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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/835

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le dixieme, des vies des évêques des grands siéges ; le onzieme, des hérétiques ; le douzieme, des martyrs ; le treizieme, des miracles ; le quatorzieme, de ce qui regarde les Juifs ; le quinzieme, des religions séparées de l’Eglise ; le seizieme, des monumens & changemens politiques des états. Cet ouvrage est une compilation qui a demandé beaucoup de travail, mais qui ne peut point passer pour une histoire bien écrite, exacte, & parfaite. Le but que les centuriateurs semblent s’être proposé, étoit d’attaquer l’église Romaine, & d’établir la réforme ; & le cardinal Baronius entreprit ses annales ecclésiastiques, pour les opposer aux centuries.

CENTURION, s. m. (Hist. anc.) parmi les Romains, officier d’infanterie qui commandoit une centurie ou cent hommes. Voyez Centurie.

Le premier centurion de la premiere cohorte de chaque légion s’appelloit primipilus, primopilus, ou primi-pili-centurio, & quelquefois primus centurio. Il n’étoit sous le commandement d’aucun tribun, à la différence des autres, & il commandoit quatre centuries. Il gardoit l’étendart & l’aigle de la légion. C’est de-là qu’on l’appelloit primi-pilus.

CEP, s. m. (Agricult.) se dit d’un pié de vigne. Voyez Vigne.

Cep ou Ceb, (Hist. nat. Zoolog.) on appelle de ce nom les singes qui ont des queues, & qui sont de plusieurs couleurs. Voyez Singe. (I)

CEPEAU, s. m. (Monnoyage.) c’étoit le billot dans lequel étoit arrêtée la pelle ou matrice d’écusson, lorsqu’on frappoit les monnoies au marteau. Voyez Monnoyage.

* CEPÉES, s. f. pl. (Commerce & exploitation des bois.) ce terme désigne quelquefois une certaine étendue de buissons, mais plus souvent ce qui repousse des souches d’un bois taillis : l’ordonnance défend de les abattre, soit à la serpe soit à la scie, mais seulement à la coignée. Cepées se dit aussi des souches mêmes. La coupe des têtes & des cepées des saules, marsaux, frênes, aulnes, appartient au fermier actuel, lorsque c’étoient des fruits réglés dont le fermier précédent joüissoit, à moins que le propriétaire ne se la soit reservée.

* CENTUSSIS, (Antiquité.) c’était d’abord autant que centum asses : mais as & libra étant synonymes, le centussis valoit cent livres de cuivre, évaluées en argent à dix deniers. Dans la suite le centussis ne fut plus compté que pour cent sextans, puis pour cent onces, & enfin pour cent demi-onces. Voy. Monnoies anciennes.

* CEPENDANT, POURTANT, NÉANMOINS, TOUTEFOIS, synonymes, (Gramm.) M. l’abbé Girard dit que pourtant a plus d’énergie, affirme avec plus de fermeté ; que cependant est moins absolu, & affirme seulement contre les apparences ; que néanmoins indique deux choses opposées, dont l’on affirme l’une sans nier l’autre ; & que toutefois marque une exception à une regle assez générale : ce qu’il confirme par les exemples suivans, ou d’autres semblables. Que tous les critiques s’élevent contre un ouvrage, qu’ils le poursuivent avec toute l’injustice & la mauvaise volonté possible, ils n’empêcheront pourtant pas le public d’être équitable, & de l’acheter s’il est bon. Quelques écrivains ont répandu dans leurs ouvrages les maximes les plus opposées à la morale chrétienne ; d’autres ont publié les systèmes les plus contraires à ses dogmes ; cependant les uns & les autres ont été bons parens, bons amis, bons citoyens même, si on leur pardonne la faute qu’ils ont commise en qualité d’auteurs. Bourdaloue a de la sécheresse ; néanmoins il fut célebre parmi les orateurs de son tems ? On dit que certains journalistes ne louent que ce qu’ils font ; toutefois ils ont loüé l’Histoire naturelle, & d’autres excellens ouvrages qu’ils n’ont pas faits.

