Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en état. Cette expression n’est pas d’usage ; les Levantins sont les seuls qui s’en servent.

Faire eau, se dit lorsque l’eau entre dans le vaisseau par quelque ouverture.

Faire de l’eau, faire aiguade ; c’est emplir les futailles d’eau douce pour la provision du vaisseau. Voyez Eau.

Faire du bois ; c’est faire la provision de bois pour le vaisseau, ou la renouveller lorsqu’on est de relâche.

Faire chapelle ; c’est revirer malgré soi. Voy. Chapelle.

Faire pavillon ; c’est arborer un pavillon quelconque, suivant les circonstances : on dit faire pavillon de France, faire pavillon blanc, &c. Voyez Pavillon.

Faire des feux ; c’est mettre des fanaux en différens endroits du vaisseau, pour faire connoître aux autres vaisseaux avec lesquels on est en flote, qu’on est incommodé & qu’on a besoin de secours. (Z)

Faire, s. m. terme de Peinture. Le mot faire tient ici le lieu de substantif. On dit le faire d’un tel artiste est peu agréable. On se recrie en voyant les ouvrages de Rubens & de Wandyck, sur le beau faire de ces deux peintres. C’est à la pratique de la peinture, c’est au méchanisme de la brosse & de la main, que tient principalement cette expression ; & on en sentira aisément la signification, si l’on veut bien donner quelque atention à la fin de l’article Facilité. Article de M. Watelet.

Faire signifie quelquefois peindre. Faire l’histoire, faire le portrait, faire les animaux, &c. c’est peindre l’histoire, &c.

Faire tirer les Tenons, (Charpent.) c’est percer les trous de biais du côté de l’épaulement du tenon, pour qu’il joigne mieux.

Faire faire, en termes de Charpentiers, c’est lorsqu’ils veulent monter quelques grosses pieces de bois au haut des édifices, & c’est comme si l’on disoit : fais tourner le treuil pour monter cette piece.

Faire les Noms, (Relieur, Doreur.) Voyez Alphabet.

FAISAN, s. m. phasianus, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau que la plûpart des méthodistes rangent sous un même genre avec la perdrix, la caille, &c. Aldrovande a décrit un faisan mâle, qui pesoit trois livres douze onces ; il avoit le bec de couleur de corne, & de la longueur d’un travers de pouce ; l’extrémité étoit recourbée, & la piece du dessus avançoit au-delà de celle du dessous ; il y avoit à la racine du bec une membrane charnue & tuberculeuse, sous laquelle les ouvertures des narines étoient cachées. Le sommet de la tête étoit de couleur cendrée & luisante ; les côtés de la tête avoient une couleur verte changeante, selon les différens reflets de lumiere, & les yeux étoient entourés d’une belle couleur rouge ou écarlate. Il s’élevoit des plumes plus longues que les autres à l’endroit des oreilles, dont les ouvertures étoient rondes, larges & profondes. Les plumes de la partie du côté qui est au-dessus de la poitrine, & celles de la pointe, avoient trois couleurs, du brun près de la racine, & dans le reste une couleur d’or & une couleur verte ; mais on ne distinguoit le verd que quand les plumes étoient réunies plusieurs ensemble : car lorsqu’on n’en considéroit qu’une séparément des autres, elle paroissoit noire. Les plumes du dos étoient roussatres, & avoient de petits filamens à l’extrémité. La queue étoit fort longue & très-différente de celle de la perdrix, de la caille, &c. Les plumes du milieu avoient plus de longueur que les autres, qui se trouvoient d’autant plus courtes, qu’elles étoient placées plus près des côtés. Cet oiseau a des éperons qui sont courts.

La faisande est plus petite que le faisan ; son plu-

mage est moins beau, car il ressemble à celui de la

perdrix.

M. Klein distingue six especes de faisans.

1°. Le faisan ordinaire, qui est panaché ou blanc.

2°. Le faisan brun du Bresil, appellé jacupema & coxolitti. On trouve dans l’île de Sainte Helene des faisans dont les couleurs ressemblent à celles des perdrix, mais qui sont plus grands.

3°. Le faisan rouge de la Chine ; il a une crête, & on voit sur son plumage les plus belles couleurs, l’oranger, le citron, l’écarlate, la couleur d’émeraude, le bleu, le roux, & le jaune, & toutes les nuances de ces couleurs.

4°. Le faisan blanc de la Chine ; il a des plumes noires sur la tête ; ses yeux sont placés au milieu d’un cercle de couleur d’or ; le dessous du cou, le ventre, & le dessous de la queue, sont de couleur mêlée de noir & de bleu : il y a des taches blanches sur le cou, sur la partie supérieure du corps, & sur la queue ; le bec est roussâtre ; les piés sont rouges, & les éperons pointus.

5°. Le faisan-paon, phasianus pavoneus ; il a sur les petites plumes des ailes, des taches rouges qui sont figurées comme des yeux ; & sur la queue, des taches de même figure, mais de couleur verte.

6°. Le faisan roussâtre ; il a sur les ailes & sur la queue, des taches de couleur bleu céleste & bleu foncé, figurées en forme d’yeux comme celles du faisan-paon : aussi n’est-ce qu’une variété de la même espece, si ce n’est la femelle de ce faisan. Ordo avium, pag. 114. Voyez Oiseau. (I)

Faisan ou Phaisan, (Diete.) La chair du jeune faisan est regardée, avec raison, comme un aliment très-nourrissant, très-sain, & de facile digestion ; elle est tendre, délicate, succulente, d’un goût relevé par un fumet leger, capable de reveiller doucement le jeu des organes de la digestion. Les personnes qui joüissent d’une bonne santé, doivent par conséquent se trouver très-bien d’une pareille nourriture ; & celles qui sont convalescentes ou valétudinaires, en retirer tous les secours qu’elles peuvent espérer de l’usage des bonnes viandes, si elles en usent cependant selon les préceptes de régime auxquels leur état les astreint. Voy. Convalescence, Valétudinaire, & Régime.

Au reste on ne conçoit dans le faisan aucune qualité particuliere, par laquelle on le puisse distinguer dans l’usage diététique, de la perdrix, du coq de bruyere, du coq des bois, de la gelinote, du râle de genet, de la caille, de la palombe, du ramier : ces divers oiseaux & les individus de chaque espece ne different essentiellement entre eux que comme plus ou moins gras, & plus ou moins jeunes. Voy. l’article Viande (Diete), & l’article Graisse (Diete). (b)

FAISANCES, s. f. pl. (Jurispr.) sont des redevances annuelles qui consistent dans l’obligation de faire quelque chose. Un censitaire doit quelquefois à son seigneur, outre le cens & les rentes en argent, des faisances, operas, qui sont des especes de corvées : c’est en ce sens que ce terme est entendu dans le vieil coûtumier de Normandie. Voyez ce qui est dit dans le glossaire de Lauriere. Ce mot faisances ne signifie pourtant pas toûjours corvées, & est plûtôt synonyme de rente & redevance ; comme il paroît par une instruction faite par le conseil de Charles V. le 13 Mars 1366, qui est dans le IV. volume des ordonnances de la troisieme race, p. 716.

Quelquefois le mot faisance signifie en général payement d’une rente, comme dans la coûtume de Normandie, art. 497.

Les fermiers sont aussi quelquefois chargés par leurs baux de faisances ; comme de faire pour le propriétaire des voitures, de labourer pour lui quel-