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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/769

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tous les ouvrages. Elle se divise en polygraphique & monographique.

La polygraphique s’attache indifféremment dans un même ouvrage à plusieurs objets & de toutes sortes d’especes.

La monographique n’attaque qu’un ouvrage ou qu’un auteur en particulier, par un écrit destiné à ce seul sujet & fait exprès pour l’examiner d’un bout à l’autre.

TECHNOLOGIE, Civiques, Académiques, Gymnastiques, Plastiques, Nutritifs, Mystériques.

Il est si naturel à l’homme de penser à ses besoins, qu’il n’est pas douteux que les arts n’ayent été d’abord l’unique objet de son travail. Mais quoiqu’il les ait mis au premier rang de ses occupations, il ne leur a pas consacré les prémices de ses écrits, laissant à la pratique le soin de les conserver. Quoique l’on ait écrit un peu tard sur cette matiere, elle a produit un fort grand nombre d’ouvrages, qui peuvent aussi se partager en six classes.

Les Arts civiques sont ceux que la politique adopte par préférence dans la constitution du gouvernement. Ils sont souvent cultivés par les citoyens du premier rang. Les uns ont pour but la force & la gloire de l’état ; les autres la richesse, & se divisent en célebres & pécuniaires.

Les Arts célebres méritent ce nom, parce qu’ils offrent de la réputation à ceux qui en font profession, & rendent célebres ceux qui s’y distinguent : tels sont l’Art militaire, la Navigation.

Les Arts pécuniaires sont moins nobles, mais ils sont utiles, tels que le Commerce & la Finance.

Les Arts Académiques sont caractérisés par le génie, dont l’étude a deux principaux objets, le dessein & les forces mouvantes. L’un renferme les arts iconographiques ; les autres sont le fondement de ce qu’on nomme méchanique.

Les Arts iconographiques représentent, peignent & construisent : ainsi l’Ecriture, l’Imprimerie, la Peinture, la Gravûre, l’Architecture, &c. composent cet ordre.

La Méchanique enseigne à distribuer sagement & à appliquer à propos les forces mouvantes, d’où naissent la pyretique, l’hydraulique, la pulsative, la statique & l’élatérique.

Les Arts gymnastiques ont pour objet ce que l’homme est capable d’exécuter par les mouvemens reglés & compassés de ses organes & de ses membres. Ils sont ou symphoniques ou dextériques.

Les symphoniques embrassent le Plain-Chant, la Musique & la Déclamation.

Les dextériques sont enfans de l’action & de l’exercice. La Danse, la Lutte, l’Art de monter à cheval, de faire des armes, & tout ce qui dépend de l’adresse & de l’agilité sont de cet ordre.

Les Arts plastiques travaillent la matiere pour en faire des ouvrages de consistance. La différente façon de la manier fait ou des manufacturiers ou des manœuvriers.

Les manufacturiers forment, c’est-à-dire qu’ils donnent à ce qu’ils employent un nouvel être, par la fusion, la composition ou le tissu.

Les manœuvriers adaptent simplement, c’est-à-dire qu’ils font leurs ouvrages en coupant, taillant, joignant, &c. les matériaux dont ils se servent.

Les Arts nutritifs se partagent en ruraux & condimentaires.

Les Arts ruraux embrassent le labourage, la culture des jardins, des vignes, des prairies ; la pêche, la chasse, & les autres occupations de la campagne.

Les Arts condimentaires assaisonnent les alimens pour les rendre agréables & en varier le goût. La

Boulangerie, la Cuisine, l’Office, &c. sont de ce nombre.

Les Arts mystériques marchent sous le voile du symbole & dans l’obscurité de la divination, ce qui les distingue en symboliques & judiciaires.

Les symboliques comprennent tout ce que les hommes ont imaginé pour produire leurs idées par des figures & des allusions : tels sont le blason, les emblemes, les devises, les hyeroglyphes, les énigmes, les logogryphes, la steganographie, &c.

Les Arts judiciaires, qu’on pourroit à juste titre nommer illusoires, sont tous les Arts magiques, enfans de l’oisiveté, de la malice ou du dérangement de l’imagination.

Ceux qui seroient curieux de connoître un plus grand nombre de systèmes bibliographiques, pourroient encore consulter Garnerii systema bibliothecæ collegü Parisiensis Societatis Jesu, & les autres dont nous avons parlé au commencement de cet article. La diversité des opinions sur l’ordre & les divisions d’un système bibliographique, semble prouver que c’est une chose assez arbitraire : cependant il doit y en avoir un vraiment conforme à la raison, & je pense que c’est celui où les matieres sont rangées dans le même ordre que l’esprit humain en a acquis la connoissance ; il est vrai qu’il faut beaucoup de philosophie pour saisir cet ordre & le suivre. Mais je ne craindrai point de dire que le système figuré des connoissances humaines que l’on trouve au commencement du premier Volume de cet Ouvrage, peut servir d’introduction & de modele à ce travail. Quiconque voudra prendre la peine de l’étudier & de le comparer aux autres systèmes, après les avoir comparés entr’eux & en avoir bien observé les différences, pourra pousser les divisions plus loin, & dresser un plan méthodique ou système, qui ne laissera plus rien d’indéterminé, & qui sauvera l’inconvénient de trouver quelquefois le même livre dans plusieurs classes différentes.

Qu’on me permette, à l’occasion du mot catalogue, d’annoncer ici un ouvrage imprimé depuis peu en Allemagne, sous le titre de Bibliotheque curieuse, historique & critique, ou Catalogue raisonné des livres difficiles à trouver, par David Clément. Cet ouvrage, dont il n’y a encore que deux Volumes in-4°. & qui doit en avoir un plus grand nombre, est rempli de recherches fort savantes & fort curieuses. Les matieres y sont rangées selon l’ordre alphabetique des noms des auteurs, & m’ont paru bien propres à satisfaire la curiosité des amateurs de livres.

Cet article a été fait par M. David l’aîné, un des Libraires associés pour l’Encyclopédie, sur un des manuscrits légués par feu M. l’abbé Girard à M. le Bréton, son imprimeur & son ami. Ce manuscrit est intitulé Bibliotheque générale ou Essai de Littérature universelle. On voit par cet ouvrage que M. l’abbé Girard, si connu par ses préceptes de la Langue Françoise, & surtout par ses Synonymes, joignoit à la connoissance des signes, une connoissance très-étendue des choses.

CATALOTIQUES, adj. (Medec.) c’est ainsi qu’on appelle des remedes dont l’effet est d’applanir & de dissiper les marques grossieres des cicatrices qui paroissent sur la peau. (N)

CATANANCE, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante, dont la fleur est un bouquet à demi-fleurons, portes chacun sur un embryon, & soûtenus par un calice composé de plusieurs feuilles en écailles. Chaque embryon devient dans la suite une semence garnie d’une couronne de poils, & renfermée dans le calice. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

CATANE ou CATANÉE, (Géog.) ville de Sicile, sur un golfe de même nom, dans une vallée qui s’appelle vallée de Catane.