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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/299

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ches constantes, & leurs différentes éclipses, prouvent qu’elles sont comme notre terre des corps opaques, qui reçoivent la lumiere du Soleil. Voyez Phases, Eclipse, Tache, &c.

La lumiere du Soleil est un composé de sept couleurs primitives : rouge, orangé, jaune, verd, bleu, indigo, violet ; voyez Couleur ; & cette lumiere vient à nous en 7 à 8 minutes. Voyez Lumiere & Aberration.

Les planetes ne sont point des globes parfaits, & leurs orbites sont des ellipses & non des cercles. V. Orbite, Terre, &c. Les cometes ne sont autre chose que des planetes, dont les orbites sont fort allongées, & qui ne sont vûes que dans une partie de leurs cours. Voyez Comete.

Les coquillages, les poissons pétrifiés qu’on trouve sur les lieux les plus élevés & les plus éloignés de la mer, prouvent que les eaux ont inondé autrefois les lieux que nous habitons, voyez Chaos & Déluge ; & l’on voit dans les dispositions des différens lits de la Terre, des preuves des secousses qu’elle a autrefois éprouvées. Voyez Terre.

Les étoiles fixes sont autant de soleils semblables au nôtre, dont la distance est si énorme qu’on ne peut la mesurer. Il y en a de différentes grandeurs, de changeantes, de nébuleuses, &c. Voy. Etoile. Voyez l’essai de Cosmologie de M. de Maupertuis. (O)

COSMOLABE, s. m. (Astron.) ancien instrument de Mathématique ; c’est presque la même chose que l’astrolabe. Voyez Astrolabe. Ce mot est dérivé de κόσμος, monde, & λαμϐάνω, prendre, parce que cet instrument sert, pour ainsi dire, à prendre la mesure du monde. (O)

COSMOLOGIE, sub. f. (Ordre Encycl. Entendement. Raison. Philosophie ou Science, Science de la Nature, Cosmologie.) Ce mot, qui est formé de deux mots grecs, κόσμος, monde, & λόγος, discours, signifie à la lettre science qui discourt sur le monde, c’est-à-dire qui raisonne sur cet univers que nous habitons, & tel qu’il existe actuellement. C’est en quoi elle differe de la Cosmographie & de la Cosmogonie. Voy. ces mots.

La Cosmologie est donc proprement une Physique générale & raisonnée, qui, sans entrer dans les détails trop circonstanciés des faits examine du côté métaphysique les résultats de ces faits mêmes, fait voir l’analogie & l’union qu’ils ont entr’eux, & tâche par-là de découvrir une partie des lois générales par lesquelles l’Univers est gouverné. Tout est lié dans la Nature ; tous les êtres se tiennent par une chaîne dont nous appercevons quelques parties continues, quoique dans un plus grand nombre d’endroits la continuité nous échappe. L’art du Philosophe ne consiste pas, comme il ne lui arrive que trop souvent, à rapprocher de force les parties éloignées pour renoüer la chaîne mal-à-propos dans les endroits où elle est interrompue ; car par un tel effort on ne fait que séparer les parties qui se tenoient, ou les éloigner davantage de celles dont elles étoient déjà éloignées par l’autre bout opposé à celui qu’on rapproche ; l’art du Philosophe consiste à ajoûter de nouveaux chainons aux parties séparées, afin de les rendre le moins distantes qu’il est possible : mais il ne doit pas se flatter qu’il ne restera point toûjours de vuides en beaucoup d’endroits. Pour former les chainons dont nous parlons, il faut avoir égard à deux choses ; aux faits observés qui forment la matiere des chainons, & aux lois générales de la Nature qui en forment le lien. J’appelle lois générales, celles qui paroissent s’observer dans un grand nombre de phénomenes ; car je me garde bien de dire dans tous. Telles sont les lois du mouvement, qui sont une suite de l’impénétrabilité des corps, & la source de plusieurs des effets que nous observons

