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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/619

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huit grains, pese comme le daller de Hollande sept gros un denier vingt grains, & vaut argent de France quatre livres six sous quatre deniers.

* DALMATES, sub. m. pl. (Géog. anc.) peuples originaires de l’Illyrie ; la Dalmatie en étoit la partie orientale : elle étoit anciennement composée de vingt villes, dont les Dalmates révoltés sur le roi Gentius s’emparerent d’abord. Ils étendirent ensuite leurs conquêtes jusqu’à la mer Adriatique. Ils furent appellés Dalmates de Dalmium la capitale du pays. Les Romains les subjuguerent. Mais ils n’appartinrent pas long-tems à l’empire Romain ; ils secoüerent le joug, prirent aux Lyburniens leur pays, & l’Illyrie aux Romains. La Dalmatie s’étendit encore ; mais les limites en furent resserrées dans la suite, & il s’en faut beaucoup que la Dalmatie nouvelle soit comparable à l’ancienne. Voyez l’article suivant.

DALMATIE, (Géog. mod.) province d’Europe bornée au nord par la Bosnie, au midi par le golfe de Venise, à l’orient par la Servie, à l’occident par la Morlaquie. Elle se divise en Vénitienne, Ragusienne, & Turque. Spalatro est la capitale de la partie Vénitienne, Raguse de la partie Ragusienne, & Herzegorma de la partie Turque.

DALMATIQUE, sub. f. (Hist. ecclés.) ornement que portent les diacres & les soûdiacres quand ils assistent le prêtre à l’autel, en quelque procession ou autre cérémonie. On peint S. Etienne revêtu d’une dalmatique. Ducange dit que les empereurs & les rois dans leurs sacres & autres grandes cérémonies, étoient revêtus de dalmatiques. Cet ornement étoit autrefois particulier aux diacres de l’église de Rome ; les autres ne le pouvoient prendre que par indult & concession du pape, dans quelque grande solennité. D’autres disent que les soûdiacres prenoient la tunique, les diacres la dalmatique, & les prêtres la chasuble. Le pape Zacharie avoit coûtume de la porter fous sa chasuble, & les évêques en portent encore. Cet ornement sacerdotal a souvent été confondu avec la chasuble qui étoit blanche mouchetée de pourpre. On lit dans Amalatius que ce fut un habit militaire avant que d’être un ornement ecclésiastique. Le pape Sylvestre en introduisit le premier l’usage dans l’église, selon Alcuin. Mais cette chasuble différoit de la nôtre ; elle étoit taillée en forme de croix, avoit du côté droit des manches larges, & du côté gauche de grandes franges : elle étoit, selon Durand, un symbole des soins & des superfluités de cette vie ; si elle n’avoit point de franges du côté droit, c’est que ces vanités sont inconnues dans l’autre. Les chappes des crieurs & des maîtres de confrairies sont faites en dalmatique ou tunique. L’usage en est originaire de la Dalmatie, d’où leur est venu le nom de dalmatique, à ce que disent Isidore & Papias. En Berri & en Touraine elle s’appelle courtibaut. Les paysans de ces provinces portent des casaques longues qu’ils appellent daumais, mot corrompu de dalmatique. Voyez Chambers & Trév. (G)

DALOT, s. m. (Marine.) DALON, DAILLON, ORGUE, GOUTIERE : ces mots sont synonymes, & se donnent à une piece de bois placée aux côtés du vaisseau, dans la longueur de laquelle on fait une ouverture d’environ trois pouces de diametre, qui sert pour l’écoulement des eaux de pluie ou des vagues qui tombent sur le pont. Ceux qu’ont met sur les ponts d’en-haut se font ordinairement quarrés & de plusieurs pieces de bois. Voyez Bordages d’entre les préceintes.

Les dalots du pont d’en-bas d’un vaisseau de cinquante canons, doivent être faits avec des pieces de bois qui ayent six pouces de large & cinq pouces d’épais, dont les trous ayent trois pouces de diametre.

