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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/768

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par une méthode bien fautive ; car il comptoit le chemin par le nombre des tours des roues de sa voiture, & rabattoit ce qu’il jugeoit à propos pour les inégalités & les détours.

En 1739, MM. les académiciens qui avoient mesuré au Nord le degré, trouverent celui de Paris de 57183, en corrigeant l’amplitude de l’arc de M. Picard par un excellent instrument & par l’aberration des fixes ; mais ils ont supposé sa base bien mesurée. Les mêmes académiciens ont trouvé en 1736 le degré du Nord de 57438 toises. MM. de Thury & la Caille, en corrigeant ou changeant la base de M. Picard, trouverent le degré de Paris de 57074 toises. MM. les académiciens du Pérou ont trouvé le premier degré du méridien de 56753 toises. Il est assez singulier que le degré de France auquel on travaille depuis plus de 80 ans, soit aujourd’hui celui qu’on connoît le moins.

Degré de longitude, est proprement un angle d’un degré compris entre deux méridiens. Voyez Longitude. Il est visible que tous les arcs des paralleles à l’équateur renfermés entre les deux méridiens dont il s’agit, seront chacun d’un degré. Il est visible de plus que ces degrés seront d’autant plus petits, que l’on sera plus proche du pole. Le soleil par son mouvement apparent faisant 360 degrés par jour, il fait un degré en 4 minutes. Ainsi il y a 4 minutes de différence entre les deux méridiens dont il s’agit. Donc pour mesurer un degré de longitude, il faut aller sur le même parallele jusqu’à ce qu’on soit à 4 minutes de différence du lieu où l’on est parti, & mesurer ensuite par des opérations géographiques la distance des lieux. Cela sera plus amplement expliqué au mot Longitude.

La quantité du degré d’un grand cercle étant donnée, ainsi que la distance d’un parallele à l’équateur, on trouvera la quantité du degré de ce parallele par cette regle : Comme le sinus total est au co-sinus de la distance du parallele à l’équateur, ainsi la grandeur du degré de l’équateur est à la grandeur du degré de parallele.

Supposons, par exemple, que la latitude du parallele soit de 51d, & que le degré de l’équateur soit de 69 milles.

Log. du sinus total, 100000000.
Log. du co-sinus de 51 97988718.
Log. 69 18388491.

Log. cherché, 16377209.


Le nombre qui répond dans les tables à ce dernier logarithme, est 43 milles à-peu-près ; & ce dernier nombre étant multiplié par 5280, qui est le nombre de piés contenus dans un mille d’Angleterre, donne le nombre de piés anglois que contient un degré de ce parallele, &c. Voyez Mesure.

Le mot degré s’employe aussi dans l’Algebre en parlant des équations. On dit qu’une équation est du second degré, lorsque l’exposant de la plus haute puissance de l’inconnue est 2 ; du troisieme degré, lorsque l’exposant est 3, & ainsi de suite. V. Equation, Exposant, Puissance, &c.

On se sert encore du mot degré en parlant des courbes. On dit qu’une courbe est du second degré, lorsque la plus haute dimension des deux inconnues ou d’une seule, est 2 ; du troisieme degré, lorsque cette plus haute dimension est 3. Voyez Courbe. Au lieu du mot degré, on se sert quelquefois de celui de genre ; courbe du second genre est la même chose que courbe du second degré.

Degrés de froid et de chaud, en Physique, se mesurent par les degrés du thermometre. Voyez Thermometre. Sur quoi il faut remarquer deux choses : 1°. que nos propres sensations étant un moyen très-fautif de juger de l’augmentation du

froid & du chaud, il est nécessaire de déterminer cette augmentation par un instrument physique. Voyez Cave & Chaleur. 2°. Que cet instrument même nous apprend simplement l’augmentation du froid & du chaud, sans nous apprendre au juste la proportion de cette augmentation : car quand le thermometre, par exemple, monte de 30 degrés à 31, cela signifie seulement que le chaud est augmenté, & non pas que la chaleur est augmentée d’une trente-unieme partie. En effet, si on prend la chaleur pour la sensation que nous éprouvons, il est impossible de déterminer si une certaine chaleur que nous sentons, est le double, le triple, la moitié, les deux tiers, &c. d’une autre ; parce que nos sensations ne peuvent pas se comparer comme des nombres. Si on prend la chaleur pour un certain mouvement ou disposition de certains corps, il est impossible de s’assûrer si les degrés de ce mouvement ou de cette disposition quelconque, sont proportionnels au degré du thermometre ; parce que l’élévation de la liqueur est un effet qui peut provenir ou qui provient réellement de la complication de plusieurs causes particulieres, & de plusieurs agens, dont l’action réunie occasionne la chaleur plus ou moins grande. Voyez Cause. (O)

Degré, (Hist. mod.) dans les universités, est une qualité que l’on confere aux étudians ou membres, comme un témoignage du progrès qu’ils ont fait dans les arts & les facultés : cette qualité leur donne quelques priviléges, droits, préséances, &c. Voyez Université, Faculté, &c.

Les degrés sont à-peu-près les mêmes dans toutes les universités : mais les regles pour les obtenir, & les exercices qui doivent les précéder, sont différens. Les degrés sont ceux de bachelier, de licentié, & de docteur. Nous ne parlerons ici que des formalités en usage dans l’université de Paris & dans celles d’Angleterre.

A Paris, après le quinquennium ou tems de cinq années d’études, dont deux ont été consacrées à la Philosophie, & trois à la Théologie, le candidat déjà reçu maître-ès-arts, & qui aspire au degré de bachelier, doit subir deux examens de quatre heures chacun, l’un sur la Philosophie, l’autre sur la premiere partie de la somme de S. Thomas, & soûtenir pendant six heures une thèse nommée tentative. S’il la soûtient avec honneur, la faculté lui donne des lettres de bachelier. On en reçoit en tout tems, mais plus communément depuis la S. Martin jusqu’à Pâques. Voyez Bachelier & Tentative.

Le degré suivant est celui de licentié. La licence s’ouvre de deux ans en deux ans, & est précédée de deux examens pour chaque candidat sur la seconde & la troisieme partie de S. Thomas, l’Ecriture sainte, & l’histoire ecclésiastique. Dans le cours de ces deux ans, chaque bachelier est obligé d’assister à toutes les thèses sous peine d’amende, d’y argumenter souvent, & d’en soûtenir trois, dont l’une se nomme mineure ordinaire : elle roule sur les sacremens, & dure six heures. La seconde, qu’on appelle majeure ordinaire, dure dix heures ; sa matiere est la religion, l’écriture-sainte, l’église, les conciles, & divers points de critique de l’histoire ecclésiastique. La troisieme, qu’on nomme sorbonique, parce qu’on la soûtient toûjours en Sorbonne, traite des péchés, des vertus, des lois, de l’incarnation, & de la grace ; elle dure depuis six heures du matin jusqu’à six du soir. Ceux qui ont soûtenu ces trois actes & disputé aux thèses pendant ces deux années, pourvû qu’ils ayent d’ailleurs les suffrages des docteurs préposés à l’examen de leurs mœurs & de leur capacité, sont licentiés, c’est-à-dire renvoyés du cours d’études, & reçoivent la bénédiction apostolique du