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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/270

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toile ou de fer blanc de cinq pouces en tous sens. On les met l’une sur l’autre, & on les bat à sec, c’est-à-dire sans être enfermées dans aucun outil, pour les sécher parfaitement ; on les brunit avec une patte de lievre & une poudre grise tirée d’un gips qu’on a calciné & passé à plusieurs reprises dans des tamis de plus en plus fins. Cette poudre se nomme brun ; enfin on presse les feuilles pour leur ôter le reste d’humidité qu’elles auroient pû conserver. Voyez Batteur d’or.

* CHAUDERON, s. m. (Art méchaniq.) vaisseau plus petit que la chaudiere, de cuivre ou d’airain, & d’un usage presque infini, soit dans les arts, soit dans la vie domestique. Voici quelques-uns de ces usages qui feront voir qu’il en a été du mot chauderon, comme du mot chaudiere, & qu’on les a transportés l’un & l’autre à des ustensiles avec lesquels ils avoient seulement de la conformité, soit par la figure, soit par l’emploi.

* Chauderons de Dodone. (Mytholog.) Les chauderons resonnans de Dodone ont été très-fameux dans l’antiquité. Voici la description qu’on en trouve dans Etienne de Byzance : « Il y avoit à Dodone deux colonnes paralleles & proche l’une de l’autre. Sur l’une de ces colonnes étoit un vase de bronze de la grandeur ordinaire des chauderons de ce tems ; & sur l’autre colonne, une statue d’enfant. Cette statue tenoit un foüet d’airain mobile & à plusieurs cordes. Lorsqu’un certain vent venoit à souffler, il poussoit ce foüet contre le chauderon, qui resonnoit tant que le vent duroit ; & comme ce vent régnoit ordinairement à Dodone, le chauderon resonnoit presque toujours : c’est de-là qu’on fit le proverbe, airain de Dodone, qu’on appliquoit à quelqu’un qui parloit trop, ou à un bruit qui duroit trop long-tems ». Il me semble que les auteurs & les critiques seroient très-bien représentés, les uns par les chauderons d’airain de Dodone, les autres par la petite figure armée d’un foüet, que le vent poussoit contre les chauderons. La fonction de nos gens de lettres est de resonner sans cesse ; celle de nos critiques de perpétuer le bruit : & la folie des uns & des autres, de se prendre pour des oracles.

Chauderon, terme de Boyaudier, espece de baquets dans lesquels ces ouvriers mettent tremper les boyaux ; ce sont pour l’ordinaire des tonneaux coupés en deux par le milieu, dont les cercles sont de fer, qu’on remplit d’eau, & dans lesquels on met amortir les boyaux. Voyez Boyaudier.

Chauderon, ustensile de cuisine, qui est ordinairement ou de cuivre ou de fer de fonte, avec une anse de fer mobile : cette anse sert à le suspendre sur le feu à une crémailliere.

Chauderon de pompe. (Marine.) on appelle ainsi en terme de Marine une piece de cuivre faite à-peu-près comme un chauderon, & percée d’une quantité de trous ronds, dont on entoure le bas de la pompe du vaisseau, pour empêcher les ordures d’entrer avec l’eau dans le corps de la pompe. (Z)

Chauderon, en terme de Bottier ; c’est une genouilliere aussi haute en-dedans qu’en-dehors, & qui par son égale profondeur ressemble assez à un chauderon. Voyez la figure 47. Planche du Cordonnier-Bottier.

CHAUDERONNERIE, marchandise de chaudieres, chauderons, & autres ustensiles de cuisine.

