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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/373

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lorsqu’elles sont exposées au grand air. En ouvrant dans des tems convenables les plus gros bourdons, qui sont les semelles, on trouve dans leur corps un ovaire de chaque côté, & on n’y voit qu’une vingtaine d’œufs au plus ; cependant elles en pondent une plus grande quantité : tous ces œufs ne sont pas sensibles dans le même tems. On croit qu’un nid de bourdons est commencé par une femelle qui le peuple peu-à-peu : ce qui rend cette opinion très-probable, c’est qu’à la fin de l’hyver on ne voit voler que des bourdons femelles, sans aucuns mâles ni ouvriers. Les petits bourdons ont un aiguillon comme les femelles : les mâles n’en ont point ; ils sont de grandeur moyenne. Mais il y a aussi des bourdons de cette même grandeur qui n’ont point de sexe, & que l’on doit regarder comme des ouvriers, de même que les petits : ceux-ci paroissent plus actifs, & les autres plus forts. On a observé entre un bourdon de moyenne taille, qui étoit mâle, & une femelle, un accouplement qui dura près d’une demi-heure. On s’est aussi assûré que les bourdons mâles n’ont point d’aiguillon, & qu’ils ont des parties analogues à celles des mâles de divers insectes.

Les bourdons ont de petits poux ; on les voit quelquefois par centaines sur le corcelet, ou sur d’autres parties : ces mêmes poux se trouvent sur les gâteaux des nids. Il y a apparence qu’ils cherchent la liqueur miellée des bourdons pour s’en nourrir.

Les fourmis cherchent la pâtée des bourdons ; quelquefois il entre dans leur nid une fourmiliere entiere ; & lorsqu’il ne s’y trouve qu’un petit nombre de mouches, elles sont obligées de l’abandonner, ne pouvant pas le défendre. Il s’y forme de gros vers qui mangent la pâtée, les vers & les nymphes des bourdons. Il y a aussi des especes de chenilles : mais les animaux qui y font le plus de ravage, sont les rats, les mulots & les foüines.

Les parties intérieures des bourdons sont à-peu-près semblables à celles des abeilles ; de même que leurs aiguillons & leur venin.

On ne trouve aucuns bourdons dans leurs nids au commencement de Novembre ; il est à croire que les mâles & les ouvriers périssent avant l’hyver, & qu’il ne reste que les femelles ; celles-ci étant fécondées, suffisent pour perpétuer l’espece. Elles se cachent dans des trous de murs, ou dans des creux en terre jusqu’au printems. Mémoires pour servir à l’hist. des insectes, tom. VI. prem. mém. Voy. Insecte. (I)

Bourdon, s. m. les Imprimeurs entendent par ce mot, une omission que le compositeur a faite dans son ouvrage, d’un ou de plusieurs mots de sa copie, & même quelquerois de plusieurs lignes. Le compositeur est obligé, en remaniant, de faire entrer les omissions ; ce qui souvent lui donne beaucoup de peine, & nuit presque toûjours à la propreté de l’ouvrage. Ce terme fait allusion au grand bâton dont les pélerins se servent pour franchir les fossés. Voyez Remanier, Remaniement.

Bourdon de 16 piés, ou huit piés bouché ; on appelle ainsi dans les Orgues un jeu, dont le plus grand tuyau qui sonne l’ut à la double octave au-dessous de la clé de c sol ut, a huit piés de longueur ; ce qui équivaut à un tuyau de 16 piés ouvert, qui est à l’unisson d’un de huit piés bouché. Ce jeu a trois octaves en bois, & celle de dessus en plomb. Voyez la fig. 30, Pl. d’Orgue, qui représente un tuyau de bois des basses, & un tuyau de plomb des dessus. Les tuyaux de bois sont composés de quatre planches assemblées à rainure & languette, les unes dans les autres, & fortement collées, comme la fig. 52 le montre ; b, la bouche ; 3, la lévre inférieure ; 4 ou o, la levre supérieure ; A, le pié ; B, la chambre ; C, le biseau ; E, le tampon, que l’on retire ou que l’on enfonce dans le tuyau pour accorder. La fig. 30. n°.

