Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Article VIII.

De la conversion avec pivot au centre. Comme on trouve dans le quart de conversion tout ce qui concerne la conversion entiere, il suffira de considérer ici le quart de conversion, lorsque le pivot est au centre.

Cette espece particuliere de quart de conversion, en prenant pour pivot le soldat du centre du premier rang, se nomme ordinairement le moulinet, quelquefois aussi conversion centrale ; on peut l’exécuter pour plusieurs raisons.

1°. Parce que dans cette manœuvre il faut moins de terrein pour tourner le bataillon, que s’il tournoit sur un de ses angles, & qu’il peut se rencontrer des terreins serrés & coupés, où un bataillon auroit à peine l’espace nécessaire pour tourner, le pivot étant au centre, & dans lesquels il ne l’auroit pas, si le pivot étoit à un de ses angles.

2°. Pour accélérer l’exécution du quart de conversion. Car en prenant le pivot au centre, on diminue la moitié du chemin que font les soldats, lorsque le pivot est aux flancs ; & l’on diminue par conséquent de moitié le tems du mouvement : ce qui est très-important dans plusieurs occasions, principalement, « lorsque l’ennemi marchant pour tomber sur le flanc qui est toûjours le plus proche de lui, & qui est celui sur lequel il faut que le bataillon tourne pour lui faire front, ce flanc demeure long-tems exposé ; & le bataillon court risque d’être attaqué avant qu’il ait achevé son tour : auquel cas il ne peut soûtenir le choc ». Art de la guerre, de M. le maréchal de Puysegur, tome I. page 258.

3°. Pour maintenir des troupes qui marchent en colonne, ou les unes derriere les autres, sur la même direction où on les a mises d’abord ; & cela si par quelques raisons on est obligé de leur faire faire un quart de conversion, pour faire face à un flanc de la marche, & qu’ensuite on leur fasse faire un autre quart de conversion pour reprendre leur chemin. Si on fait tourner ces bataillons sur le centre, on ne change pas la direction de leur marche, parce que les pivots restent sur la même ligne ; ce qui n’arrive pas lorsqu’on fait le quart de conversion en prenant l’un des angles pour pivot ; c’est ce qui peut se démontrer très-aisément de cette maniere.

Soient les bataillons AB, AB, &c. (fig. 41) qui marchent à la suite l’un de l’autre dans la ligne droite XY, qui passe par leur centre. Si l’on suppose que chaque bataillon fasse un quart de conversion sur le centre, pour faire face à l’un de ses flancs, par exemple au flanc A, ils seront portés en a b, a b, &c. si on leur fait faire ensuite un autre quart de conversion, dans le sens opposé au premier, c’est-à-dire de gauche à droite ; si le premier a été fait de droite à gauche, il est évident que tous ces bataillons reprendront leur premiere position.

Si GH (fig. 42) est la direction du chemin que suivent les mêmes bataillons AB, AB, &c. & que le flanc gauche, par exemple, dans ces bataillons soit sur cette ligne ; si on leur fait faire face en flanc par un quart de conversion de droite à gauche, ils seront placés sur la même ligne en a b, a b, &c. & si ensuite on veut les remettre en marche, suivant leur premiere direction, on ne pourra le faire qu’en leur faisant exécuter un quart de conversion de gauche à droite, sur l’angle opposé au premier pivot : alors ils se trouveront placés en CD, CD, &c. où les gauches c C &c. sont éloignées de leur premiere position de l’intervalle du front du bataillon. Comme on suppose l’ennemi sur le flanc gauche de la marche de ces bataillons, cette manœuvre en approche les bataillons de l’étendue de leur front : si elle étoit répétée deux fois, ils s’en approcheroient de deux

fois cette même étendue ; ce qui seroit un inconvénient fort considérable.

Si l’on veut faire reprendre aux troupes en marche leur premiere direction, elles ne sont plus en ligne droite les unes à la suite des autres, principalement s’il y a un grand nombre de troupes en marche, & qu’il n’y en ait qu’une partie qui ait fait la manœuvre qu’on vient d’expliquer : dans ces sortes de circonstances, le quart de conversion, le pivot au centre, est donc plus avantageux que celui qui est à l’un des angles ; il s’agit de donner la maniere de l’exécuter.

On prend pour pivot le chef de file qui est au milieu ou au centre du bataillon : on considere ensuite la troupe comme séparée ou divisée en deux parties ; à l’une desquelles on fait faire le quart de conversion en-avant, & à l’autre en-arriere. La file où est le pivot est celle qui termine la partie du bataillon qui fait le quart de conversion en-avant, laquelle partie l’exécute de la même maniere qu’on l’a expliqué ci-devant : le plus difficile de cette manœuvre se fait par la partie du bataillon qui fait le quart de conversion en arriere.

Cette partie fait d’abord un demi-tour à droite, pour faire face à la queue du bataillon, & ensuite un quart de conversion du même côté que le fait l’autre partie du même bataillon, c’est-à-dire qu’elle le fait à droite, si la premiere partie le fait de ce côté, ou à gauche, si cette même partie l’a fait vers la gauche.

Supposons que le bataillon ABDE, (fig. 43.) qui fait le quart de conversion sur le centre C, le fasse de droite à gauche, le chef de file placé au milieu ou au centre du premier rang AB, servira de pivot ; & la partie du bataillon de la droite de la file CM, fera le quart de conversion en-avant de droite à gauche, à la maniere ordinaire, c’est-à-dire que cette partie CBDM viendra se placer en CFGN, par un quart de conversion de droite à gauche.

Pendant le tems que cette moitié du bataillon fera cette manœuvre, l’autre, après avoir fait un demi-tour à droite, fera un quart de conversion de droite à gauche : ce qu’il y a de particulier dans ce mouvement, c’est que le soldat M, serre-file de la file de la droite du milieu du bataillon dans sa premiere position, qui devroit servir de pivot au quart de conversion de la partie CAEM du bataillon ne le peut, parce que le bataillon se trouveroit alors avoir ses deux parties séparées entre elles de l’intervalle de la hauteur ou profondeur du bataillon.

Pour éviter cet inconvénient, le soldat C, qui a servi de pivot au quart de conversion de la premiere partie du bataillon, en sert encore à la seconde. Pendant qu’il tourne avec la droite du bataillon, le soldat marqué M décrit un quart de cercle autour du pivot C, tel qu’il est marqué dans la figure. Les autres soldats de la partie ACMB, en font de même, en se jettant sur la droite, & en marchant de maniere que chaque demi-rang de la gauche se trouve toûjours en ligne droite avec les demi-rangs de la droite. Lorsque cette partie aura décrit le quart de conversion, celle de la gauche aura ainsi également fait le sien ; c’est pourquoi il ne s’agira plus que de lui faire faire un demi-tour à gauche, pour que tout le bataillon entier se trouve faire face du même côté IF.

Remarques.

I. On peut faire faire non-seulement le quart de conversion à un bataillon, sur un pivot pris au milieu ou au centre du premier rang, mais encore à tel endroit de la troupe qu’on veut, comme au tiers ou au quart. Il suffit pour cet effet d’exécuter tout ce qu’on vient d’expliquer pour le quart de conversion