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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/808

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tique tué & Osiris ressuscité ; mais il sortoit de la terre des figures hydeuses qui entreprenoient de le déthrôner ; c’étoient des géans monstrueux, dont l’un avoit plusieurs bras, l’autre arrachoit les plus grands chênes, un autre tenoit dans ses mains un quartier de montagne & le lançoit contre le ciel : on les distinguoit tous par des entreprises singulieres & par des noms effrayans. Les plus connus de tous étoient Briareus, Othus, Ephialtes, Encelade, Mimas, Porphyrion, & Rouach ou Rhæcus. Osiris reprenoit le dessus, & Horus son fils bien aimé, après avoir été rudement maltraité par Rhæcus, se délivroit heureusement de ses poursuites en se présentant à sa rencontre avec les griffes & la gueule d’un lion.

» Or pour montrer que ce tableau est historique, & que tous les personnages qui le composent sont autant de symboles ou de caracteres significatifs qui expriment les desordres qui ont suivi le déluge, les peines des premiers hommes, & en particulier l’état malheureux du labourage en Egypte, il suffira de traduire ici les noms particuliers qu’on donne à chacun de ces géans. Briareus, dérivé de beri, serenitas, & de harous, subversa, signifie la perte de la sérenité ; Othus, de onittoth, tempestatum vices, la succession ou la diversité des saisons ; Ephialtes, de evi ou ephi, nubes, & de althah, caligo, c’est-à-dire nubes caliginis ou nubes horrida, les grands amas de nuées auparavant inconnues ; Encelade, en-celed, fons temporaneus, torrens, le ravage des grandes eaux débordées ; Porphyrion, de phour, frangere, & en doublant, frustulatim defringere, les tremblemens de terre ou la fracture des terres qui crevasse les plaines & renverse les montagnes ; Mimas, de maim, les grandes pluies ; Rhæcus, de rouach, le vent. Comment se pourroit-il faire, dit avec raison notre auteur, que tous ces noms conspirassent par hasard à exprimer tous les météores qui ont suivi le déluge, si ce n’avoit été là l’intention & le premier sens de cette allégorie ? La figure d’Horus en étoit une suite. Hist. du ciel, tom. I. p. 107 & 108 ». Ces observations singulieres sont pour ainsi dire, démontrées avec la derniere évidence dans le reste de l’ouvrage, & presque toutes les fables de l’antiquité y concourent à nous apprendre que les suites du déluge influerent beaucoup sur la religion des nouveaux habitans de la terre, & fient sur eux toute l’impression qu’un évenement aussi terrible & qu’un tel exemple de la vengeance divine devoit nécessairement opérer. Article où tout ce qui est en guillemets est de M. Boulanger.

DE L’UN À L’AUTRE, en termes de Blason, se dit des pieces étendues, qui passent sur les deux de la partition, ou sur toutes les faces, bandes, paux, en alternant les émaux de ces partitions, comme Rodes Barbarel en Dombes, porte parti de sable & d’argent à treize étoiles rangées en trois paux, les cinq du milieu de l’un à l’autre, & les quatre de chaque flanc de l’un en l’autre. Trév. & Ménétr. (V)

DE L’UN EN L’AUTRE, se dit, en termes de Blason, du parti, du coupé, du tranché, de l’écartelé, du fascé, du pallé, du bandé, &c. lorsqu’ils sont chargés de plusieurs pieces, qui sont sur l’une de ces parties, de l’émail de l’autre réciproquement & alternativement, comme aux armoiries de Builloud, où l’écu est tranché d’argent & d’azur, à trois tourteaux d’azur sur l’argent, & trois besans d’argent sur l’azur. Ménétr. & Trév. (V)

DÉMAIGRIR ou AMAIGRIR une pierre, (Coupe des pierres.) c’est en ôter pour rendre l’angle que font deux surfaces plus aigu. (D)

DEMAILLER la bonnette. (Marine.) Voyez Déranger. (Z)

DEMANDE, QUESTION, syn. (Gramm.) Ces deux mots signifient en général une proposition par laquelle on interroge. Voici les nuances qui les distinguent. Question seulement se dit en matiere de sciences : une question de physique, de théologie. Demande, lorsqu’il signifie interrogation, ne s’employe guere que quand le mot de réponse y est joint ; ainsi on dit, tel livre est par demandes & par réponses. Remarquez que nous ne prenons ici demande que lorsqu’il signifie interrogation ; car dans tout autre cas sa différence d’avec question est trop aisée à voir. (O)

Demande, s. f. terme de Mathématique ; c’est une proposition évidente, par laquelle l’on affirme qu’une chose peut ou ne peut pas être faite. Voy. Proposition.

Une proposition déduite immédiatement d’une définition simple, si elle exprime quelque chose qui convient ou ne convient pas à une autre, est appellée un axiome ; si elle affirme qu’une chose peut ou ne peut pas être faite, c’est une demande.

Par exemple, il suit évidemment de la génération du cercle, que toutes les lignes droites tirées du centre à la circonférence, sont égales, puisqu’elles ne représentent qu’une seule & même ligne dans une situation différente ; c’est pourquoi cette proposition est regardée comme un axiome. V. Axiome.

Mais puisqu’il est évident par la même définition, qu’un cercle peut être décrit avec un intervalle quelconque & d’un point quelconque, cela est regardé comme une demande ; c’est pourquoi les axiomes & les demandes semblent avoir à-peu-près le même rapport l’un à l’autre, que les théoremes ont aux problemes. Voyez Théoreme, &c. Chambers. (E)

Les de mandes s’appellent aussi hypotheses ou postulata, mot latin qui signifie la même chose. On leur donne sur-tout le nom d’hypothese, lorsqu’elles tombent sur des choses qui à la rigueur peuvent être niées, mais qui sont nécessaires pour établir les démonstrations. Par exemple, on suppose en Géométrie que les surfaces sont parfaitement unies, les lignes parfaitement droites & sans largeur ; en Méchanique, que les leviers sont inflexibles, que les machines sont sans frottement & parfaitement mobiles ; en Astronomie, que le soleil est le centre immobile du monde, que les étoiles sont à une distance infinie, &c. Il est visible par cette énumération, que les hypotheses influent plus ou moins sur la rigueur des démonstrations. Par exemple, en Géométrie les inégalités des surfaces & des lignes n’empêchent pas les démonstrations d’être sensiblement & à très-peu près exactes ; mais en Méchanique les frottemens, la masse des machines, la flexibilité des leviers, la roideur des cordes, &c alterent beaucoup les résultats qu’on trouve dans la spéculation, & il faut avoir égard à cette altération dans la pratique.

C’est bien pis encore dans les sciences physicomathématiques ; car les hypotheses que l’on fait dans celles-ci, conduisent souvent à des conséquences très-éloignées de ce qui est réellement dans la nature. En Méchanique les hypotheses sont utiles, non-seulement parce qu’elles simplifient les démonstrations, mais parce qu’en donnant le résultat purement mathématique, elles fournissent le moyen de trouver ensuite par l’expérience ce que les qualités & circonstances physiques changent à ce résultat ; mais dans les sciences physico-mathématiques, où il est question du calcul appliqué à la Physique, toute hypothese qui s’éloigne de la nature est souvent une chimere, & toûjours une inutilité. Voyez le Discours préliminaire, & la préface de mon Essai sur la résistance des fluides. Paris 1752. (O)

Demande, (Jurispr.) en termes de palais, signifie