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Minerve : ce fut le symbole de la prudence. Il y en avoit beaucoup dans le territoire des Athéniens ; ils en firent un de leurs signes militaires. On voit à leurs monnoies la choüette posée sur des vases distingués par des lettres. Les antiquaires prétendent que les Athéniens se proposerent de conserver ainsi la mémoire de l’invention des vaisseaux de terre. Quoi qu’il en soit, le nom de choüette resta aux monnoies attiques ; & l’esclave d’un riche Lacédémonien disoit par allusion à ce nom, qu’une multitude de choüettes nichoient sous le toit de son maître.

Chouette, (Med.) Pline a vanté sa chair pour la paralysie ; tous les auteurs de matiere médicale ont rapporté cette vertu d’après lui, & comme trait d’érudition : cette propriété & quelques autres qu’ils lui ont aussi accordées chacun sur l’autorité de ses prédécesseurs, ne sont pas confirmées par des observations. L’usage medicinal de cet oiseau est très rare parmi nous, ou même absolument nul. (b)

Chouette, (petite) voyez Choucas.

* Chouette, (Hist. anc.) danse des Grecs dont nous ne savons autre chose, sinon qu’elle étoit dans le caractere pantomime & bouffon.

CHOUG ou SHOGLE, (Géog.) grande ville d’Asie dans la Syrie sur l’Oronte, sur la route de Sayde à Alep.

CHOUL, (Géog.) riviere des Pays-Bas au duché de Luxembourg dans les Ardennes, qui se jette dans la Meuse.

CHOUQUET, s. m. CHUQUET, BLOE, TÊTE DE MORE, (Marine.) c’est une grosse piece de bois ou plûtôt un billot qui est plat & presque quarré par-dessous, & rond par-dessus ; il sert à couvrir la tête du mât, & emboîte aussi un mât à côté de l’autre. Chaque mât a son chouquet. Voyez la Pl. I. de la Marine, où les chouquets de chaque mât sont cotés 13.

Le chouquet est percé en mortaise pour embrasser le tenon des mâts, & on amarre au chouquet le pendant des balancins.

Les mâts de hune, les perroquets, & les bâtons de pavillon entrent aussi dans un chouquet, qui les affermit & les entretient avec le mât qui est au-dessous ; & ce chouquet est enfermé dans un collier de fer coté bb, qui l’embrasse. Voy. la fig. citée ci-dessus ; voyez aussi la Plan. VI. fig. 76. où l’on voit la forme particuliere du chouquet.

« Au-dessous du chouquet il y a deux boucles ou petits cercles de fer, cotés aa fig. 76. par où passent les palans qui servent à hisser & amener les mâts de hune.

» Il y a aussi dans les chouquets des clés de bois qui sont garnies de fer, qui embrassent les vergues cotées c fig. 76. on les couvre de peaux de mouton pour empêcher que les voiles ne se gâtent & ne s’usent trop contre ces endroits-là.

» La grandeur des chouquets se regle sur la grandeur du vaisseau : par exemple, pour un vaisseau de cent trente-quatre piés de long de l’étrave à l’étambord, le grand chouquet aura trois piés un pouce de long, deux piés de large, & quatorze pouces d’épaisseur ; le chouquet du mât de misene, deux piés & demi de long, vingt-un pouces & demi de large, douze pouces & demi d’épais.

» Les chouquets de l’artimon du grand mât de hune & du beaupré, auront seize pouces de long, douze de large, & sept pouces d’épais.

» Les chouquets du grand & petit perroquet, quatorze pouces de long, douze de large, & six pouces & demi d’épais ».

Ces proportions peuvent cependant varier suivant les méthodes des différens constructeurs.

« Il y a encore quelques autres regles pour déterminer les proportions des chouquets. Par exem-

ple, on peut donner au chouquet du grand mât pour sa longueur, la septieme partie de la largeur du vaisseau ; pour la largeur de ce chouquet, on lui donnera les cinq huitiemes parties de sa longueur ; & pour son épaisseur, les deux tiers de sa largeur.

» Le chouquet du mât de misene sera plus court d’une huitieme partie que celui du grand mât ; sa largeur & son épaisseur dans les mêmes proportions.

» Le chouquet du mât d’artimon doit avoir la moitié du grand chouquet, ou chouquet du grand mât.

» Le chouquet du grand mât de hune, la même proportion que celui du mât d’artimon.

» Le chouquet du mât de hune d’avant, d’une huitieme partie plus court que les deux précédens, & le chouquet du beaupré égal à celui-ci.

» Le chouquet ou bloc qui est à l’arriere du mât d’artimon, doit être d’une huitieme partie plus court que celui du mât de hune d’avant ; & le chouquet du perroquet d’artimon, d’un tiers plus court que ce dernier.

» Les chouquets du grand perroquet, du perroquet de misene, & du perroquet de beaupré, doivent être égaux en longueur au chouquet de l’artimon, & entre eux ils different d’un ou deux pouces, selon que le charpentier le juge à propos. » (Z)

* CHOUSSET, s. m. (Œcon. domest.) boisson en usage chez les Turcs. Elle se fait avec de la pâte crue, mais levée ; on la décuit dans un chauderon plein d’eau ; & quand elle est rassise & séchée, on en prend la grosseur d’un œuf qu’on jette dans l’eau pour la boire. Cette pâte s’échauffe d’elle-même ; elle donne à l’eau une couleur blanche & épaisse. Cette boisson nourrit & enivre ; on se lave avec sa mousse : c’est une espece de fard.

CHOUSTACKS, (Comm.) monnoie d’argent usitée en Pologne, qui vaut environ huit sous de notre argent.

CHR

CHRAST, (Géog.) petite ville de Bohême dans le cercle de Chrudim.

CHRÊME, s. m. (Théologie.) huile consacrée par l’évêque, & dont se servent les églises Latine & Greque, pour administrer le baptême, la confirmation, l’ordre, & l’extrème-onction. Voyez Huile, Ordination, Extrême-onction, &c. On fait le saint chrême le Jeudi-saint.

Ce mot est formé du Grec χρῖσμα, qui signifie la même chose, & est dérivé du verbe χρίω, oindre.

Il y a deux sortes de chrêmes : l’un se fait avec de l’huile & du baume, & on s’en sert pour administrer les sacremens de baptême, de confirmation, & d’ordre : l’autre est de simple huile consacrée par l’évêque ; il servoit anciennement pour les cathécumenes, & sert encore à présent au sacrement d’extrème-onction. Voyez du Cange.

Les Maronites, avant leur réunion avec l’Église de Rome, employoient dans la composition de leur chrême, l’huile, le baume, le musc, le safran, la canelle, les roses, l’encens blanc, & plusieurs autres drogues.

Le P. Dandini, jésuite, qui alla au mont Liban en qualité de nonce du pape, ordonna dans un synode qu’il y tint en 1556, que le saint chrême à l’avenir ne seroit composé que d’huile & de baume, dont l’un représente la nature humaine de Jesus-Christ, l’autre sa nature divine. Voyez le Dict. de Trév.

L’onction du saint chrême dans la confirmation est regardée par les théologiens catholiques comme la matiere partielle du sacrement. Voyez Confirmation.

Dans le baptême & l’extrème-onction, c’est le