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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/225

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de cette poussiere. On a cru que les noyaux de matiere étrangere devoient indiquer que les bézoards avoient été apprêtés, & qu’ils étoient factices : mais cette opinion n’est pas fondée. Il seroit aussi aisé de faire un noyau de matiere semblable à celle du reste du bézoard, que d’employer pour noyau des corps étrangers, qui pourroient décéler l’art : il est même très-naturel que des noyaux de fruits ou d’autres corps qui se trouvent dans l’estomac des animaux qui produisent les bézoards, y occasionnent leur formation. On prétend que pour reconnoître les bézoards factices, il faut les éprouver avec une aiguille rougie au feu ; si elle entre aisément dans la substance du bézoard, c’est une marque qu’il est faux : au contraire si elle brunit seulement l’endroit où elle est appliquée sans pénétrer, c’est une preuve que le bézoard est bon. On croit que les bons sont de médiocre grosseur, de couleur brune, qu’ils jaunissent la chaux vive, qu’ils verdissent la craie, qu’ils ne se dissolvent point dans l’eau, qu’ils sont composés de lames fines & disposées par couches, &c. mais toutes ces marques sont fort équivoques ; il est très-possible de donner les mêmes qualités à des bézoards falsifiés avec du plâtre ou d’autres matieres semblables : cependant on peut distinguer les bézoards naturels des factices. Les premiers sont très-reconnoissables pour les gens qui en ont vû beaucoup ; leur couleur n’est ni trop pâle, ni trop foncée : ils ont le grain fin, leur surface est polie, & leur tissu serré ; de sorte que les lames dont ils sont composés, ne se séparent pas trop aisément les unes des autres. On juge par le poids du bézoard, s’il a pour noyau un caillou ou une matiere légere, telle que du poil ou des substances végétales. Le bézoard occidental est d’une couleur pâle, & quelquefois gris-blanc : il s’en trouve dont les lames sont épaisses & striées dans leur épaisseur.

On ne sait pas précisément quels sont les animaux qui portent les bézoards d’Orient & d’Occident. Il paroît que ceux qui viennent d’Egypte, de Perse, des Indes & de la Chine, sont produits par une espece de bouc, que les Persans nomment pazan ; ou par une chevre sauvage plus grande que la nôtre, que Clusius nomme capricerva, parce qu’elle a autant d’agilité que le cerf. Le bézoard d’Amérique vient aussi d’une chevre.

Comme on a donné le nom de bézoard à plusieurs choses très-différentes les unes des autres, on pourroit en faire plusieurs classes. La premiere comprendroit les bézoards d’Orient & d’Occident. On mettroit dans la seconde toutes les pierres qui sont tirées des animaux, & qui approchent des bézoards par leur structure & leur vertu : tels sont les bézoards de singe, de cayman, &c. les yeux d’écrevisses, & toutes les différentes sortes de perles. La troisieme classe comprendroit les matieres qui sont figurées comme le bézoard, sans en avoir les vertus : telles sont la pierre tirée de la vessie de l’homme, celles des reins, de la vésicule du fiel, & celles qui se trouvent dans la vésicule du fiel des bœufs & des autres animaux. Les égagropiles seroient dans la quatrieme classe. Voyez Egagropile. Et dans la cinquieme, les bézoards fossiles. Voyez Bézoard fossile. Mém. de l’Acad. royale des Sciences, ann. 1710. page 235. par M. Geoffroy le jeune. (I)

Bézoard minéral, pierre de couleur blanche ou cendrée, de figure irréguliere, & le plus souvent arrondie : elle est composée de différentes couches friables, placées successivement les unes sur les autres. Il y a quelquefois au centre de la pierre un petit noyau pierreux, un grain de sable, une petite coquille, ou un morceau de charbon de terre. Ces pierres sont de la grosseur d’une aveline, d’une noix, ou même d’un œuf d’oie. On en trouve en plusieurs endroits : en France, auprès de Montpellier ; en Sicile,

autour du mont Madon ; en Italie, dans le territoire de Tivoli ; en Amérique, dans la nouvelle Espagne, dans le fleuve de Detzhuatland ; d’où on en tire de fort grosses ; & en bien d’autres endroits : car le bézoard fossile ne doit pas être plus rare que la pierre Ammite. (I)