dans la Nature. Figure & mouvement (j’entens le mouvement qui vient de l’impulsion), voilà une grande partie des principes sur lesquels roule la Cosmologie. Il ne faut pas s’en écarter sans nécessité, mais aussi il ne faut pas trop affirmer qu’ils soient les seuls : nous ne connoissons pas tous les faits, comment pourrions-nous donc assûrer qu’ils s’expliqueront tous par une seule & unique loi ? cette assertion seroit d’autant plus téméraire, que parmi les faits mêmes que nous connoissons, il en est que les lois de l’impulsion n’ont pû expliquer jusqu’aujourd’hui. V. Attraction. Peut-être y parviendra-t-on un jour : mais en attendant cette grande découverte, suspendons notre jugement sur l’universalité de ces lois. Peut-être (& cela est du moins aussi vraissemblable) y a-t-il une loi générale qui nous est & qui nous sera toûjours inconnue, dont nous ne voyons que les conséquences particulieres, obscures, & limitées ; conséquences que nous ne laissons pas d’appeller lois générales. Cette conjecture est très-conforme à l’idée que nous devons nous former de l’unité & de la simplicité de la Nature. Voy. Nature. Au reste si nous refléchissons sur la foiblesse de notre esprit, nous serons plus étonnés encore de ce qu’il a découvert, que de ce qui lui reste caché.

Mais l’utilité principale que nous devons retirer de la Cosmologie, c’est de nous élever par les lois générales de la Nature, à la connoissance de son auteur, dont la sagesse a établi ces lois, nous en a laissé voir ce qu’il nous étoit nécessaire d’en connoître pour notre utilité ou pour notre amusement, & nous a caché le reste pour nous apprendre à douter. Ainsi la Cosmologie est la science du Monde ou de l’Univers considéré en général, entant qu’il est un être composé, & pourtant simple par l’union & l’harmonie de ses parties ; un tout, qui est gouverné par une intelligence suprème, & dont les ressorts sont combinés, mis en jeu, & modifiés par cette intelligence.

« Avant M. Wolf, dit M. Formey dans un article qu’il nous a communiqué, ce nom étoit inconnu dans les écoles, c’est-à-dire qu’il n’y avoit aucune partie distincte du cours de Philosophie qui fût ainsi appellée. Aucun métaphysicien ne sembloit même avoir pensé à cette partie, & tant d’énormes volumes écrits sur la Métaphysique, ne disoient rien sur la Cosmologie. Enfin M. Wolf nous a donné un ouvrage sous ce titre : Cosmologia generalis, methodo scientifica pertractata, quâ ad solidam, imprimis Dei atque naturæ, cognitionem via sternitur. Francof. & Lips. in-4o 1731. Il y en a eu une nouvelle édition en 1737. Il donna cet ouvrage immédiatement après l’Ontologie, & comme la seconde partie de sa métaphysique, parce qu’il y établit des principes, qui lui servent dans la Théologie naturelle à démontrer l’existence & les attributs de Dieu par la contingence de l’Univers & par l’ordre de la Nature. Il l’appelle Cosmologie générale ou transcendante, parce qu’elle ne renferme qu’une théorie abstraite, qui est, par rapport à la Physique, ce qu’est l’Ontologie à l’égard du reste de la Philosophie.

» Les notions de cette science se dérivent de l’Ontologie ; car il s’agit d’appliquer au Monde la théorie générale de l’être & de l’être composé. A cette considération du Monde, à priori, on joint le secours des observations & de l’expérience. De sorte qu’on peut dire qu’il y a une double Cosmologie ; Cosmologie scientifique, & Cosmologie expérimentale.

» De ces deux Cosmologies, M. Wolf s’est proprement borné à la premiere, comme le titre de son ouvrage l’indique ; mais il n’a pas négligé néanmoins les secours que l’expérience a pû lui donner pour la confirmation de ses principes.