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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/122

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particuliers, sur-tout Vomitif, Purgatif, Sudorifique. (b)

EVACUER une Place ou un Pays, c’est, dans l’Art militaire, en faire retirer les troupes qu’on y avoit établies.

Le terme d’évacuer s’employe ordinairement pour une espece de retraite volontaire, faite en vertu d’une capitulation ou de quelque traité de paix. (Q)

EVALUATION, s. f. (Gramm.) prix que l’on met à quelque chose, suivant sa valeur. On fait à la monnoie l’évaluation des especes, à proportion de leur poids & de leur titre. On fait faire par des arbitres l’évaluation des marchandises. En Hydraulique on appelle l’évaluation des eaux, le produit de leur dépense. Voyez Dépense.

EVALUER, v. a. estimer une chose son juste prix.

Evaluer, (Architect.) c’est en général dans l’estimation des ouvrages, en régler le prix par compensation, eu égard à la matiere, à la forme, & même à des altérations, qui ayant été faites par ordre, ne sont plus en existence. (P)

EVANGÉLISER, (Jurisp.) vieux terme du palais, qui signifioit vérifier un procès ou un sac, pour s’assurer s’il étoit complet. Cette vérification s’appelloit aussi évangile. Ces expressions, tout impropres qu’elles sont, avoient été adoptées par les anciennes ordonnances : celle de Louis XII. du mois de Mars 1498, art. 99. veut que les greffiers rendent aux parties leurs sacs & productions, après avoir grossoyé la sentence ; ou s’il en est appellé, les clorre & évangéliser. On auroit dû dire les évangéliser & les clorre, parce que la vérification du sac se faisoit avant de le clorre. C’étoit afin que les parties ne pûssent rien retirer de leurs productions, ni y ajoûter ; & que le juge d’appel vît sur quelles pieces on avoit jugé en premiere instance. François I. par son ordonnance donnée à Ys-sur-Thille au mois d’Octobre 1535, ch. xviij. art. 15. réitéra la même injonction aux greffiers, de faire porter les procès dont il avoit été appellé, clos, évangélisés & scellés, le plus diligemment que faire se pourroit, par un seul messager, si faire se pouvoit. Présentement cette évangélisation ou vérification ne se fait plus ; on rend aux parties leurs productions, sans les vérifier ni les clorre. Il est vrai qu’autrefois, avant de conclure un procès en la cour, on faisoit la collation ou vérification des pieces ; mais depuis long-tems, pour plus prompte expédition, on reçoit le procès & on admet les parties à conclure, comme en procès par écrit : on ajoûte seulement à la fin de l’appointement de conclusions, ces mots, sauf à faire collation, c’est-à-dire sauf à vérifier si les productions principales sont completes. Il y a encore quelques provinces où l’on se sert de ce terme évangéliser, pour dire vérifier, rendre authentique. Par exemple, en Limosin on appelle évangéliser un testament olographe, lorsqu’il est déposé chez un notaire, & rendu solennel. Voyez ci-après Evangile & Evangéliste. (A)

EVANGÉLISTE, s. m. (Hist. littér.) On nomme ainsi dans les académies ou compagnies littéraires, celui des académiciens sur qui tombe le sort pour être témoin & inspecteur du scrutin, ou pour y tenir la place d’un officier absent ; ainsi il peut y avoir plusieurs évangélistes à un scrutin.

Evangélistes, adj. masc. plur. (Hist. ecclés. & Théolog.) terme particulierement consacré pour désigner les quatre apôtres que Dieu a choisis & inspirés pour écrire l’évangile ou l’histoire de Notre Seigneur Jesus-Christ, & qui sont S. Matthieu, S. Marc, S. Luc, & S. Jean. Voyez Evangile.

Ce mot est composé d’εὖ, bene, & d’ἀγγέλω, j’annonce une nouvelle ; c’est-à-dire porteur de bonnes nouvelles. C’est dans ce sens que Cicéron dit à Atticus : ô suaves épistolas tuas uno tempore mihi datas duas :

quibus evangelia quæ reddam nescio, deberi quidem planè fateor.

