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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/380

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satisfaire à la faim & à la soif. Ce n’est qu’en s’abstenant volontairement de toute nourriture, & en se laissant mourir de faim, qu’on peut arrêter l’exercice de la faculté vitale ; on le peut aussi en lui opposant des obstacles invincibles. Voyez Mort.

Observons avant que de finir, que comme les sens extérieurs, principalement le goût, l’odorat, & le toucher sont subordonnés à la faculté de l’ame qui agit à l’occasion de la faim & de la soif, de même la faim & la soif sont subordonnées à l’appétit vital ou à la faculté qui dirige & entretient nos mouvemens vitaux. Observons encore que comme la faim & la soif sont des sensations obscures, parce qu’elles ne sont excitées que par des causes cachées qui agissent sur nos organes intérieurs, & non par l’impression d’aucun objet que notre ame ait apperçû ; de même aussi & plus obscure encore est la sensation excitée par le sensorium vital, parce qu’elle n’est occasionnée que par des causes encore plus cachées, qui ont bien quelque liaison avec celles de la faim & de la soif, mais qui ne forment dans l’ame aucune image ; ensorte que l’idée réflechie que nous avons de nos sensations va toûjours en diminuant de clarté, depuis l’idée des sensations causées par les objets extérieurs que nous appercevons, jusqu’à l’idée des sensations de la faim & de la soif, & de celle-ci jusqu’à l’idée de la sensation vitale, ce qui rend cette derniere idée si confuse, que nous n’en avons presqu’aucun sentiment intérieur. Il n’étoit pas d’ailleurs nécessaire que cette sensation fût suivie d’un sentiment intérieur bien clair ; parce que, comme il a été dit, à cette sensation sont subordonnées la faim & la soif, & à celles-ci les sensations qui viennent des organes sur lesquels les objets extérieurs agissent.

Nous avons appellé faculté vitale, ce qu’Hippocrate & plusieurs medecins anciens & modernes ont appellé nature. Voyez Nature. Cet article est de M. Bouillet le pere.

* Faculté, subst. f. (Hist. littéraire.) il se dit des différens corps qui composent une université. Il y a dans l’université de Paris quatre facultés ; celle des Arts, celle de Medecine, celle de Jurisprudence, & celle de Theologie. Voyez les articles Université, Nation, Docteur, Bachelier, Licentié, Maître-ès-arts, Gradué, &c.

* FADE, adj. (Gramm.) c’est un terme qui désigne, au simple, la sensation que sont sur les organes du goût, les farines de froment, d’orge, de seigle, & autres, délayées seulement avec de l’eau. On l’a appliqué, au figuré, aux personnes, aux ouvrages, & aux discours : un fade personnage, un fade éloge ; une ironie fade. De fade on a fait fadeur.

FAENZA, (Géog.) Velleius Paterculus, liv. II. chap. xxviij. Silius Italicus, lib. VIII. v. 596. & Pline, lib. XIX. cap. j. en parlent : ancienne ville d’Italie dans l’état de l’Église & dans la Romagne, sur la riviere de l’Amona, à 11 milles de Forli, & à presqu’autant d’Imola, sur la voie flaminienne. Elle est célebre par la vaisselle de terre que l’on y a inventée, qui porte son nom, & qui depuis a été imitée, & perfectionnée en France, en Angleterre, en Hollande, & ailleurs (voyez l’art. Fayence) ; mais ce qui a le plus contribué à donner de la réputation à la vaisselle de terre de Faënza, qu’on nomme en Italie la Majolica, c’est que des peintres du premier ordre, comme Raphaël, Jules Romain, le Titien, & autres, ont employé leur pinceau à peindre quelques-uns des vases de fayence de cette ville, qui sont par cette raison d’un très-grand prix. Faenza a encore la gloire d’être la patrie du fameux Torricelli. Longit. 29. 28. lat. 44. 18. (D. J.)

