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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/139

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dales & le voile du palais. Il y a souvent carie de l’os propre du palais & de la voûte palatine. Ces chancres sont des symptomes de la vérole. Voyez Vérole. La guérison de ces chancres exige, après l’exfoliation des os du palais, l’usage d’un instrument qui supplée aux os. Voyez Obturateur.

Il survient des chancres ou ulceres vénériens aux parties naturelles de l’un & l’autre sexe, à la suite d’un commerce impur : le bon ou le mauvais traitement de ces sortes d’ulceres décide souvent du sort du malade. On peut quelquefois les guérir radicalement par un traitement méthodique, sans que la vérole se manifeste. Quelques praticiens prétendent qu’un chancre vénérien est une preuve de vérole confirmée, & que le traitement du vice local de l’administration de quelques anti-vénériens, ne dispense pas de passer par les grands remedes. Sur tout cela il faut que le Chirurgien se guide par les accidens, & que le malade soit guidé par un habile Chirurgien. (Y)

Chancre, (Jardinage.) est une maladie assez ordinaire aux arbres : c’est un défaut dans la séve, qui se porte dans une partie de la tige avec trop d’abondance, & qui y cause une pourriture qui s’étend, & qui dépouille enfin toute l’écorce.

Le vrai moyen de guérir cette maladie, est de couper jusqu’au vif toute la partie atteinte de ce mal, & de remplir la plaie avec de la bouse de vache, qu’on fait tenir avec du linge lié au corps de l’arbre chancreux. (K)

CHANDEGRI, (Géog.) ville d’Asie dans l’Inde, en-deçà du Gange, dans le royaume de Narsing, dont elle est capitale. Quelques-uns croyent que c’est la même chose que Bisnagar.

CHANDELEUR, s. f. (Théolog.) fête qu’on célebre dans l’église Romaine, le deux de Février, en mémoire de la présentation de Jesus. Christ au temple, & de la purification de la sainte Vierge.

Elle tire son nom des cierges allumés qu’on y benit, & que le clergé & le peuple y portent à la procession, comme des symboles de Jesus-Christ, la véritable lumiere qui venoit éclairer les Gentils, comme il est dit dans le cantique de Siméon, qu’on chante à cette cérémonie.

Les Grecs lui donnoient le nom d’ὑπανπαντὴ, c’est-à-dire rencontre, en mémoire de celle que firent le vieillard Siméon & la prophétesse Anne, de Jesus-Christ présenté au temple par sa sainte mere.

Quelques-uns prétendent que cette fête fut instituée par le pape Gelase, qui tenoit le siége de Rome en 492, pour l’opposer aux lupercales des payens ; & qu’en allant processionnellement autour des champs avec des cierges allumés, on y faisoit des exorcismes. Ils se fondent sur ces paroles du vénérable Bede : « L’Eglise a changé heureusement les lustrations des payens, qui se faisoient au mois de Février autour des champs, en des processions où l’on porte des chandelles ardentes, en mémoire de cette divine lumiere dont Jesus-Christ a éclairé le monde, & qui l’a fait nommer par Siméon la lumiere pour la révélation des Gentils. » D’autres en attribuent l’institution au pape Vigile en 536, & veulent qu’elle ait été substituée à la fête de Proserpine, que les payens célebroient avec des torches ardentes au commencement de Février. Mais ces opinions paroissent sans fondement quant à la substitution de la chandeleur à ces cérémonies du paganisme. L’Eglise, en instituant cette fête & d’autres, n’a eu en vûe que d’honorer les mysteres de Jesus-Christ & de la sainte Vierge. (G)