2. représente un tuyau de plomb des dessus, & a le pié dans les deux figures ; c, la bouche ; d, les oreilles au moyen desquelles on les accorde ; e, coupe du tuyau ; b, le biseau, dont le talud regarde en dessus ; f, plaque qui ferme le tuyau par dessus & qui y est soudée. Quant à la proportion des parties du tuyau, elle doit être telle qu’il ait de longueur, dix fois sa largeur ou environ ; ainsi le tuyau de huit piés doit avoir 9 pouces d’équarrissage intérieurement. Remarquez que la longueur du tuyau se compte depuis la face supérieure du biseau c, jusqu’à la face inférieure du tampon E, & que la hauteur de la chambre B, & l’espace pour retirer le tampon E, doivent être pris en sus de cette mesure ; tous les tuyaux du bourdon doivent suivre exactement entre eux la proportion du diapason. Voyez Diapason, & l’article Orgue, & la table du rapport de l’étendue des jeux de l’Orgue.

Bourdon de huit piés ou quatre piés bouché, est un jeu d’orgue dont le plus grand tuyau, qui est de quatre piés bouché sonne l’octave au-dessus du bourdon de 16 ; les basses sont en bois & les tailles en plomb & bouchées à rase, & les dessus à cheminées. Voyez la fig. 32. Pl. d’orgue ; A, tuyau des basses ; B, tuyau des tailles ; ed, les oreilles ; 3, la plaque qui bouche le tuyau par en haut ; C, tuyau des dessus à oreilles & à cheminées ; 4, la plaque qui le ferme, laquelle est percée d’un trou ; 2 cheminée qui est soudée sur la plaque 4, comme la fig. C le représente. Voy. les articles Orgue, Diapason, dont tous les tuyaux de ce jeu doivent suivre la proportion.

BOURDONNÉ, (en termes de Blason) se dit d’une croix dont les branches sont tournées & arrondies en bourdons de pélerins.

Rochas en Provence, d’or à la croix bourdonnée ou pommelée de gueules, au chef d’asur, chargé d’une étoile d’or. (V)

BOURDONNET, s. m. (terme de Chirurgie) c’est un petit rouleau de charpie de figure oblongue, mais plus épais que large, destiné à remplir une plaie ou un ulcere. Les premiers bourdonnets qu’on introduit dans le fond d’un ulcere profond doivent être liés, afin qu’on puisse les retirer, & qu’ils n’y séjournent point sans qu’on s’en apperçoive. Voyez fig. 8. 9. & 11. Pl. II.

L’usage des bourdonnets & de tous les dilatans peut être fort nuisible ou fort avantageux, selon la façon dont on s’en sert. Si les bourdonnets ferment un ulcere profond comme on ferme une bouteille avec son bouchon, ils s’opposent à l’écoulement des matieres purulentes, & produisent la collection du pus qui corrompt les sucs que la circulation conduit vers l’endroit où il croupit. L’obstacle que les bourdonnets font à l’issue des matieres purulentes peut en causer le reflux dans la masse du sang, où elles occasionnent, pour peu qu’elles soient atteintes de putréfaction, des colliquations fâcheuses qui détruisent la partie rouge de la masse des humeurs, & qui rendent cette masse toute séreuse ; de-là sont produites les évacuations continuelles, qui jettent le corps dans le marasme & dans une extrème foiblesse, qui est enfin suivie de la mort.

Si on remplit un ulcere de bourdonnets durs entassés les uns sur les autres, l’irritation qu’ils causeront aux vaisseaux empêchera le passage des sucs : ils s’arrêtent, s’accumulent & se condensent dans les parois de l’ulcere, & y forment des callosités qui le rendent incurable à moins qu’on n’en détruise les duretés.

Ces inconvéniens bien observés ont fait beaucoup crier contre le tamponage des plaies : M. Belloste, dans son Traité du Chirurgien d’Hôpital, s’est élevé contre l’usage des bourdonnets qu’il croit fort nuisibles ; il blâme même l’attention qu’on a de garnir exactement les plaies caverneuses avec des bourdon-