* CHAUDERONNIER, s. m. ouvrier autorisé à faire, vendre, & faire exécuter toutes sortes d’ouvrages en cuivre, tels que chaudiere, chauderon, poissonniere, fontaine, &c. en qualité de maître d’une communauté appellée des Chauderonniers. Ils ont quatre jurés ; deux entrent & deux sortent chaque année. Il faut avoir fait six ans d’apprentissage. On donne le nom de Chauderonniers au sifflet, à ces

ouvriers d’Auvergne qui courent la province, & qui vont dans les rues de la ville achetant & revendant beaucoup de vieux cuivre, en employant peu de neuf. Voici des ouvriers dont on ne connoît point encore les réglemens : il faut pourtant convenir qu’il importe beaucoup au public qu’ils en ayent, & que ces réglemens soient bien exécutés, puisqu’ils employent une matiere qui peut être livrée au public plus ou moins pure.

CHAUDESAIGNES, (Géog.) petite ville de France en Auvergne, dans la généralité de Riom.

* CHAUDIERE, s. f. (Art méch.) c’est en général un grand vaisseau de cuivre ou d’airain à l’usage d’un grand nombre d’artistes, entre lesquels on peut compter les suivans, qui sont les principaux, mais non les seuls. On a appliqué le nom de chaudiere en plusieurs occasions où l’on a été suggéré par la ressemblance des formes : ainsi on dit la chaudiere d’un volcan.

Chaudiere, en terme d’Argenteur, est un vase de fonte peu profond, sur lequel on place les mandrins de porte-mouchettes, parce qu’il faut toûjours les entretenir très-chauds ; ce qui se fait par le moyen du feu dont la chaudiere est pleine. Voyez Pl. de l’Argent. fig. 15. La fig. 3. représente un ouvrier qui travaille sur un porte-mouchette posé sur la chaudiere, qui est posée sur un tonneau pour qu’elle soit plus élevée. Voyez Argenteur.

Chaudiere, c’est un vaisseau de cuivre dont on se sert dans les navires pour faire cuire les viandes & les autres vivres de l’équipage. On dit faire chaudiere, pour dire faire à manger à l’équipage. (Z)

Chaudiere d’etuve, (Marine.) c’est une grande chaudiere de cuivre maçonnée, dans laquelle on fait chauffer le goudron pour goudronner les cables. Voyez la Pl. X. Marine, fig. 2. la situation de la chaudiere A sur les fourneaux dans l’étuve. (Z)

Chaudiere, (Brasseur.) grand vase d’airain dont les Brasseurs se servent pour faire chauffer l’eau & cuire la bierre. Voyez Brasserie.

Chaudiere, terme de Chapelier : ces ouvriers ont deux chaudieres principales ; l’une très-grande, pour la teinture ; l’autre plus petite, pour la foule. Ces deux chaudieres ont chacune leur fourneau. Voyez Chapeau. Voyez Pl. du Chapelier.

Chaudiere, ustensile de cuisine à une anse de fer, faite de cuivre jaune battu, à-peu-près de la même profondeur par-tout. Il y a des chaudieres de cuisine de toute grandeur.

Chaudiere, en terme d’Epinglier ; c’est un grand vase de cuivre rouge très-profond, & qui n’a pas plus de circonférence qu’il en faut pour contenir les plaques. Voyez Plaques, & les fig. 12. & 13. Pl. II. de l’Epinglier ; 12. est le couvercle, & 13. la chaudiere.

Chaudiere, terme de Papeterie ; c’est une espece de cuve d’airain B (Planches de Papeterie) ordinairement surmontée de bois, dans laquelle on met la pâte délayée avec de l’eau destinée à la fabrique du papier. Cette chaudiere est ordinairement garnie tout-autour d’un massif de maçonnerie : au-dessous de la chaudiere est pratiqué un fourneau C, où on entretient toûjours un feu leger, pour communiquer une chaleur modérée à la matiere, & l’empêcher de se mettre en grumeaux. La chaudiere qui est de forme elliptique ou ovale, n’occupant point tout le massif de maçonnerie qui est quarré, les angles de ce massif sont recouverts par une table de bois quarrée, dans un côté de laquelle est une entaille assez grande pour que l’ouvrier A puisse s’y placer.

Chaudiere, s. f. ustensile de pêche avec lequel on prend les salicots ou barbaux, sorte de poissons. C’est une espece de filet qu’on voit Pl. A de Pêche, fig. 4.