moins prévûe. On peut dire que la bataille de Pharsalles & le combat des Horaces & des Curiaces sont des actions bien connues. Ainsi action semble le genre, & bataille & combat des especes : bataille a rapport aux dispositions, & combat à l’action : on dit l’ordre de bataille, & la chaleur du combat ; combat se prend au figuré, bataille ne s’y prend point. On ne parleroit point mal, en disant, il s’est passé en-dedans de moi un violent combat entre la crainte de l’offenser, & la honte de lui céder ; mais