CEPHALALGIE, s. f. (Medecine.) douleur de tête violente. Ce mot vient du Grec κεφαλὴ, tête, & d’ἀλγος, douleur.

Cette espece de douleur a des causes différentes dans différens sujets : les dissections de personnes mortes à la suite de cette maladie, nous en indiquent deux principales ; savoir, 1°. l’engorgement des vaisseaux des membranes qui servent d’enveloppes au cerveau, que l’on nomme la dure & la pie-mere ; 2°. le dépôt d’une lymphe acre épanchée sur la substance même du cerveau, ou sur les parties nerveuses de la tête, qui y occasionnent une irritation & une douleur violente. Lorsque cette douleur est permanente & sans interruption, elle prend un autre nom, & on l’appelle céphalée : alors les symptomes sont bien plus violens ; ce n’est plus, comme dans la céphalalgie, un mal léger, & qui n’occupe qu’une partie de la tête ; il devient durable, & difficile à guérir ; le malade a peine à supporter le moindre bruit ; la lumiere lui devient insupportable ; toutes les membranes & les parties nerveuses sont dans une tension si violente, que la douleur occupe toute la tête.

On peut encore diviser la céphalalgie en migraine, que les Latins ont appellée hemicrania, parce qu’il n’y a qu’un côté de la tête d’affecté ; & en clou, clavus, état dans lequel le mal n’excede pas la largeur de la tête d’un clou, & où il semble à la personne malade que ce soit un clou qu’on lui ait planté dans quelque partie, mais sur-tout au sommet de la tête : cet accident arrive particulierement aux femmes hystériques. Voyez Passion hystérique.

Les causes éloignées de la céphalalgie sont, comme on le peut voir par les symptomes qui l’accompagnent, la trop grande abondance du sang, qui ne pouvant par cette raison circuler avec facilité dans les vaisseaux, s’arrête dans les capillaires du cerveau, distend & occasionne une sensation douloureuse dans toute l’étendue de la tête, ou dans certaines parties seulement.

Le sang qui abondera en sérosité acre, occasionnera aussi par l’irritation des parties nerveuses la céphalalgie : enfin tout ce qui peut altérer la lvmphe, comme la vérole, le scorbut, & autres maladies de cette espece, sont autant de causes de cet accident, qu’on vient à bout de détruire en corrigeant la cause : elle cedera donc aux remedes mercuriels, lorsqu’elle sera produite par la vérole, & aux antiscorbutiques, lorsque le scorbut y aura donné lieu.

L’excès dans le commerce des femmes, dans l’étude & le travail, dans les évacuations, soit par les saignées, les vomissemens, les purgations, sont autant de causes de la céphalalgie, qui est aussi produite assez souvent par un amas de crudités dans l’estomac, d’où provient un chyle de mauvaise qualité ; par des sueurs trop abondantes ; enfin par une trop grande transpiration, ou par la transpiration même supprimée tout-à-coup.

Le pronostic que l’on peut tirer de la céphalalgie, c’est qu’elle n’est jamais sans danger : si les membranes du cerveau sont le siége de cette maladie, il y a lieu de craindre la frénésie ; lorsqu’elle est occasionnée par un embarras dans les parties internes, qu’elle est accompagnée de tintemens d’oreille, de fievre, de perte d’appétit, & d’une pulsation violente dans les vaisseaux de la tête, elle dégénere facilement en manie, sur-tout dans les hypocondriaques : lorsque la céphalalgie est suivie de foiblesse dans les articulations, d’étourdissemens, d’embarras dans la langue & dans la prononciation, on doit la regarder comme l’avant-coureur de l’apoplexie & de la paralysie : enfin lorsque les jeunes gens sont sujets à la céphalalgie, ils sont menacés d’accès de goutte.

Il est aisé de voir par la différence des causes de la céphalalgie, qu’elle doit être traitée de diverses ma-