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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/645

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assûra que Dieu l’avoit averti plusieurs fois, d’une maniere miraculeuse, qu’il devoit pratiquer à la lettre la regle de S. François. Dans ce dessein il se retira, avec la permission du pape Clément VII, dans une solitude, où il fut suivi de douze autres personnes. Le duc de Florence leur donna un hermitage dans ses terres, & Clément VII. approuva leur congrégation par une bulle de 1529. Son successeur, Paul III, la confirma en 1535, avec permission de s’établir par-tout, & lui donna un vicaire général avec des supérieurs. Ils furent reçûs en France sous Charles IX, & s’y sont tellement multipliés, qu’ils y ont dix provinces en comprenant celle de Lorraine. Ils rendent des services à l’Église par les catéchismes, conférences, prédications, missions auxquelles ils sont employés, & doivent pratiquer la plus étroite pauvreté, leurs maisons ne subsistant que d’aumônes. Il y a aussi des Religieuses capucines. (G)

* Quoique leurs constitutions auxquelles ils sont toûjours restés fort attachés, & l’indigence extrème dont ils font profession particuliere, ne leur ayent guere permis de se livrer à des études assidues, cependant ils ont eu d’habiles gens en différens genres, & l’on doit présumer, à l’esprit d’émulation qui commence à les animer, que le savoir y deviendra encore plus commun. Il est à souhaiter que les supérieurs donnent toute leur attention à fortifier cet esprit, & que l’Église repare de ce côté les pertes de lumiere qu’elle semble faire de plusieurs autres.

CAPUCINE, s. f. (Hist. nat. bot.) cardamindum, genre de plante à fleur polypétale irréguliere, composée de cinq pétales qui sortent des échancrures du calice : le calice est terminé par un prolongement en forme de queue : le pistil sort du fond du calice, & devient dans la suite un fruit composé pour l’ordinaire de trois capsules arrondies & rassemblées en forme le tête. Chaque capsule renferme une semence de même figure. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On se sert de la capucine pour couvrir les murs des petits jardins des cours, & pour ombrager quelque cabinet de treillage, dont elle gagne le haut en la palissant avec du jonc. Sa culture consiste à en labourer le pié en forme de plate-bande, & repandre dessus un pouce d’épaisseur de bon terreau, & l’arroser de tems en tems. Il y a la grande & la petite capucine. (K)

* CAPUK ou CAPAS-PUSSAR, (Hist. nat. bot.) c’est le nom d’un arbre qui croît communément aux Indes orientales, sans culture & de lui-même, & se multiplie par la semence qui en tombe : ses feuilles ressemblent à l’agnus-castus, mais elles sont un peu plus longues & plus larges ; ses branches croissent à côté les unes des autres par couronnes. Le fruit qui en vient est une gousse fort épaisse, de la longueur de la main, qui séchée par le soleil se creve & tombe ; les Indiens la ramassent & en tirent le capuk, qui est une espece de coton, qu’ils renferment dans des sacs faits d’écorce d’arbres, & vont le vendre aux Hollandois à Batavia : on s’en sert au lieu de plumes pour garnir les oreillers & les matelas des lits.

CAPULE, s. m. (Hist. anc.) c’étoit chez les anciens Romains une biere ou cercueil, pour porter les morts en terre. De-là vient qu’on appelloit les vieillards capulares senes, & les criminels condamnés à mort capulares rei, pour exprimer que les uns & les autres étoient sur le bord de leur fosse, & près de la biere ou du tombeau. (G)

CAPULO ou CAPOUL, (Géog.) île d’Asie, l’une des Philippines, appartenante aux Espagnols.

* CAPURIONS, sub. m. (Hist. mod. & anc.) La ville de Rome est encore aujourd’hui divisée, comme elle l’étoit du tems des Césars, en quatorze regions ou quartiers, que les Italiens nomment rio ; ils

en ont seulement changé les noms. Il en est arrivé de même des officiers. Ils étoient sous les empereurs au nombre de dix-huit ; ils sont aujourd’hui dix-huit. Ils s’appelloient sous Auguste, curatores regionum urbis ; on les nomme à présent capurioni. Leurs fonctions sont les mêmes, & c’est à eux d’entretenir la tranquillité publique, d’empêcher qu’il ne se commette des violences dans les rues, d’en informer les magistrats de police, veiller à ce que chaque citoyen s’applique à une profession honnête, poursuivre les gens de mauvaise vie, chasser les fainéans, avoir l’œil sur les édifices publics, assembler les citoyens quand il en est besoin, surveiller les boulangers, les bouchers, & autres gens d’arts ; d’où l’on voit que les curatores urbis des anciens, les capurions des Italiens d’aujourd’hui, & nos commissaires, ont beaucoup de rapport entr’eux.

CAPUT DRACONIS, tête de dragon, en Astronomie ; c’est le nœud ascendant de la lune. Voyez Dragon & Nœud. (O)

Caput mortuum, (Chimie.) Les Chimistes ont désigné par cette expression le produit le plus fixe des analyses ordinaires, faites par le moyen de la distillation, ou la partie du corps analysé qui a été épuisée par le feu (poussé au plus haut degré auquel ils avoient coûtume de l’élever dans les distillations) & qui reste encore, après l’opération, au fond du vaisseau dans lequel les matieres à distiller ont été exposées au feu.

Le caput mortuum étoit un des cinq principes prétendus des anciens Chimistes, ou plûtôt un des cinq produits des anciennes analyses chimiques. Ces cinq produits étoient l’esprit ou mercure, le phlegme, l’huile ou soufre, le sel, & la terre damnée ou caput mortuum. Voyez Principe.

C’est avec raison qu’on commence à bannir l’expression caput mortuum du langage chimique, & de lui substituer le mot générique & indéterminé de résidu. La premiere dénomination est absolument fausse ; car on pourroit regarder, sur la foi du nom, les matieres qu’elle désigne, comme dépouillées de tout principe actif, comme indestructibles, ou ne donnant prise à aucun agent naturel ; en un mot comme une pure terre exactement simple, & par conséquent connue autant qu’il est possible par l’art, ou du moins peu digne d’un examen ultérieur ; & c’est là l’idée que plusieurs Chimistes s’en étoient faite.

Mais ces matieres ne sont rien moins que simples & inaltérables ; elles contiennent le plus souvent des substances salines, soit neutres, soit alkalines, qu’on en sépare très-facilement. Voyez Lixiviation. Les résidus charboneux contiennent au moins du phlogistique, qui en est très-séparable aussi : Voyez Incinération & Charbon.

D’ailleurs l’examen ultérieur du résidu des distillations que j’appellerai analytiques (de celles qu’on pousse à grand feu, car ce n’est que de celles-là dont il s’agit dans cet article) entre nécessairement dans la suite des opérations d’un procédé régulier. Il est même telle de ces distillations qu’on n’exécute que pour ce produit, pour le résidu ; comme si on distilloit, par exemple, une huile minérale avec de l’alkali fixe, ou un savon de Starckey préparé avec une huile essentielle dans laquelle on soupçonne l’acide vitriolique ou le marin, pour vérifier ce soupçon.

La nouvelle analyse, ou l’analyse par combinaisons, exige sans contredit cet examen ; & c’est même sans doute, la méthode de cette analyse étendue aux distillations des substances regardées comme uniques ou homogenes, comme celle d’une plante, d’une gomme, d’une graisse, &c. qui a réveillé l’attention sur l’abus de négliger les résidus de ces dernieres opérations. Mais on sera bien plus fondé à n’en négliger aucun, & à généraliser la loi de les étudier avec soin,