BEZOAR-MINERAL, (Chimie.) c’est un remede connu dans la Pharmacie : il se fait avec le beurre d’antimoine dont on prend trois onces, sur lesquelles on verse bien doucement égale quantité d’esprit de nitre, qu’on en retire par la distillation au feu de sable ; on reverse ensuite cet esprit de nitre dessus le résidu avec une once de plus ; on réitere ces distillations & cohobations trois ou quatre fois ; cela fait, on réduit en poudre le résidu, & on le calcine dans un creuset ; on le lave ensuite dans plusieurs eaux, ou on brûle de l’esprit-de-vin par-dessus. Cette préparation de l’antimoine est un très-grand sudorifique, qui a même plus d’efficacité que l’antimoine diaphorétique. Voyez l’article Antimoine. (—)

Bezoar martial, (Chim.) se fait en mettant dans le creuset une partie de limaille de fer, avec deux parties d’antimoine ; on y ajoûte un peu de nitre, qu’on allume pour faciliter la fonte, qui doit être liquide : on a soin de remuer doucement avec une baguette de fer qui puisse aller jusqu’au fond du creuset ; par ce moyen le régule qui est en fusion ronge la baguette, & tourne en scories avec elle. Pour faciliter l’opération, il est bon d’y jetter de tems en tems du nitre. Après avoir tenu le mêlange en fusion pendant une demi-heure, il faudra retirer la baguette de fer. Si on voit qu’il n’en part plus d’étincelles, & qu’elle ne diminue plus par le bout, on y jettera encore un peu de nitre ; & la matiere étant devenue très-liquide, il faudra la verser, la réduire en poudre après qu’elle sera refroidie : on prend une cuillerée de cette poudre, qu’on jette dans deux fois sa quantité de nitre mise en fonte dans un autre creuset ; on vuide de nouveau la matiere, on la lave dans de l’eau chaude, on l’édulcore & la seche. On dit que ce bezoar martial est un excellent remede pour la jaunisse, les hypochondres, &c. (—)

Bezoar solaire ou d’or, (Chimie.) se fait en versant une solution d’or faite dans l’eau régale, ou la solution d’une chaux d’or dans l’esprit de sel sur huit fois, ou suivant Zwelfer, sur quatre fois autant de beurre d’antimoine ; on les laisse en digestion pendant quelque tems ; on fixe alors la matiere avec de l’esprit de nitre, & on tire le dissolvant par la distillation : ce n’est autre chose que le bezoar minéral uni à une chaux d’or.

Bezoar lunaire, (Chimie.) se fait ainsi : pour chaque once de beurre d’antimoine, on dissout une dragme d’argent dans l’esprit de nitre, & on s’en sert pour précipiter la poudre ; ce qui donne un bezoar minéral mêlé avec la lune cornée. (—)

Bezoar jovial ou d’étain. (Chimie.) Voici le procédé de Stahl. On fait fondre ensemble parties égales de régule d’antimoine & d’étain bien pur, on broye ensuite & pulvérise le mêlange, qu’on fait fulminer par parties avec trois fois autant de nitre à grand feu pendant une demi-heure ; pendant ce tems on a soin de remuer avec un bâton ; cela étant fait, on vuide le creuset, on laisse refroidir la matiere, on la fait dissoudre dans l’eau, ou à l’air par deliquium ; l’on aura par-là une poudre grise qui est le bezoar d’étain. Voyez l’article Anti-hectique. (—)

BÉZOLE, s. f. bezola, (Hist. nat. Ichthyol.) poisson qui se trouve dans le lac de Lausane ; il est assez ressemblant au lavaret, voyez Lavaret : cependant sa couleur est moins blanche, & un peu teinte de bleu ; la tête est plus petite, le museau plus pointu, le ventre plus large & plus saillant ; la chair est plus molle