Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/508

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avoir été dans leur pays, ainsi que Salomon. Ils sont aujourd’hui Mahométans ou idolatres. Diction. de M. de Vosgien.

Cachemire, c’est la capitale de la province de ce nom. Long. 93. lat. 34. 30.

CACHEO, (Géog.) ville d’Afrique dans la Nigritie, sur la riviere de Saint-Dominguo : elle appartient aux Portugais. Long. 2. 40. lat. 12.

* CACHER, DISSIMULER, DÉGUISER, (Gram.) termes relatifs à la conduite que nous avons à tenir avec les autres hommes, dans les occasions où il nous importe qu’ils se trompent sur nos pensées & sur nos actions, ou qu’ils les ignorent. On cache ce qu’on ne veut point laisser appercevoir ; on dissimule ce qui s’apperçoit fort bien ; on déguise ce qu’on a intérêt de montrer autre qu’il n’est. Les participes dissimulé & caché se prennent dans un sens plus fort que les verbes dissimuler & cacher. L’homme caché est celui dont la conduite est impénétrable par les ténebres dont elle est couverte ; l’homme dissimulé est celui dont la conduite est toûjours masquée par de fausses apparences. Le premier cherche à n’être pas connu ; le second à l’être mal. Il y a souvent de la prudence à cacher ; il y a toûjours de l’art & de la fausseté, soit à dissimuler, soit à déguiser. On cache par le silence ; on dissimule par les démarches ; on déguise par les propos. L’un appartient à la conduite ; l’autre au discours. On pourroit dire que la dissimulation est un mensonge en action.

* CACHERE, s. f. terme de Verrerie en bouteilles ; c’est ainsi qu’on appelle une petite muraille contiguë aux fils des ouvraux, ou au remettement du four, sur laquelle le maître sépare la bouteille de la canne. Le cou de la bouteille étant glacé, il pose le corps dans la cachere ; & tenant ses deux mains étendues en avant, il presse de la main gauche le milieu de la canne ; & plaçant la main droite à l’extrémité de la canne, il leve cette extrémité, & donne en même tems en sens contraire une secousse de la main gauche. Cette secousse sépare la bouteille de la canne. Cela fait, il tourne le cul de la bouteille de son côté ; il y applique la partie du cou qui reste attachée à la canne, & met le cou au crochet pour y appliquer la cordeline. V. Cordeline ; voy. Verrerie en bouteille.

* CACHET, s. m. petit instrument qu’on peut faire de toutes sortes de métaux, & de toutes les pierres qui se gravent, & dont on se sert pour fermer des lettres, sceller des papiers, &c. par le moyen d’une substance fusible sur laquelle on l’applique. Voy. l’article Sceau. Il y a des cachets en bague, c’est toûjours une pierre gravée & montée en or ou en argent : il y en a à manche ; ils sont ordinairement d’argent, le manche en est en poire, & la matiere du manche d’ébene, d’ivoire, de bouis, &c. Il y en a qui sont tout d’or ou d’argent ; ils sont petits ; ils ont une poignée proportionnée, qu’on prend entre le pouce & l’index quand on les applique sur la cire. Mais de quelqu’espece que soient les cachets, ils se fondent tous, & ils ont le même usage & la même forme principale, je veux dire une surface plane, ronde, ou ovale, sur laquelle on a gravé en creux ou des armes, ou une tête, ou quelques figures d’hommes, d’animaux, de plantes, &c. Cette gravure en creux appliquée sur une matiere molle, rend ces figures en relief. Voyez l’article Gravure. Les cachets ont été à l’usage des anciens : il nous en reste même quelques-uns d’eux qui sont précieux par le travail. Celui qui est connu sous le nom de cachet de Michel-Ange, peut être mis au nombre des chefs-d’œuvres de gravure antique. Il est au cabinet du Roi : c’est une petite cornaline transparente, gravée en creux, que l’on croit avoir servi de cachet à Michel-Ange, & qui dans un espace de cinq à six lignes, contient quatorze figures humaines, sans compter des animaux, des arbres, des

fleurs, des vases, &c. & un exergue, où l’on voit

encore des monticules, des eaux avec un petit pêcheur, &c.