Dans la primitive Eglise on donnoit aussi le nom d’évangéliste à ceux qui annonçoient l’évangile aux peuples, étant choisis pour cette fonction par les apôtres, qui ne pouvoient pas par eux-mêmes publier le christianisme par tout le monde. Mais ces évangélistes n’étoient point attachés à un troupeau particulier, comme les évêques ou les pasteurs ordinaires ; ils alloient par-tout où les envoyoient les apôtres, & revenoient vers eux quand ils s’étoient acquittés de leur commission : aussi étoit-ce une fonction extraordinaire qui a cessé avec celle des apôtres, à moins qu’on ne veuille leur comparer nos missionnaires. Voyez Missionnaires.

Quelques interpretes pensent que c’est dans ce sens que le diacre S. Philippe est appellé évangéliste dans les actes des apôtres, ch. xxj. v. 8., & que S. Paul écrivant à Timothée, lui recommande (ch. jv. v. 5.) de remplir les fonctions d’évangéliste. Le même apôtre, dans son épître aux Ephésiens (ch. jv. v. 11.), met les évangélistes après les apôtres & les prophetes. M. de Tillemont a employé le mot évangeliste dans le même sens. « Beaucoup de ceux qui embrasserent alors la foi, dit cet auteur, remplis de l’amour d’une sainte philosophie, commencerent à distribuer leurs biens aux pauvres, & ensuite allerent en différentes contrées faire l’office d’évangélistes, prêcher Jesus-Christ à ceux qui n’en avoient pas encore entendu parler, & leur donner les livres sacrés des évangiles, &c. ». (G)

Evangélistes, (Jurisp.) suivant l’ancien style du palais, sont ceux qui vérifient un procès ou un sac, pour connoître si les productions sont completes, & si l’on n’y a rien ajoûté ou retranché. Les notaires-secrétaires du roi près les cours de parlement, étoient autrefois ainsi nommés évangélistes, à cause qu’ils évangelisoient & vérifioient les procès, tant ceux qui étoient apportés en la cour, que ceux qui se mettoient sur le bureau, en les conférant ou collationnant avec le procès ou extrait du rapporteur. Ils sont ainsi appellés dans le style du parlement de Toulouse, par Gabriel Cayron, liv. IV. tit. x. pag. 670. On donne présentement ce nom aux conseillers qui font la fonction d’assistans près du rapporteur, pour vérifier s’il dit vrai. On nomme quelquefois deux rapporteurs pour une même affaire, & en ce cas le second est appellé évangéliste. Quand on rapporte un procès dans toutes les regles, il y a deux conseillers-assistans aux côtés du rapporteur, dont l’un tient l’inventaire, & l’autre les pieces ; & après que le rapporteur a exposé les faits & les moyens, l’un lit les clauses des pieces produites, l’autre les inductions qui en sont tirées. Dans les procès qui ont été vûs des petits commissaires, les commissaires tiennent lieu d’évangélistes à l’égard du rapporteur, attendu qu’ils ont déjà vû les pieces. On appelle aussi évangélistes à la chambre des comptes, les deux conseillers-maîtres qui sont chargés, l’un de suivre le compte précedent, l’autre de vérifier les acquits, pendant qu’un conseiller-auditeur rapporte un compte. Voyez Evangile & Evangéliser. (A)

EVANGILE, s. m. (Théol.) du grec εὐαγγέλιον, heureuse nouvelle. C’est le nom que les Chrétiens donnent aux livres canoniques du nouveau Testament, qui contiennent l’histoire de la vie, des miracles, de la mort, de la résurrection & de la doctrine de Jesus-Christ, qui a apporté aux hommes l’heureuse nouvelle de leur réconciliation avec Dieu.

Les églises greque & latine, & les sociétés protestantes ne reconnoissent que quatre évangiles canoniques ; savoir ceux de S. Matthieu, de S. Marc, de S. Luc, & de S. Jean.

S. Matthieu écrivit le premier l’évangile vers l’an