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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/551

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pêtre étoit sur le Mont-Soracte (aujourd’hui Montetristo), dans le pays des Falisques, à 24 milles de Rome, entre le Tibre & le chemin de Flaminius, près de la ville Feronia, d’où la déesse avoit pris son nom. Les habitans de Capene, dit Tite-Live, & ceux des environs, qui alloient offrir dans ce temple les prémices de leurs fruits, & y consacrer des offrandes à proportion de leurs biens, l’avoient enrichi de beaucoup de dons d’or & d’argent, quand Annibal le ravagea & emporta toutes ses richesses.

Auprès de ce temple, que les Romains rebâtirent étoit un petit bois dans lequel on célébroit la fête de la déesse par un grand concours de monde qui s’y rendoit assidûment. Ovide se plaît à nous assûrer que ce bois ayant été brûlé une fois par hasard, on voulut transporter ailleurs la statue de Féronie ; mais que le bois ayant aussi-tôt reverdi, on changea de dessein, & on y laissa la statue. Strabon parlant de ce bois, rapporte une autre particularité très-curieuse : c’est que tous les ans on y faisoit un grand sacrifice, où les prêtres de la déesse, animés par son esprit, marchoient nuds piés sur des brasiers, sans en ressentir aucun mal. Voyez Epreuves.

Il ne faut pas oublier de remarquer ici que les prêtres d’Apollon, leurs voisins, avoient aussi le même privilége, du moins Virgile le prétend. Il raconte dans son Enéide, liv. XI. qu’Arons, avant que d’attaquer Chlorée, fit cette priere : « Grand Apollon, qui tenez un rang si considérable parmi les dieux ; vous qui protégez le sacré Mont Soracte ; vous qui êtes le digne objet de notre vénération ; vous pour qui nous entretenons un feu perpétuel de pins ; vous enfin qui nous accordez la grace de marcher sur les charbons ardens au-travers du feu, sans nous brûler, pour récompenser les soins que nous prenons d’encenser vos autels….. » Voilà donc divers prêtres qui, dans un même lieu, faisoient à l’envi, sans disputes & avec le même succès, l’épreuve du fer chaud, quoique, suivant Pline & Varron, ils ne marchoient impunément sur les charbons ardens, qu’après s’être frotés en secret d’un certain onguent la plante des piés ; mais le vulgaire attribuoit toûjours à la puissance des divinités dont ils étoient les ministres, ce qui n’étoit que l’effet de leur supercherie.

Maintenant personne ne sera surpris que pendant la solennité des fêtes de Féronie les peuples voisins de Rome y accourussent de toutes parts, & qu’on eût dressé à cette déesse quantité d’autels & de monumens dont il nous reste encore quelques inscriptions : voyez-en des exemples dans Feretti, inscript. p. 443. Gruter, inscript. tom. III. p. 308. & Spon, antiq. sect. iij. n°. 23.

Nous avons aussi des médailles d’Auguste qui représentent la tête de Feronia avec une couronne, & c’est sans doute par cette raison qu’on la nommoit φιλοστέφανος, qui aime les couronnes. On l’appelloit encore ἀνθήφορος, porte-fleurs. Au reste Servius a travesti Féronie en Junon, & le scholiaste d’Horace en a fait une maîtresse de Jupiter. Virgile lui donne pour fils Hérilus, roi de Préneste. Consultez sur tout cela nos Antiquaires, nos Mythologistes, nos Littérateurs, & en particulier Struvius, antiq. rom. synt. cap. j. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FERRA, s. f. (Hist. nat. Ichtiolog.) poisson du lac de Lausanne ; il est aussi appellé par les gens du pays farra & pala : ce poisson ressemble au lavaret, il a une coudée de longueur, & une couleur cendrée ; le corps est large & applati, & la bouche petite sans aucunes dents. Il a la chair blanche & aussi bonne au goût que celle du lavaret & de la truite. On le pêche en été & en automne, on le sale pour l’hyver ; dans cette saison il reste au fond du lac. Rondelet, Histoire des poissons des lacs, chap. xvij. Voyez Poisson. (I)

