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VI. Problème.
Faire la contre marche par rangs en changeant de terrein, ou, comme on le dit ordinairement, en gagnant le terrein.

La troupe qui veut faire la contre-marche par rangs en changeant de terrein, peut en changer en se plaçant sur le terrein de sa droite, ou sur celui de sa gauche. Nous supposerons que c’est vers la gauche.

On commencera l’exécution de cette contre-marche c omme dans le problème précédent ; mais au lieu de faire arrêter les soldats de la file BC de la droite (fig. 51.), sur le terrein AD de celle de la gauche, on les fera avancer au-delà en FG, c’est-à-dire jusqu’à ce que les soldats des différens rangs du bataillon qui forment la file AD, se retrouvent sur leur même terrein AD.

On fera alors arrêter toute la troupe, & on lui fera faire à droite sur le pié droit, pour qu’elle fasse face en tête comme dans sa premiere position.

La troupe ou le bataillon changera de terrein de la même maniere sur la droite, par une contre-marche exécutée vers ce côté, comme on vient de l’expliquer vers la gauche.

VII. Problème.
Faire la contre-marche par demi-rangs, partant des aîles ou des flancs du bataillon.

Soit le bataillon ou la troupe ABCD (fig. 52.) : on la supposera divisée en deux également par une ligne droite quelconque EF, tirée de la tête à la queue du bataillon. Alors il ne s’agira plus, pour résoudre le problème proposé, que de faire exécuter à la moitié de la troupe à droite, la contre-marche à gauche par rangs, & à la partie de la gauche, la contre-marche à droite aussi par rangs, expliquée au cinquieme problème.

Ainsi, pour exécuter cette contre-marche, on ordonnera aux demi-rangs à droite de faire à droite, & à ceux de la gauche de faire à gauche.

Les soldats de la file BC de la droite avanceront ensuite un ou deux petits pas, ainsi que les soldats de la file AD de la gauche.

Ils feront ensuite les uns & les autres un demi-tour ; savoir, ceux de la droite, à droite sur le pié droit ; & ceux de la gauche, à gauche sur le pié gauche. Ils avanceront après cela dans les intervalles des rangs suivis des soldats des demi-rangs, qui feront le demi-tour à droite & à gauche où les premiers l’ont fait, & ils marcheront jusqu’à ce qu’ils soient parvenus de part & d’autre sur le terrein des deux files du centre GH & IK. Lorsqu’ils y seront arrivés, les demi-rangs de la droite feront à droite, & ceux de la gauche à gauche, pour faire face du même côté ; ce qui étant fait le mouvement sera exécuté.

Il est évident que l’on fera la contre-marche de la même maniere par demi-rangs partant du centre, par quarts de rangs, &c.

Article XI.

De la maniere de border la haie, & de former des haies. Nous avons déjà dit que border la haie ou se mettre en haie, c’est disposer plusieurs rangs ou plusieurs files sur une ligne droite. Voyez Border la haie. Ce qui a donné lieu au nom que porte cette évolution, c’est qu’on se sert effectivement du mouvement dans lequel elle consiste, pour disposer une troupe le long d’une rue, d’un retranchement, &c.

Former des haies, c’est, dit M. de Bombelles (traité des évolutions militaires), composer plusieurs haies avec un nombre donné de files.

Ainsi on peut former des haies par compagnie, & par telle autre division que l’on veut.

M. Bottée ne fait point de distinction entre l’expression de border la haie & de former des haies, ce qui est assez conforme à l’usage ; mais il paroît qu’il devroit être rectifié à cet égard, pour ne point exposer les officiers à regarder ces deux évolutions comme ne faisant qu’un même mouvement.

Pour éviter cet inconvénient, nous allons en parler séparement.

Premier Problème.
Par rangs border la haie.

Soit le bataillon ou la troupe ABCD (fig. 53.) à laquelle on veut faire border la haie par rangs.

On commencera par faire ouvrir les rangs en-avant, ensorte que leur intervalle soit à-peu-près égal à l’étendue de chaque rang.

On fera faire ensuite un quart de conversion à chaque rang & du même côté, c’est-à-dire à droite ou à gauche, après quoi la troupe ne formera qu’un seul rang LH (fig. 54.).

Pour faire remettre le bataillon, on fait faire demi tour à droite au rang, ou à la haie LH (fig. 54.), & ensuite un quart de conversion à tous les rangs particuliers dont il est composé, & dans le sens opposé à celui qu’ils ont fait d’abord ; après quoi faisant serrer les rangs en-arriere, la troupe se trouvera dans sa premiere position.

II. Problème.
À droite par rangs, border la haie en tête.

Pour faire cette évolution, tous les rangs qui suivent le premier, doivent faire à-droite, & aller ensuite se placer sur l’alignement du premier AB (fig. 55.) ; savoir, le second immédiatement à côté du EF ; le troisiéme à côté du second, &c.

Remarques.

M. Bottée dit que cette évolution ne vaut rien, lorsque les rangs sont fort grands ; la raison en est sans doute la lenteur de son exécution, & la difficulté de faire arriver tous ces différens rangs en même tems sur l’alignement du premier AB.

Si l’on suppose que le bataillon soit composé de quatre rangs de cent vingt hommes chacun, il aura 40 toises de front, en donnant 2 piés à chaque homme dans le rang. Lorsque ces quatre rangs seront réduits à un seul, ils occuperont une étendue de 240 toises ; & comme les lignes obliques que décrivent les soldats du quatrieme rang seront encore plus grandes que cette étendue, il est aisé de concevoir qu’il faudroit un tems considérable à ces soldats pour parcourir un aussi grand espace.

Si malgré cet inconvénient on veut exécuter cette évolution, elle se fera à gauche de la même maniere qu’on vient de l’enseigner à droite ; elle se fera aussi également en queue, à droite & à gauche en tête, & de même en queue : dans cette derniere maniere on diminue le tems de son exécution de moitié.

III. Problème.
À droite par files, border la haie en tête.

Cette évolution est absolument la même que celle du premier problème, en regardant les files comme des rangs, c’est-à-dire après avoir fait faire à-droite ou à-gauche au bataillon.

Ainsi pour exécuter ce mouvement, on fera d’abord serrer les rangs, & l’on fera ouvrir les files d’un intervalle à-peu-près égal à leur longueur ou leur étendue.