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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/425

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dedans, & va s’insérer à la partie interne & supérieure du tibia ; il est difficile de conduire son tendon jusqu’à l’os, parce qu’il se confond dans cet endroit avec une production aponévrotique, qui appartient au fuscia-lata. Le couturier n’agit point seul, c’est l’auxiliaire de plusieurs muscles ; cependant son principal usage est de faire tourner l’os de la cuisse sur son axe, en portant la jambe pliée vers l’autre.

Ce muscle est le plus long de tous ceux du corps humain ; outre la flexion de la jambe, à laquelle il a part, il sert aussi, comme M. Winslow l’a remarqué, à faire la rotation de la cuisse de devant en-dehors, soit qu’elle soit étendue ou fléchie ; quand il opere cette rotation, la jambe étant fléchie, il fait croiser cette jambe avec l’autre, à-peu-près comme font les tailleurs d’habits lorsqu’ils travaillent étant assis. Voilà d’où lui vient le nom de couturier, & en latin celui de sartorius.

C’est sous le muscle couturier que sont situées la veine & l’artere crurale, & un gros nerf appellé aussi crural, qui vont se distribuer à la jambe & au pié. Les Chirurgiens doivent y prendre garde, quand ils ont des incisions à faire au-dedans de la cuisse ; car alors ils pourroient donner atteinte à ces vaisseaux s’ils poussoient jusque-là leurs instrumens, ce qui seroit très-dangereux. Fabrice de Hilden, dans la cinquante-deuxieme observation de la troisieme centurie, rapporte ce qui arriva en pareil cas à un charlatan, lequel voulant emporter une tumeur qu’un homme de qualité avoit au-dedans de la cuisse, & ignorant la situation de ces vaisseaux, ne manqua pas de les ouvrir, & le malade mourut avant que l’on pût arrêter l’hémorrhagie qui s’ensuivit de cette ouverture.

Je dois observer ici, qu’il se trouve un petit espace entre le couturier & le vaste-interne, autre muscle de la jambe, où l’on peut appliquer le cautere. Voyez Cautere. Par M. le Chevalier de Jaucourt.

COUTURIERE, s. f. femme autorisée à travailler différens vêtemens, en qualité de membre d’une communauté établie en 1675. Une maîtresse ne peut faire qu’une apprentisse. L’apprentissage est de trois ans : cet apprentissage doit être suivi de deux ans de travail chez les autres maîtresses. Celles qui veulent se faire recevoir, sont obligées de faire chef-d’œuvre : il n’y a que les filles de maîtresse qui en soient exemptes. La communauté est dirigée par six jurées, dont trois entrent & sortent tous les ans. Leur corps est distribué en quatre sortes d’ouvrieres : il y a des couturieres en habit, elles ne font que des habits, & autres vêtemens de femmes ; des couturieres en corps d’enfant ; des couturieres en linge, & des couturieres en garniture.

COUVÉE, s. f. (Œcon. rustiq.) est la totalité des œufs qu’on a laissés sous une poule ou un autre oiseau domestique, pour en avoir des poulets. Il se dit aussi de la totalité des poulets quand ils font éclos.

COUVENT, s. m. terme d’Architecture, grand bâtiment où se retirent des personnes du même sexe, qui consacrées à Dieu, y vivent dans la retraite & la pratique de la vertu. On appelle les couvens monasteres, communautés, ou abbayes, selon qu’ils sont gouvernés par des abbés ou abbesses, prieurs ou prieures. Les bâtimens de ces monasteres consistent principalement en églises, cloîtres, réfectoires, dortoirs, chapitres, parloirs, cours, préaux, jardins, &c. Voyez chacun de ces termes. Les couvens de filles different de ceux des hommes, en ce que le chœur (Voyez Chœur) & leurs bâtimens intérieurs sont séparés des dehors par des grilles & des parloirs qui en défendent l’entrée. Les deux plus beaux monumens de ce genre qui se voyent à Paris, sont l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés & celle du Val-de-Grace,

la premiere pour hommes, & la seconde

pour filles.

Les bâtimens intérieurs doivent être d’une belle disposition, exposés convenablement, & bâtis avec solidité. Leurs églises sont ordinairement assez spacieuses, & d’une décoration proportionnée à l’importance du monastere ; celle du Val-de-Grace est une des plus belles, & dont l’ordonnance soit la plus relative à la convenance du lieu, & à l’idée qu’on doit se former d’un lieu saint. Les églises des Petits-Peres, des Jacobins, la rotonde des filles Sainte-Marie, dans un genre beaucoup plus simple, sont aussi fort estimées ; mais une des églises conventuelles de Paris, qui soit la plus conforme à la dignité des cérémonies de la religion, est celle des Carmelites du fauxbourg saint-Jacques : nous citerons aussi les abbayes de Corbie & de Clairvaux, décorées à la moderne avec beaucoup d’art & de goût. Voyez les desseins de celle de Corbie, dans nos Planches d’Architecture ; & ceux du Val-de-Grace, dans l’Architecture françoise, tome II. (P)

Couvent, (Jurispr.) on ne donne ce nom qu’aux maisons habitées par des religieux ou religieuses, qui sont autorisés à y former une communauté ; car les autres maisons appartenantes à des religieux, telles que des maisons de campagne & métairies, même celles où ils ont des hospices, ne sont pas des couvens.

Il faut même un certain nombre de religieux dans un monastere ; pour qu’il soit conventuel proprement dit : ce nombre est plus ou moins considérable, selon les statuts de chaque ordre ou congrégation.

Il y a dans l’ordre de Cluni des prieurés composés de quatre ou cinq religieux qui ne sont pas conventuels, mais qu’ils appellent prieurés sociaux. Voy. Prieurés & Monasteres.

On ne peut fonder aucun couvent sans une permission de l’évêque diocésain, autorisée par lettres patentes du Roi, dûement enregistrées au parlement Voyez l’édit du mois d’Août 1749.

Les juges & officiers de police, les commis des fermes sont en droit de faire la visite dans les couvens quand ils le jugent à-propos.

Le juge séculier ne peut contraindre des religieuses de recevoir dans leur couvent une fille ou une veuve, sans la permission de l’ordinaire. Augeard, tome II. ch. xxij. & xxxviij.

Une femme en puissance de mari ne peut pas non plus se retirer dans un couvent sans le consentement de son mari, ou sans y être autorisée par justice.

Petit couvent, se prend pour les biens qui ne sont pas de la premiere fondation du monastere : ainsi on appelle biens du petit couvent, ceux qui ont été acquis par les religieux, ou qui leur ont été aumônés ou donnés pour fondations particulieres.

Lorsqu’il s’agit de faire un partage des biens entre l’abbé ou prieur commendataire & les religieux, on distingue si les biens ont été donnés avant l’introduction de la commende, ou depuis ; ceux qui ont été donnés avant, ne se partagent qu’à la charge par le commendataire de payer aux religieux l’honoraire pour les messes, obits, & autres fondations qui s’acquittent dans le monastere. Voyez les mém. du clergé, édit. de 1716. tome IV. col. 1226. au mot Partage. (A)

* COUVER, v. act. & n. (Gram.) au simple il est neutre, & il désigne l’assiduité d’un oiseau mâle ou femelle, à rester sur ses œufs jusqu’à ce qu’il en soit éclos des petits. Les différens oiseaux couvent plus ou moins de tems. Au figuré, il est actif, & ne se prend guere qu’en mauvaise part : ainsi on dit, couver un mauvais dessein, pour le renfermer dans son ame jusqu’au moment qu’il puisse être accompli.