FERRAGE, s. m. (Commerce.) droit qu’on paye aux esgards ou jurés de la sajetterie d’Amiens pour marquer les étoffes & leur apposer le plomb. Voyez Esgards, Jurés, Plomb. Dictionn. de Commerce, de Trév. & de Chambers (G)

Ferrages, ancien terme de monnoie ; droit qu’on avoit établi pour remplir les frais des tailleurs particuliers qui étoient obligés de fournir les fers nécessaires pour monnoyer les especes. Ce droit de ferrage étoit de seize deniers par marc d’or, & de huit par marc d’argent, que le directeur payoit en conséquence de la quantité de marcs d’or, d’argent, passés en délivrance.

FERRAILLE, s. f. (Chauderonnerie) Les Chauderonniers appellent ainsi les fers qui servent à monter les réchaux de tôle, comme sont les piés, la grille & la fourchette.

FERRAILLEUR, s. m. (Chauderonnerie.) Les Chauderonniers nomment ainsi des maîtres Serruriers, qui ne travaillent que pour eux, & dont tout l’ouvrage consiste à faire les grilles, les piés & les fourchettes des réchaux de tôle. Diction. de Trév.

* FERRANDINES, s. m. pl. manufacture en soie, étoffes dont la chaîne est de soie & la trame de laine, de fleuret, ou de coton ; elles sont ordonnées par les reglemens à demi-aulne de largeur sur vingt-une aulnes de longueur ; & dans un autre endroit des mêmes reglemens, il est permis de les faire de quatre largeurs, ou d’un quartier & demi, ou de demi-aulne moins un seize ; ou de demi-aulne entiere, ou de demi-aulne & un seize, sans qu’elles puissent être plus larges ou plus étroites que de deux dents de peigne. Il est ordonné enfin 1°. que ces étoffes & d’autres seront de soie cuite en chaîne, poil, trame, ou brochée, ou toutes de soie crue, sans aucun mélange de soie crue avec la soie cuite.

2°. Qu’elles se fabriqueront à vingt-huit buhots, & trente portées, & qu’elles auront de largeur, entre deux gardes, un pié & demi de roi, & de longueur vingt & une aulne & demie de roi hors de l’étille, pour revenir apprêtées à vingt aulnes un quart, ou vingt aulnes & demie. Il est de la derniere importance que les hommes qui donnent des réglemens aux manufactures, soient très-versés dans les Arts ; qu’ils ayent de justes notions du commerce & des avantages de sa liberté ; qu’ils ne s’en laissent point imposer par les apparences, & qu’ils sachent que ceux qui leur proposent des réformes d’abus, sont quelquefois des gens qui cherchent ou à se faire valoir auprès de leurs supérieurs par une sévérité mal-entendue, afin d’en obtenir des récompenses, ou à jetter le manufacturier dans une contrainte à laquelle il ne parvient à se soustraire, qu’en se soûmettant à des exactions.

FERRANDINE, (Géog.) petite ville d’Italie au royaume de Naples dans la Balizicate, sur le Basiento, avec titre de duché. Long. 43. 10. lat. 41. 40. (D. J.)

FERRANT, adj. (Maréchall.) Maréchal ferrant, ouvrier, artisan dont la profession devroit être bornée à l’emploi de ferrer les chevaux, &c. Voyez Hippiatrique. Voyez aussi Maréchal. (e)

Ferrant, s. m. (Manége.) vieille expression usitée par nos anciens romanciers, pour designer, selon Ducange, un cheval gris pommelé ; selon Ménage, un cheval d’une robe semblable à celle que les Latins appelloient color ferrugineus ; & selon Bessi, avocat du Roi de Fontenai-le-Comte, un cheval de guerre. Ménage a prétendu que dans le cas où sa conjecture seroit bien fondée, le terme dont il s’agit dériveroit de ferrum. Bessi avance qu’il est tiré de celui de waranus, lequel a été dit pour waranio, mot, qui dans la loi salique signifie un cheval ou un étalon. Si quis waranionem homini franco furaverit, culpabilis judicetur, &c. tome IV. pag. 2.