On prétend que le tout est une espece de fête qu’on célébroit anciennement en mémoire de la naissance de Bacchus. On remarque d’abord deux femmes dont l’une tient sur ses genoux un enfant nud ; c’est Bacchus, dit-on, avec sa nourrice, & la belle Hippa dont il est parlé dans les hymnes d’Orphée. Le vieillard assis par terre est Athamas, mari d’Ino, ou si l’on veut, un faune qui tient une patere, & qui fait une libation, &c. C’est ainsi que M. de Mautour qui a tâché d’expliquer le cachet dont il s’agit, amene à son système toutes les autres figures de la pierre, hors celle du cheval.

M. Bourdelot prétend au contraire que les puanepsies sont le sujet de la cornaline de Michel-Ange. Voy. Puanepsies. Il prend la figure humaine couronnée d’olivier, élevant de la main droite un vase, & tenant de la gauche les renes d’un cheval, pour Thesée ; le cheval pour le symbole de Neptune, pere de Thesée ; les autres figures d’hommes & de femmes, pour des Athéniens & des Athéniennes qui prennent part à la fête ; l’enfant entre les bras de la mere, pour le signe de la délivrance de ce tribut ; & le petit pêcheur de l’exergue, pour l’image de la paix que Thesée avoit assûrée à son pays.

Quoi qu’on puisse dire du talent des modernes & des progrès des beaux Arts parmi nous, nous aurions de la peine à trouver quelqu’ouvrage dans le même genre, qu’on pût comparer à la piece dont il s’agit, soit pour sa difficulté, soit pour sa perfection.

CACHETI ou KACHETI, (Géog.) pays desert de l’Asie dans la Géorgie.

CACHEUR, s. m. en termes de Rafineur de sucre ; est un morceau de bois de neuf à dix pouces de long, plat par un bout & rond par le manche. Le bout qui est plat, sert à frapper les cercles de bois qui environnent les formes. Celui qui est rond sert alors de poignée. On s’en sert pour sonder les formes. Voyez Sonder, Forme.

CACHEXIE, s. f. (Medecine.) ce mot est tiré du Grec κακὸς, mauvais, & ἕξις, constitution. Ainsi l’on entend par cachexie la mauvaise constitution, le mauvais état du corps humain dans toute son habitude.

Pour donner une idée juste de la cachexie, il faut poser pour principes, 1o. que le corps ne peut rester dans son état naturel, ni augmenter, s’il n’est réparé à proportion de la déperdition qu’il fait journellement. On appelle la premiere opération nutrition, & la seconde accroissement, qui arrive lorsque la déperdition est plus que compensée par l’addition du suc nourricier. Voyez Nutrition, & Accroissement. 2o. Que ce suc nourricier doit être tiré des alimens changés en chyle par l’opération nommée digestion, voyez Digestion, & convertis en sang dans la veine soûclaviere gauche. Voyez Sanguification. 3o. Que de ce sang se sépare le suc nourricier ; que ce suc sera propre à la nutrition lorsque le chyle & le sang seront de bonne qualité ; qu’au contraire il sera dépravé, & ne produira pas une bonne nutrition, lorsqu’il sera fourni par un mauvais chyle & un mauvais sang. 4o. Que le chyle ni le sang ne seront pas loüables, lorsque les alimens dont ils sont tirés seront de mauvaise qualité, ou que les visceres destinés à les composer seront viciés. Cela posé, examinons à présent quels effets produira sur le corps la dépravation du chyle & du sang. Lorsque le sang n’aura pas une consistance requise, qu’il ne sera pas fourni ou renouvellé par un bon chyle, il s’ensuivra par son défaut de couleur la pâleur de toutes les parties charnues, & sur-tout du visage, la déperdition des forces du corps en général, & l’inaptitude aux fonctions tant naturelles que volontaires ; d’où naîtront les lassitudes dans les bras & les jam-