Les dalots du pont d’en-haut ont quatre pouces de large sur quatre pouces d’épais, & les trous deux pouces.

Les dalots sont aussi des tuyaux de bois qu’on met dans un brulot, qui répondent d’un bout aux dales où il y a des traînées de poudre couvertes de toile goudronnée, & de l’autre bout aux artifices & autres matieres combustibles qui composent le brulot. Quelques-uns confondent quelquefois les dales avec les dalots, & nomment ces tuyaux conduits des dalots. (Z)

DAM, DOMMAGE, PERTE, (Gramm. Synon.) Le premier de ces mots n’est plus en usage que parmi les Théologiens, pour désigner la peine que les damnés auront d’être privés de la vûe de Dieu ; ce qu’on appelle la peine du dam : & dommage differe de perte, en ce qu’il désigne une privation qui n’est pas totale. Exemple. La perte de la moitié de mon revenu me causeroit un dommage considérable. (O)

Dam ou Damm, (Géog. mod.) ville des Pays-bas au comté de Flandre. Elle appartient à la maison d’Autriche. Long. 20. 50. lat. 51. 14.

Dam ou Damme, (Géog. mod.) petite ville des Provinces-unies dans la seigneurie de Groningue, située sur le Damster. Long. 24. 23. lat. 53. 36.

Dam, (Géog. mod.) ville d’Allemagne à la Poméranie : elle appartient aux Suédois. Elle est située sur l’Oder. Long. 32. 40. lat. 53. 4.

DAMAN, (Géog. mod.) ville des Indiens, à l’entrée méridionale du golfe de Cambaye. La riviere de Daman la traverse & la divise en deux parties, dont l’une s’appelle le nouveau Daman, & l’autre le vieux. Elle appartient aux Portugais. Long. 90. 10. latit. 21. 5.

DAMAR, (Géog. mod.) ville de l’Arabie heureuse en Asie. Long. 67. lat. 16.

DAMARAS, s. m. (Comm.) espece d’armoisin : c’est un taffetas des Indes.

* DAMAS, s. m. (Manufact. en soie.) Le dictionnaire de Savari définit le damas une étoffe en soie dont les façons sont élevées au-dessus du fond, une espece de satin mohéré, une mohere satinée, où ce qui a le grain par-dessus l’a de mohere par-dessous, dont le véritable endroit est celui où les fleurs sont relevées & satinées, & dont l’autre côté n’est que l’envers, & qui est fabriquée de soie cuite tant en trame qu’en chaîne. On verra bien-tôt par la fabrication de cette étoffe dont nous allons donner le détail, ce qu’il peut y avoir de vrai & de défectueux dans cette définition. Nous nous contenterons d’observer seulement ici, 1°. que la seule définition complette qu’on puisse donner d’une étoffe, & peut-être d’un ouvrage de méchanique en général, c’est d’exposer tout au long la maniere dont il se fait : 2°. que le damas ne fait point gros-de-tours ; car pour faire gros-de-tours ou le grain de cette espece, il faut baisser la moitié de la chaîne, au lieu qu’on n’en leve ou baisse au damas que la cinquieme partie ; le grain du damas seroit plûtôt grain de serge : mais il n’est ni grain de serge ni gros-de-tours. Les damas de Lyon ont tous d’aulne de large.

On distingue les damas en damas ordinaires pour robes, en damas pour meubles, en damas liséré, & en damas broché.

Tous les damas en général sont montés sur cinq lisses de satin & cinq de rabat, auxquelles il en faut ajoûter cinq de liage quand ils sont lisérés ou brochés.

Les damas ordinaires pour meubles lisérés & brochés, sont fixés en France par les réglemens à 90 portées. A Turin, ceux pour meubles, à 96 ; & à Gênes, à 100 ; & ils sont plus étroits que les nôtres.