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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/244

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admiroit sur la fin du dernier siecle. L’exécution a suivi l’art dans ses différentes marches ; leurs progrès ont été & dû être nécessairement les mêmes. Les routes trouvées par les compositeurs ont dû indispensablement s’ouvrir pour les exécutans ; à mesure que l’art de la navigation a pris des accroissemens par les nouvelles découvertes qu’on a faites, il a fallu aussi que la manœuvre devînt plus parfaite. L’une a été une suite nécessaire de l’autre.

Ainsi en examinant de sang froid & avec un peu de réflexion les différences successives d’un genre destiné uniquement pour le plaisir ; en écartant les déclamations que des intérêts secrets animent ; en se dépouillant enfin des préjugés que l’habitude, & l’ignorance seules accréditent, on voit qu’il n’est rien arrivé de nos jours sur la Musique, qui ne lui soit commun avec tous les autres arts. La Peinture, la Poésie, la Sculpture, dans toutes leurs différentes transmigrations des Grecs chez les Romains, de chez les Romains dans le reste de l’Italie, & enfin dans toute l’Europe, ont eu ces mêmes développemens. Mais ces arts ont avancé d’un pas plus rapide que la Musique, parce que leur perfection dépendoit du génie seul de ceux qui ont composé. La Musique au contraire ne pouvoit parvenir à la perfection, que lorsque l’exécution auroit été portée à un certain point, & il falloit au génie le concours d’un très grand nombre d’artistes différens que le tems pouvoit seul former. M. Rameau a saisi le moment : il a porté l’exécution déja préparée en France par le travail & l’expérience de plus de soixante ans, à un degré de perfection égal à celui de ses compositions dramatiques. Voyez Chanteur, Orchestre, Opera. (B)

EXÉCUTOIRE, (Jurisprud.) se dit de tout ce qui peut être mis à exécution, comme un acte ou un contrat exécutoire, une sentence, arrêt, ou autre jugement exécutoire.

Exécutoire de Dépens, est une commission en parchemin accordée par le juge, & délivrée par le greffier, laquelle permet de mettre à exécution la taxe qui a été faite des dépens.

Lorsque c’est la partie qui obtient l’exécutoire, cela s’appelle lever l’exécutoire ; lorsque le juge en accorde d’office contre une partie civile ou sur le domaine du roi ou de quelque autre seigneur pour les frais d’une procédure criminelle, cela s’appelle décerner exécutoire. Voyez les art. 16 & 17 du tit. xxv. de l’ordonnance de 1670.

Les exécutoires qui sont accordés par les juges royaux & autres juges inférieurs, sont intitulés du nom du juge : ceux qui émanent des cours souveraines, sont intitulés du nom du roi.

Celui qui n’est pas content de l’exécutoire, peut en interjetter appel de même que de la taxe ; excepté pour les exécutoires émanés des cours souveraines, où l’on pourvoit par appel de la taxe & par opposition seulement contre l’exécutoire, supposé qu’il n’ait pas été délivré contradictoirement. Voyez Contrainte par corps, Dépens & Iterato. (A)

Exécutoire (forme), est celle qui est nécessaire pour mettre un acte à exécution, comme à Paris, qu’il soit en parchemin, & intitule du nom du juge ; cette forme n’est pas par-tout la même. Voyez le recueil de quest. de Bretonnier, avec les additions au mot Grosse. (A)

Exécutoire nonobstant l’appel, c’est-à-dire ce qui peut être mis à exécution, sans que l’appel puisse l’empêcher ; dans les jugemens qui doivent avoir une exécution provisoire, on met ordinairement à la fin ces mots, ce qui sera exécuté nonobstant l’appel, & sans préjudicier, c’est-à-dire que l’appel n’empêchera pas l’exécution, mais que cette

exécution provisoire ne fera pas de préjugé contre l’appel. (A)

Exécutoire par provision, c’est ce que l’on n’exécute qu’à la charge de rendre en définitive s’il y échet. V. ci-dev. Exécution définitive. (A)

EXEDRES, s. f. (Hist. anc.) étoient anciennement les lieux où les Philosophes, les Rhéteurs, les Sophistes avoient coûtume de tenir leurs conférences & de disputer entr’eux.

Ce mot vient du grec εξεδρα, qui signifie la même chose. M. Perrault croit que les exedres étoient des especes de petites académies où les gens de Lettres s’assembloient. Voyez Académie.

Cependant Budée prétend que ce que les anciens appelloient exedres, répondoit plûtôt à ce que nous appellons chapitres dans les cloîtres ou dans les églises collégiales. (G)

EXEGESE NUMÉRIQUE ou LINÉAIRE, signifie, dans l’ancienne Algebre, l’extraction numérique ou linéaire des racines des équations, c’est-à-dire la solution numérique de ces équations, ou leur construction géométrique. Voyez Equation, Construction, Racine. Viete s’est servi de ce mot dans son algebre. Voyez Algebre.

Exegese, s. f. (Hist. & Belles-Lettr.) se dit d’une explication ou exposition de quelques paroles par d’autres qui ont le même sens, quoiqu’elles n’ayent pas le même son.

Ainsi plusieurs interpretes de la Bible croyent que dans les passages de l’Ecriture où l’on trouve abba pater, dont le premier est syriaque, & le second est latin ou grec, ce dernier n’est ajoûté que par exegese, & pour faire entendre ce que le premier signifie. Voyez Ab. Chambers. (G)

EXEGETES, s. m. (Hist. anc.) étoient chez les Athéniens des personnes savantes dans les lois, que les juges avoient coûtume de consulter dans les causes capitales.

Ce mot est grec, ἐξηγητὴς, & vient d’ἡγέομαι, je conduis. Les exegetes étoient les interpretes des lois. Dictionn. de Trév. & Chambers. (G)

EXEGETIQUE, s. f. terme de l’ancienne Algebre ; c’est ainsi que Viete appelle l’art de trouver les racines des équations d’un problème, soit en nombres, soit en lignes, selon que le problème est numérique ou géométrique. Voyez Racine, Equation, &c. Voyez aussi Exegese. (O)

EXEMPLAIRE, adj. (Jurisp.) se dit de la substitution qui est faite par les parens à leurs enfans tombés en démence. Cette substitution a été surnommée exemplaire, parce qu’elle a été introduite à l’exemple de la pupillation. Voyez Substitution. (A)

EXEMPLE, s. m. (Morale.) action vicieuse ou vertueuse qu’on se propose d’éviter ou d’imiter.

L’exemple est d’une grande efficace, parce qu’il frappe plus promptement & plus vivement que toutes les raisons & les préceptes ; car la regle ne s’exprime qu’en termes vagues, au lieu que l’exemple fait naître des idées déterminées, & met la chose sous les yeux, que les hommes croyent beaucoup plus que leurs oreilles.

Bien des gens regardent comme un instinct de la seule nature, ou comme l’effet de la constitution des organes, la force des exemples, & le penchant de l’homme à imiter ; mais ce ne sont pas là les seules causes de la pente qui nous porte à nous modeler sur les autres, l’éducation y a sans doute la plus grande part.

Il est difficile que les mauvais exemples n’entraînent l’homme, s’ils sont fréquens à sa vûe, & s’ils lui deviennent familiers. Un des plus grands secours pour l’innocence, c’est de ne pas connoître le vice par les exemples de ceux que nous fréquentons. M. de Bussy répétoit souvent, qu’à force de ne trouver