* CHANDELIER, s. m. (Art. méch.) ustensile qui sert à porter les cierges, bougies, & chandelles destinées à éclairer. Il y a des chandeliers d’église, des chandeliers de ménage, & des chandeliers d’atte-

liers. Les premiers sont fort grands, ont un pié qui

les soûtient, une branche droite qui est solide avec le pié ou qui s’envisse avec lui, une coupe qui forme la partie supérieure du chandelier, & qui est ou envissée ou solide avec la partie supérieure de la branche ou tige ; & au milieu de cette coupe une fiche pointue solide avec la coupe, qui est reçûe dans le trou conique du cierge, & le tient droit & solide. Voyez Cierge. Ces chandeliers peuvent être tout d’une piece. Les chandeliers de ménage ne different guere de ceux d’église, qu’en ce qu’ils sont moins grands, & qu’au lieu d’être terminés par une coupe & par une fiche, on y a pratiqué une cavité qu’on appelle la bobeche ; c’est dans cette cavité qu’on place la bougie ou la chandelle. L’usage de la coupe dans les chandeliers d’église, c’est de recevoir la cire qui tombe fluide du cierge tandis qu’il brûle. Cette piece est suppléée dans les chandeliers domestiques, qu’on appelle flambeaux, par un instrument appellé binet : le binet n’est autre chose qu’une petite coupe percée dans le milieu, & à l’ouverture de laquelle on a adapté ou soudé en-dessous, ou vers la partie convexe, une douille mince ; cette douille entre dans la bobeche du chandelier ; la bougie ou chandelle dans la douille du binet ; & la cire ou le suif qui tombe fluide de la chandelle ou de la bougie, est reçu dans la partie concave de la coupe du binet. Il y a des chandeliers d’atteliers d’une infinité de façons, la chandelle entiere est renfermée dans quelques-uns, son extrémité inférieure entre dans un binet caché au fond de la branche du chandelier, & mobile le long de cette branche, par le moyen d’une queue qui traverse la branche du chandelier, & qui peut glisser de bas en-haut & de haut en-bas, dans une fente pratiquée exprès le long de la branche du chandelier. Celui des Tailleurs, qu’on voit Planche de ces ouvriers, est un branche de bois garnie par un de ses bouts d’une bobeche, & divisée à l’autre bout en quatre entailles, qui reçoivent la croisiere des quatre divisions de la cassette où ils mettent leur fil, & qui lui sert de pié. Les Orfévres, les Fondeurs, les Chaudronniers, les Ferblantiers, & autres ouvriers, font des chandeliers. Il y en a de bois, de terre, de fayence, de verre, de porcelaine, d’étain, de cuivre, d’argent, & d’or. Ceux de métal qui sont de plusieurs pieces qui s’envissent les unes dans les autres, sont de mauvais usage ; la vis & l’écrou s’usent, & l’assemblage cesse d’être solide. La maniere dont on les travaille, soit qu’on les fonde, soit qu’on les construise autrement, n’a rien de particulier. Il n’y a point d’ouvrier en métal, quel qu’il soit, & même en bois, qui ne puisse faire, soit au marteau & à la lime, soit au tour, un chandelier. Les chandeliers des anciens ne différoient en rien des nôtres : on ne sait si nous avons emprunté ceux de nos églises des temples des payens ou des synagogues des Juifs ; ce qu’il y a de certain, c’est que dans des tems où le Christianisme récent n’auroit pû avoir sans scandale le moindre ornement commun avec le paganisme, quelques peres de l’Eglise rejetterent l’usage des chandeliers, par la raison seule que les Payens s’en servoient.

* Chandelier d’or à sept branches. (Hist. ecclésiast.) Il est fait mention de deux chandeliers de cette espece dans les livres de l’ancien testament ; l’un réel, & l’autre mystérieux : Moyse ordonna le premier pour le tabernacle ; il fut battu d’or ; il pesoit un talent, son pié étoit aussi d’or, & il partoit de sa tige sept branches circulaires, terminées chacune par une lampe à bec. Le Saint, l’autel des parfums, & la table des pains de proposition, n’étoient éclairés que par ces lampes qu’on allumoit le soir & qu’on éteignoit le matin. Le chandelier étoit placé vers le midi : Salomon en fit fondre dix pareils dont