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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/294

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ronné, acquiert une consistence de plus en plus grande, & parvient enfin à opposer par cette consistance, un obstacle insurmontable à l’expansion du corps en vapeur ; le point d’équilibre entre la résistance d’un côté & la force expansive de l’autre, déterminera & fixera la capacité & la figure des parois, formera des ballons, des vases, des tuyaux, des ramifications ou dures ou flexibles, toûjours relativement aux différentes altérations de l’expansibilité d’un côté, de la consistance de l’autre ; ensorte que ces vaisseaux & ces ramifications s’étendront & se compliqueront à mesure que le corps expansible s’étendra du côté où il ne trouve point encore d’obstacle, en formant une espece de jet ou de courant, & que le liquide, en se durcissant à-l’entour, environnera ce courant d’un canal solide : il n’importe à quelle cause on doive attribuer ce changement de consistance, ou cette dureté survenue dans le liquide, dont le corps expansible est environné, soit au seul refroidissement (voyez Verrerie), soit à la crystallisation de certaines parties du liquide (voyez Végétation chimique), soit à la coagulation, ou à ces trois causes réunies, ou peut-être à quelqu’autre cause inconnue. Voyez Génération & Molécules organiques.

8°. Il résulte de tout cet article, que presque tous les phénomenes de la physique sublunaire sont produits par la combinaison de deux forces contraires ; la force qui tend à rapprocher les parties des corps ou l’attraction, & la chaleur qui tend à les écarter, de même que la physique céleste est toute fondée sur la combinaison de la pesanteur & de la force projectile : j’employe cette comparaison d’après M. Needham, qui a le premier conçu l’idée d’expliquer les mysteres de la génération par la combinaison des deux forces attractive & répulsive (voyez les observations microscopiques de M. Needham, sur la composition & la décomposition des substances animales & végétales). Ces deux forces se balançant mutuellement, se mesurent exactement l’une l’autre dans le point d’équilibre, & il suffiroit peut-être de pouvoir rapporter une des deux à une mesure commane & à une échelle comparable, pour pouvoir soûmettre au calcul la physique sublunaire, comme Newton y a soûmis la physique céleste. L’expansibilité de l’air nous en donne le moyen, puisque par elle nous pouvons mesurer la chaleur depuis le plus grand froid jusqu’au plus grand chaud connu, en comparer tous les degrés à des quantités connues, c’est-à-dire à des poids, & par conséquent découvrir la véritable proportion entre un degré de chaleur & un autre degré. Il est vrai que ce calcul est moins simple qu’il ne paroît au premier coup-d’œil. Ce n’est point ici le lieu d’entrer dans ce détail. Voyez Température & Thermometre. J’observerai seulement, en finissant, que plusieurs physiciens ont nié la possibilité de trouver exactement cette proportion, quoique M. Amontons ait depuis long-tems mesuré la chaleur par les différens poids que soûtient le ressort de l’air. Cela prouve que bien des vérités sont plus près de nous, que nous n’osons le croire. Il y en a dont on dispute, & qui sont déjà démontrées ; d’autres qui n’attendent pour l’être qu’un simple raisonnement. Peut-être que l’art de rapprocher les observations les unes des autres, & d’appliquer le calcul aux phénomenes, a plus manqué encore aux progrès de la Physique, que les observations mêmes.

EXPANSION, s. f. en Physique, est l’action par laquelle un corps est étendu & dilaté, soit par quelque cause extérieure, comme celles de la raréfaction ; soit par une cause interne, comme l’élasticité. Voy. Dilatation, Raréfaction, Elasticité.

Les corps s’étendent par la chaleur, c’est pourquoi leurs pesanteurs spécifiques sont différentes,

suivant les différentes saisons de l’année. Voyez Pesanteur spécifique, Eau, &c. Voyez aussi Pyrometre & Extension. Voyez ci-dessus Expansibilité. Chambers.

Expansion, (Anat.) signifie prolongement, continuation ; c’est ainsi que l’on dit expansion membraneuse, ligamenteuse, musculeuse : cette derniere répond précisément au platysma myoïdès des Grecs. C’est une idée très-physiologique de considérer toutes les fibres du corps animal comme des expansions d’autres fibres ; ainsi les fibres du cerveau ne sont que des développemens & des expansions des vaisseaux sanguins qui y aboutissent. Les nerfs sont des expansions des fibres du cerveau, & les fibres de tous les vaisseaux sont à leur tour des expansions des dernieres ramifications des nerfs. (g)

EXPECTANT, adj. pris subst. (Jurisp.) est celui qui attend l’accomplissement d’une grace qui lui est dûe ou promise, tel que celui qui a l’agrément de la premiere charge vacante, ou celui qui a une expectative sur le premier bénéfice qui vaquera. Il y a quelquefois plusieurs expectans sur un même collateur, l’un en vertu de ses grades, un autre en vertu d’un indult, un autre pour le serment de fidélité. Voy. Expectative, Gradué, Indult, &c. (A)

EXPECTATIVE, s. f. (Jurisp.) en matiere bénéficiale, ou grace expectative, est l’espérance ou droit qu’un ecclésiastique a au premier bénéfice vacant, du nombre de ceux qui sont sujets à son expectative.

On ne connut point les expectatives tant que l’on observa l’ancienne discipline de l’Eglise, de n’ordonner aucun clerc sans titre : chaque clerc étant attaché à son église par le titre de son ordination, & ne pouvant sans cause légitime être tranféré d’une église à une autre, aucun d’entr’eux n’étoit dans le cas de demander l’expectative d’un bénéfice vacant.

Il y eut en Orient dès le v. siecle quelques ordinations vagues & absolues, c’est-à-dire faites sans titre, ce qui fut défendu au concile de Chalcédoine, & cette discipline fut conservée dans toute l’Eglise jusqu’à la fin du xj. siecle ; mais on s’en relâcha beaucoup dans le xij. en ordonnant des clercs sans titre, & ce fut la premiere cause qui donna lieu aux graces expectatives & aux reserves ; deux manieres de pourvoir d’avance aux bénéfices qui viendroient à vaquer dans la suite.

Adrien IV. qui tenoit le saint siége vers le milieu du xij. siecle, passe pour le premier qui ait demandé que l’on conférât des prébendes aux personnes qu’il désignoit. Il y a une lettre de ce pape qui prie l’évêque de Paris, en vertu du respect qu’il doit au successeur du chef des apôtres, de conférer au chancelier de France la premiere dignité ou la premiere prébende qui vaqueroit dans l’église de Paris. Les successeurs d’Adrien IV. regarderent ce droit comme attaché à leur dignité, & ils en parlent dans les decrétales comme d’un droit qui ne pouvoit leur être contesté.

Les expectatives qui étoient alors usitées, étoient donc une assûrance que le pape donnoit à un clerc, d’obtenir un bénéfice lorsqu’il seroit vacant ; par exemple, la premiere prébende qui vaqueroit dans une telle église cathédrale ou collégiale. Cette forme de conférer les bénéfices vacans ne fut introduite que par degrés.

D’abord l’expectative n’étoit qu’une simple recommandation que le pape faisoit aux prélats en faveur des clercs qui avoient été à Rome, ou qui avoient rendu quelque service à l’Eglise. Ces recommandations furent appellées mandata de providendo, mandats apostoliques, expectatives, ou graces expectatives.

Les prélats déférant ordinairement à ces sortes de prieres, par respect pour le saint siége, elles devinrent si fréquentes que les évêques, dont la collation