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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/606

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de bouline & d’escoutes, elles s’appliquent aux mâts, & ne servent plus à la conduite du vaisseau.

Coeffer un livre ; les Relieurs appellent coëffer un livre, lorsque le volume étant couvert, ils arrangent le tranchefile avec la pointe, & retirent un peu du veau pour recouvrir le tranchefile ; ce qui se fait avec un poinçon legerement, pour ne pas déchirer la peau, en observant de ne pas trop cacher le tranchefile. On fait cette façon en couvrant le livre, lorsque les peaux sont encore mouillées. Voy. Couvrir ; voyez Relier.

Coeffer, (fer à) terme de Marchand de modes ; anciennement ces fers à coëffer étoient de différentes figures ; ils avoient trois, quatre, cinq, & six branches de chaque côté ; ils étoient faits de fil-d’archal reployé, & formoient une espece de peigne dont les deux premieres branches, c’est-à-dire celles de dessus la tête, étoient plus longues, & les autres alloient par étage & en diminuant, éloignées d’un bon doigt les unes des autres ; chaque branche faisoit faire à la coëffure un gros pli, ce qui ressembloit à des tuyaux d’orgue.

Les fers du tems présent sont environ longs de trois ou quatre doigts, n’ont qu’une branche de chaque côté, & sont couverts de petits rubans fort étroits de soie blanche : ils servent pour former & soûtenir le gros pli du milieu d’une coeffure. Voyez Coeffure.

COEFFEUSE, s. f. femme dont le métier est d’aller dans les maisons pour friser & coëffer ; elle monte aussi les bonnets & les coëffures.

COEFFICIENT, s. m. (Algebre.) en langage algébrique, est le nombre ou la quantité quelconque placée devant un terme, & qui, en se multipliant avec les quantités du même terme qui la suivent, sert à former ce terme. Voyez Terme. Ainsi dans 3a, bx, Cxx, 3 est le coefficient du terme 3a, b celui de bx, C celui de Cxx.

Lorsqu’une lettre n’est précédée d’aucun nombre, elle est toûjours censée avoir 1 pour coefficient, parce qu’il n’y a rien qu’on ne puisse regarder comme multiplié par l’unité. Ainsi a, bc sont absolument la même chose que 1a, 1bc. Il ne faut pas confondre les coefficiens avec les exposans. Dans la quantité 3a, le coefficient 3 indique que a est pris trois fois, ou que a est ajoûté deux fois à lui-même. Au contraire dans la quantité a3, l’exposant 3 indique que a est multiplié deux fois de suite par lui-même.

Par exemple, supposons que a soit 4, 3a sera 3 fois 4, c’est-à-dire 12, & a3 sera 4 ✕ 4 ✕ 4, c’est-à-dire 64. Voyez Caractere.

Dans une équation ordonnée, le coefficient du second terme est la somme de toutes les racines (voy. Racine) ; ensorte que si la somme des racines positives est égale à celles des racines négatives, & que par conséquent la somme totale des racines soit zéro, il n’y aura point de second terme dans l’équation.

Le coefficient du troisieme terme dans la même équation ordonnée, est la somme de tous les produits des racines prises deux à deux de toutes les manieres possibles.

Le coefficient du quatrieme terme est la somme de tous les produits des racines prises trois à trois, de toutes les manieres possibles, & ainsi des autres termes à l’infini.

La méthode des coefficiens indéterminés est une des plus importantes découvertes que l’on doive à Descartes. Cette méthode très en usage dans la théorie des équations, dans le calcul intégral, & en général dans un très-grand nombre de problèmes mathématiques, consiste à supposer l’inconnue égale à une quantité dans laquelle il entre des coefficiens

qu’on suppose connus, & qu’on désigne par des lettres ; on substitue ensuite cette valeur de l’inconnue dans l’équation ; & mettant les uns sous les autres les termes homogenes, on fait chaque coefficient = 0, & on détermine par ce moyen les coefficiens indéterminés. Par exemple, soit proposée cette équation différencielle,


dy + bydx + ax2dx + cxdx + fdx = 0, on supposera
+ bydy = A + Bx + Cxx, & on aura,
+ bydy = Bdx   + 2Cxdx
+ bydx = bAdx + bBxdx + bCxxdx
+ ax2dx = bAdx + bBxdx + ax2dx
+ cxdx = bAdx + cxdx
+ xfdx = + fdx

Ensuite on fera B + BA + f = 0, 2C + bB + c = 0, bC + a = 0 ; & résolvant ces équations à l’ordinaire (voyez Equation), on aura les inconnues A, B, C. (O)

COEFFURE, s. f. en terme de Marchand de modes, est proprement tout ce qui sert à couvrir la tête des femmes, dans le négligé, demi-négligé, & dans l’ajusté. Ce terme sera bientôt au nombre de ceux auxquels on n’attache plus d’idées ; déjà la moitié des dames ont trouvé le moyen de se coëffer sans coëffure.

Cette partie de l’ajustement des femmes a été de tout tems sujette à bien des révolutions, tant chez les Grecs que chez les Romains & les autres nations ; il est impossible d’en faire mention. Les modes changeoient alors comme aujourd’hui : en dix-neuf ans du regne de Marc Aurele, sa femme paroît avec trois ou quatre coëffures différentes. Chacune de ces modes avoit son nom. Loin de connoître celui des pieces de toutes ces coëffures, nous n’avons seulement pas ceux de la coëffure entiere : il y en a en cheveux, d’autres en perles & pierres précieuses, &c.

Les coëffures sont faites le plus ordinairement de belles dentelles, de gase, de blonde, &c. Les veuves en portent de mousseline unie, ourlée tout-autour d’un grand ourlet large & plat. Les femmes d’artisans en portent de mousseline & de batiste ; & les femmes au-dessus du commun se servent de ces coëffures pour la nuit.

Les coëffures à quatre barbes sont de deux pieces, dont celle de dessous est plus large que celle de dessus ; il y faut près de six aulnes de der telle ; car pour les barbes on coud deux dentelles de la même façon à côté l’une de l’autre, ce qui forme la largeur de la barbe, qui peut avoir demi-aulne de long, & est tout en plein de dentelle : le bas forme une coquille plissée : le dessus de tête est aussi de la même dentelle, & tient aux barbes ; il peut avoir un quart & demi de long, & est attaché ou monté sur un morceau de mousseline unie, ou rayée, ou brodée : en la cousant à ce morceau, on plisse cette dentelle de plusieurs plis. C’est sur la seconde piece que l’on monte le fer qui forme le gros pli du milieu, qui se pose sur la premiere piece. Les pieces s’accolent l’une sur l’autre ; elles se montent ensuite sur un bonnet piqué, & s’y attachent avec de petites épingles.

Il y a aussi des coëffures appellées à bavolet, parce que la seconde piece, qui n’est à proprement parler qu’un dessus de tête sans barbe, s’appelle bavolet ; mais il fait le même effet que les coëffures à deux pieces.

L’on garnit toutes ces coëffures en-dessus de rubans de différentes couleurs, & qui y sont assujettis avec de petites épingles. La façon de les poser differe suivant les modes.

Autrefois, c’est-à-dire il y a quarante ou quarante-cinq ans, les coëffures de femmes étoient beaucoup plus larges, & montées sur des fers à trois, quatre, cinq, ou six branches de chaque côté, qui étoient plus courtes les unes que les autres, qui formoient