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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/799

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Ce nom vient d’une voûte qui servoit autrefois à séparer les plate-formes des batteries hautes & basses que les Italiens appellent casa armata, & les Espagnols casamata : mais d’autres dérivent ce mot de casa à matti, maison à fous : Covarruvias de casa & mata, maison basse.

La cazemate est quelquefois composée de trois plate-formes l’une au-dessus de l’autre, le terre-plain du bastion étant la partie la plus élevée : mais l’on se contente quelquefois de placer la derniere au-dedans du bastion.

On donne aussi à la cazemate le nom de place basse ou de flanc bas, parce qu’elle est placée au pié du rempart près du fossé ; quelquefois celui de flanc retiré, parce qu’elle est la partie du flanc qui est la plus proche de la courtine, & qui forme le centre du bastion : on la couvroit autrefois d’un épaulement ou d’un corps de maçonnerie rond ou quarré qui mettoit à couvert les batteries, ce qui l’a fait appeller flanc couvert.

On met aujourd’hui rarement les cazemates en usage, parce que les batteries de l’ennemi peuvent ensevelir les pieces de canon qu’elles contiennent, sous les ruines de leurs voutes, outre que la fumée dont elles se remplissent les rend insupportables à ceux qui servent à l’Artillerie. C’est ce qui fait que les Ingénieurs modernes les font à découvert, & se contentent de les munir d’un parapet.

Les places basses & hautes doivent avoir au moins huit toises d’enfoncement ; savoir trois pour le parapet, & cinq pour le terrein ; desorte que s’il y a deux places l’une devant l’autre, elles doivent avoir seize toises d’enfoncement.

Les places basses ont les desavantages suivans.

1°. Qu’il est très-difficile de se servir en même tems des unes & des autres, à cause des éclats & des débris qui tombent continuellement.

2°. Qu’elles deviennent presque inutiles quand la demi-lune est prise, par le commandement qu’elle a sur elles.

3°. Que la quantité des débris qui tombent des places hautes, prépare une montée fort douce à l’ennemi pour monter à l’assaut.

Lorsqu’on a des places basses, il est important que le flanc soit couvert par un orillon qui les mette à l’abri du commandement de la demi-lune. Les meilleurs flancs bas sont ceux qui forment une espece de fausse craie au flanc, à la distance de dix ou douze toises ; ou si l’on veut les tenailles du fossé de M. de Vauban qui en tiennent lieu. Voyez Tenaille, &c. (Q)

CAZERES, (Géog.) petite ville de France en Gascogne, sur la Garonne. Il y a une autre ville de même nom en Gascogne, sur l’Adour.

CAZERN, (Géog.) ville & forteresse de Pologne, dans la basse Podolie, sur le Niester.

CAZERNES, s. f. (Art. milit.) sont de grands corps de logis construits entre le rempart & les maisons d’une ville fortifiée, ou même sur le rempart, pour loger les soldats, à la décharge & au soulagement des habitans. Voyez Garnison.

Il y a pour l’ordinaire deux lits dans chaque chambre, & trois soldats couchent dans le même lit. (Q)

CAZEROM ou CAZERON, (Géog.) ville d’Asie, au royaume de Perse, capitale de la province de Sapour, qui fait partie de la Perse proprement dite, entre les rivieres de Boschavir & de Bendemir.

* CAZIMI, (Astronom.) ce mot Arabe est employé par les Astronomes de ce pays pour marquer le disque du soleil ; lorsqu’ils disent qu’une telle planete est en cazimi ; c’est comme s’ils vouloient dire qu’elle ne paroît point éloignée de seize minutes du centre du soleil, le demi-diametre de cet astre étant de 16′.

CAZMA, (Géog.) bon port de l’Amérique méridionale, au Pérou.

CAZZICHI, (Géograph.) petite riviere de l’ile de Candie, qui se jette dans la mer près de Spinalonga.

CE

Ce, ces ; cet, cette ; ceci, cela ; celui, celle ; ceux ; celles ; celui-ci, celui-là ; celles-ci, celles-là.

Ces mots répondent à la situation momentanée où se trouve l’esprit, lorsque la main montre un objet que la parole va nommer ; ces mots ne font donc qu’indiquer la personne ou la chose dont il s’agit, sans que par eux-mêmes ils en excitent l’idée. Ainsi la propre valeur de ces mots ne consiste que dans la désignation ou indication, & n’emporte point avec elle l’idée précise de la personne ou de la chose indiquée. C’est ainsi qu’il arrive souvent que l’on sait que quelqu’un a fait une telle action, sans qu’on sache qui est ce quelqu’un là. Ainsi les mots dont nous parlons n’excitent que l’idée de l’existence de quelque substance ou mode, soit réel, soit idéal : mais ils ne donnent par eux-mêmes aucune notion décidée & précise de cette substance ou de ce mode.

Ils ne doivent donc point être regardés comme des vice-gerens, dont le devoir consiste à figurer à la place d’un autre, & à remplir les fonctions de substitut.

Ainsi au lieu de les appeller pronoms, j’aimerois mieux les nommer termes métaphysiques, c’est-à-dire, mots qui par eux-mêmes n’excitent que de simples concepts ou vûes de l’esprit, sans indiquer aucun individu réel ou être physique. Or on ne doit donner à chaque mot que la valeur précise qu’il a ; & c’est à pouvoir faire & à sentir ces précisions métaphysiques, que consiste une certaine justesse d’esprit où peu de personnes peuvent atteindre.

Ce, ceci, cela, sont donc des termes métaphysiques, qui ne font qu’indiquer l’existence d’un objet que les circonstances ou d’autres mots déterminent ensuite singulierement & individuellement.

Ce, cet, cette, sont des adjectifs métaphysiques qui indiquent l’existence, & montrent l’objet : ce livre, cet homme, cette femme, voilà des objets présens ou présentés. « Ce, adjectif, ne se met que devant les noms masculins qui commencent par une consonne, au lieu que devant les noms masculins qui commencent par une voyelle, on met cet, mais devant les noms feminins, on met cette », soit que le nom commence ou par une voyelle ou par une consonne. Grammaire de Buffier, pag. 189.

Ce, désigne un objet dont on vient de parler, ou un objet dont on va parler.

Quelquefois pour plus d’énergie on ajoûte les particules ci ou aux substantifs précédés de l’adjectif ce ou cet ; cet état-ci, ce royaume-là ; alors ci fait connoître que l’objet est proche, & plus éloigné ou moins proche.

Ce est souvent substantif, c’est le hoc des Latins ; alors, quoi qu’en disent nos Grammairiens, ce est du genre neutre ; car on ne peut pas dire qu’il soit masculin, ni qu’il soit féminin. J’entens ce que vous dites, istud quod. Ce fut après un solemnel & magnifique sacrifice, que, &c. Flechier, or. fun. Ce, c’est-à-dire, la chose que je vais dire arriva après, &c.

Dans les interrogations, ce substantif est mis après le verbe est. Qui est-ce qui vous l’a dit, dont la construction est ce, c’est-à-dire, celui ou celle qui vous l’a dit est quelle personne ?

Ce substantif se joint à tout genre & à tout nombre. Ce sont des Philosophes, &c. ce sont les passions ; c’est l’amour ; c’est la haine.

La particule ci & la particule ajoûtées au substantif ce, ont formé ceci, & cela. Ces mots indiquent ou un objet simple, comme quand on dit cela est bon,