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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/901

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castrati, dont la voix gagne une octave en-haut au moyen de cette mutilation. Voyez Castrati.

Le dessus se divise ordinairement en premier & second dessus, & même quelquefois en trois. La partie des voix qui exécute le second dessus, s’appelle bas-dessus ; & l’on fait aussi des récits à voix seule pour cette partie. Un beau bas-dessus plein & sonore est plus estimé en Italie pour voix de femme, que les voix claires & aiguës ; mais on n’en fait aucun cas en France. Voyez Partie, Voix. (S)

Dessus, (Opera.) voyez l’article précedent. On dit d’une actrice de l’opera & d’une chanteuse de concert, c’est un beau dessus, pour dire une belle voix de dessus. Les chœurs de femmes à l’opera sont composés de dessus & de bas-dessus ; les premieres sont placées du côté du Roi, les autres du côté de la Reine. Voyez Chœurs. La partie des dessus à la chapelle du Roi, est chantée par des castrati. Voyez Chanteur. (B)

Dessus de flûte à bec, (Luth.) instrument à vent, dont la forme & la tablature est semblable à celle de la flûte à bec décrite à son article. Cet instrument sonne l’octave au-dessus de la flûte à bec, appellée taille. Voyez Flûte à bec, & la table du rapport de l’étendue des instrumens.

Dessus de flute traversiere, (Luth.) est un instrument de musique semblable à la flûte traversiere, mais la moitié plus petit, & qui ne se démonte qu’en deux ou trois parties. La tablature de cet instrument qui sonne l’octave au-dessus de la flûte traversiere ordinaire, est tout-à-fait semblable à celle de ce dernier instrument. Voyez Flute traversiere, & la Pl. VIII. fig. 8. de Lutherie.

Dessus de viole, (Luth.) instrument de musique à cordes & archet, en tout semblable à la viole, dont il ne differe qu’en ce qu’il est plus petit & n’a que six cordes, lesquelles sonnent l’octave au-dessus des six premieres de la viole. Voyez Viole La facture & la tablature de cet instrument, que les Italiens appellent alto viola, est en tout semblable à celle de la viole. Voyez Pl. II. fig. 2. de Lutherie.

Dessus de porte, (Archit.) on entend sous ce nom tous les revêtissemens de pierre, de bois ou de plâtre, susceptibles d’ornemens, de peinture, sculpture & architecture, à l’usage de la décoration des appartemens. (P)

Dessus, en terme de Bijoutier, est proprement le couverture d’une tabatiere, qui joue sur le fond & la base par le moyen d’une charniere.

DESTIN, s. m. (Morale & Métaphysique.) est proprement l’ordre, la disposition ou l’enchaînement des causes secondes, ordonné par la Providence, qui emporte l’infaillibilité de l’évenement. V. Fatalité

Selon quelques philosophes payens, le destin étoit une vertu secrete & invisible, qui conduit avec une sagesse incompréhensible ce qui nous paroît fortuit & déréglé ; & c’est ce que nous appellons Dieu. Voyez Dieu.

Les Stoïciens entendoient par la destinée, un certain enchaînement de toutes choses qui se suivent nécessairement & de toute éternité, sans que rien puisse interrompre la liaison qu’elles ont entr’elles. Cette idée confond le nécessaire avec l’infaillible. Voyez Providence & Nécessité.

Ils soûmettoient les dieux mêmes à la nécessité de cette destinée ; mais ils définissent plûtôt ce que le mot de destinée devoit signifier, que ce qu’il signifie dans le langage commun : car les Stoïciens n’avoient nulle idée distincte de cette puissance à qui ils attribuoient ces évenemens. Ils n’avoient qu’une idée vague & confuse d’un je ne sai quoi chimérique, & d’une cause inconnue à laquelle ils rapportoient cette disposition invariable & cet enchaînement éter-

nel de toutes choses. Il ne peut y avoir aucun être

réel qui soit le destin des Stoïciens. Les philosophes payens qui en avoient fabriqué l’idée, supposoient qu’elle existoit, sans savoir pourtant précisément ce qu’ils entendoient par cette fatalité inévitable. Les hommes n’osant d’un côté imputer à la Providence les malheurs qu’ils prétendoient leur arriver injustement, & de l’autre ne voulant point reconnoître que c’étoit leur faute, formerent le phantôme du destin pour le charger de tout le mal. V. Fortune. Chambers.

DESTINATION, s. f. (Jurisprud.) est la disposition que l’on entend faire de quelque chose. L’effet de la simple destination, quoique non remplie, ne laisse pas de produire son effet quand elle est bien prouvée.

Ainsi des deniers que l’on a stipulés qui seroient employés en achat d’héritages, seront réputés propres à l’égard de la communauté.

Un bâtiment commencé en forme de collége ou d’hôpital, est acquis au public par sa seule destination, qui dans ce cas forme ce que l’on appelle une pollicitation. Voyez Pollicitation. (A)

Destination de pere de famille, est l’arrangement qu’un propriétaire a fait dans son héritage, soit pour les jours, soit pour égoûts, entrées, passages, & autres dispositions ; soit dans un même corps de bâtiment ou dans deux maisons à lui appartenantes & se joignantes l’une l’autre. Ce propriétaire n’a pas besoin de titre pour disposer ainsi une partie de son héritage par rapport à l’autre, parce que ce n’est point à titre de servitude qu’il fait ces dispositions, mais par droit de propriété. Ces arrangemens faits dans un tems où la totalité des héritages appartient au même propriétaire, sont ce que l’on entend par destination du pere de famille. Cette destination vaut titre pour les servitudes qui se trouvent imposées sur une partie de l’héritage en faveur de l’autre, lorsque ces deux portions d’héritage se trouvent ensuite entre les mains de deux différens propriétaires : mais pour que la destination vaille titre, dans ce cas il faut qu’elle soit par écrit, c’est-à-dire que l’arrangement du pere de famille soit expliqué dans quelqu’acte. Lorsqu’il met hors de ses mains une partie de son héritage, il doit en le faisant, déclarer quelles servitudes il y retient, ou quelles servitudes il constitue sur la portion qu’il reserve, & cela nommément, tant pour l’endroit, grandeur, hauteur, mesure, qu’espece de servitudes ; autrement elles ne peuvent valoir : ce qui est conforme à la disposition des lois 3. 7. & 10. ff. communia prædiorum, & c.

Il faut du moins que cette destination ait été par écrit, auquel cas si l’acte ne subsistoit plus, on pourroit faire preuve qu’il a existé.

Telles sont les dispositions de la coûtume de Paris, art. 215. & 216. Avant la réformation de cette coûtume, il n’étoit pas nécessaire que la destination du pere de famille fût par écrit ; & cela s’observe encore pour les servitudes qui étoient constituées dès le tems de l’ancienne coutume, suivant les arrêts rapportés par les commentateurs sur l’art. 216. (A)

Destination, (Marine.) On dit le lieu de la destination d’un vaisseau, pour désigner le port & le pays où le vaisseau va. (Z)

DESTINÉE, s. f. (Métaph.) en général, signifie un évenement infaillible qui dépend d’une cause supérieure. Les Latins se servoient du mot fatum.

Fatum est un terme fort en usage parmi les anciens philosophes. Il vient de fando, parler, & signifie proprement la même chose que effatum, c’est-à-dire mot, decret prononcé par Dieu, ou une déclaration fixe par laquelle la Divinité a reglé l’ordre