* FAGARE, s. m. (Hist. nat. bot.) fruit des Indes : il y a le petit & le grand ; ce dernier ressemble en forme, couleur, & épaisseur, à la coque du Levant.

Il est couvert d’une écorce déliée, noire & tendre, qui enveloppe un corps dont la membrane est foible & déliée, & l’intérieur d’une consistence foible ; au centre il y a un noyau assez solide. Le petit a la figure & la grosseur de la cubebe ; il est brun, & sa saveur a du piquant & de l’amertume. Ils sont l’un & l’autre aromatiques ; quant à leurs propriétés médicinales, il faut les réduire à celles de la cubebe.

FAGONE, s. f. (Hist. nat. bot.) fagonia ; genre de plante, dont le nom a été dérivé de celui de M. Fagon premier medecin de Louis XIV. Les fleurs des plantes de ce genre sont faites en forme de rose, composées de plusieurs pétales disposées en rond. Il sort du milieu en pistil qui devient dans la suite un fruit rond terminé en pointe, cannelé, composé de plusieurs capsules & de plusieurs gaines, dont chacune renferme une semence arrondie. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

FAGOT, s. m. (Commerce de bois.) est un assemblage de menus morceaux de bois liés avec une hare, au-dedans desquels on enferme quelques broutilles appellées l’ame du fagot. On dit chatrer un fagot, quand on en ôte quelques bâtons. On les mesure avec une petite chaînette, afin de leur donner une grosseur égale & conforme à l’usage des lieux.

La falourde est plus grosse que le fagot, & est faite de perches coupées ou de menu bois flotté.

La bourrée est plus petite ; c’est le plus menu & le plus mauvais bois, qui prend feu promptement, mais qui dure peu : on s’en sert pour chauffer le four. (K)

* Fagot, (Hist. mod.) L’usage du fagot a subsisté en Angleterre autant de tems que la religion romaine. S’il arrivoit à quelque hérétique d’abjurer son erreur & de rentrer dans le sein du catholicisme, il lui étoit imposé de notifier à tout le monde sa conversion par une marque qu’il portoit attachée à la manche de son habit, jusqu’à ce qu’il eût satisfait à une espece de pénitence publique assez singuliere ; c’étoit de promener un fagot sur son épaule, dans quelques-unes des grandes solennités de l’Église. Celui qui avoit pris le fagot sur sa manche, & qui le quittoit, étoit regardé comme un relaps & comme un apostat.

Fagot, terme de Fortification. Voyez Fascine.

Menage dérive ce mot du latin facottus, qui est tiré du grec φακὸς ; Nicod le fait venir de fasciculus, un faisceau, & Ducange du latin fagatum & fagotum.

Fagot ou Passe-volant, parmi les gens de Guerre, sont ceux qui ne sont pas réellement soldats, qui ne reçoivent point de paye, & ne font aucun service, mais qui ne sont engagés que pour paroître aux revues, rendre les compagnies completes, & empêcher qu’on n’en voye les vuides, & pour frustrer le roi de la paye d’autant de soldats. Voyez Passe-volant. Chambers.

Fagot de sape, est dans la Guerre des siéges, un fagot de deux piés & demi ou trois piés de hauteur, & d’un pié & demi de diametre, dont on se sert au défaut de sacs-à-terre pour couvrir les jointures des galions dans la sappe. Voyez Sappe. Voyez aussi la Planche XIII. de Fortification.

Fagot, (Marine.) barque en fagot, chaloupe en fagot ; c’est une barque que l’on assemble sur le chantier, ensuite on la démonte pour l’embarquer & la transporter dans les lieux où l’on en a besoin. On embarque aussi des futailles en fagot. Voyez Fagot, Tonnelier. (Z)

Fagot de plumes, chez les Plumassiers, ce sont des plumes d’autruches qui sont encore en paquets, telles qu’elles viennent des pays étrangers.

Fagot, futailles en fagot, terme de Tonnelier, qui signifie des futailles dont toutes les pieces sont tail-