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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/567

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blables à celles de la férule ordinaire, longues d’environ demi-pouce, sur deux lignes & demi de large, minces vers le bord, roussâtres, legerement rayées sur le dos, ameres, & huileuses.

Dioscoride & Pline ont attribué à la férule de Grece & d’Italie de grandes vertus. Ils ont dit, entr’autres choses, que la moëlle de cette plante étoit bonne pour guérir le crachement de sang & la passion céliaque ; que sa graine soulageoit la colique venteuse, & excitoit la sueur ; que sa racine séchée détergeoit les ulceres, provoquoit l’urine & les regles. Nos médecins sont détrompés de toutes ces fadaises, & vraissemblablement pour toûjours.

L’espece de férule à laquelle la Medecine s’intéresse uniquement aujourd’hui, est celle d’Afrique, de Syrie, de Perse, des grandes Indes, non pas par rapport aux propriétés de sa moëlle, de sa racine, de ses feuilles, ou de ses graines, mais parce que c’est d’elle que découle le galbanum, ou dont il se tire : on en donnera la description au mot Galbanum. En vain l’on incise les diverses tiges des autres especes de férules, le lait qui en sort, de même que les grumeaux qui se forment naturellement sur d’autres tiges, ne ressemblent point à cette substance grasse, ductile, & d’une odeur sorte, qui participe de la gomme & de la résine, & que nous nommons galbanum. Voyez Galbanum. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Férule, (Hist. anc. & mod.) petite palette de bois assez épaisse, sceptre de pédant, dont il se sert pour frapper dans la main des écoliers qui ont manqué à leur devoir. Ce mot est latin, & l’on s’en est servi pour signifier la crosse & le bâton des prélats : il vient, à ce qu’on prétend, de ferire, frapper ; car anciennement on châtioit les enfans avec les tiges de ces sortes de plantes ; & c’est delà que le mot de férule est demeuré à l’instrument dont on se sert pour châtier les enfans. Voyez l’article précédent.

En termes de Lithurgie, férule signifie dans l’église d’Orient, un lieu séparé de l’église, où les pénitens ou cathécumenes du second ordre appellés auscultantes, se tenoient, & n’avoient pas permission d’entrer dans l’église. Le nom de férule fut donné à ce lieu, parce que ceux qui s’y tenoient étoient en pénitence par ordre de l’église, sub ferulâ erant ecclesiæ. Voyez Pénitence, Cathécumene, &c. Dict. de Trévoux & Chambers. (G)

Férule, (Hist. ecclés.) bâton pastoral que les Latins appelloient pedum & caniboca, marque de dignité que portoient non-seulement les évêques & les abbés, mais même quelquefois les papes. Luitprand, hist. liv. VI. chap. xj. raconte que le pape Benoît ayant été dégradé, se jetta aux piés du pape Léon & de l’empereur, & que rendant au premier la férule ou bâton pastoral, celui-ci le rompit & le montra au peuple. Voyez Crosse. (G)

FESCAMP, (Géog.) Fiscamnum, petite ville de France en Normandie au pays de Caux, assez commerçante, avec un port défendu par une tour, & une ancienne abbaye royale de Bénédictins. Voy. sur cette abbaye dom Duplessis, deser. géog. & hist. de la haute Normandie. Fescamp est proche la mer, entre le Havre de Grace & Dieppe, sur une petite riviere à huit lieues du Havre de Grace, 12 sud-oüest de Dieppe, 45 nord-est de Paris. Long. 18. 1. 45. lat. 49. 46. 0. (D. J.)

FESCENNIN (vers) adj. m. (Littérat.) en latin fescennini versus, vers libres & grossiers qu’on chantoit à Rome dans les fêtes, dans les divertissemens ordinaires, & principalement dans les nôces.

Les vers fescennins ou saturnins (car on leur a donné cette seconde épithete), étoient rudes, sans aucune mesure juste, & tenoient plus de la prose cadencée que des vers, comme étant nés sur le champ

& faits pour un peuple encore sauvage, qui ne connoissoit d’autres maîtres que la joie & les vapeurs du vin. Ces vers étoient souvent remplis de railleries grossieres, & accompagnées de postures libres & de danses deshonnêtes. On n’a qu’à se représenter des paysans qui dansent lourdement, qui se raillent par des impromptus rustiques ; & dans ces momens, ou avec une malignité naturelle à l’homme, & de plus aiguisée par le vin, on les voit se reprocher tour-à-tour tout ce qu’ils savent les uns des autres : c’est ce qu’Horace nous apprend dans une épitre qu’il adresse à Auguste :

Fescennina per hunc inventa licentia morem
Versibus alternis, opprobria rustica fudit.

Epist. 1. lib. II. v. 145.

Les vers libres & obscenes prirent le nom de fescennins, parce qu’ils furent inventés par les habitans de Fescennie, ville de Toscane, dont les ruines se voyent encore à un bon quart de lieue de Galèse.

Les peuples de Fescennie accompagnoient leurs fêtes & leurs réjoüissances publiques, de représentations champêtres, où des baladins déclamoient des especes de vers fort grossiers, & faisoient mille bouffonneries dans le même goût. Ils gardoient encore moins de mesure dans la célébration des nôces, où ils ne rougissoient point de salir leurs poésies par la licence des expressions : c’est de-là que les Latins ont dit, fescennina licentia, & fescennina locutio, pour marquer principalement les vers sales & deshonnêtes que l’on chantoit aux nôces.

Ces sortes de vers parurent sur le théatre, & tinrent lieu aux Romains de drame régulier pendant près de six vingts ans. La satyre mordante à laquelle on les employa, les décrédita encore plus que leur grossiereté primitive ; & pour lors ils devinrent vraiment redoutables. On rapporte qu’Auguste, pendant le Triumvirat, fit des vers fescennins contre Pollion, mais que celui-ci, avec tout l’esprit propre pour y bien répondre, eut la prudence de n’en rien faire ; « parce que, disoit-il, il y avoit trop à risquer d’écrire contre un homme qui pouvoit proscrire ».

Enfin Catulle voyant que les vers fescennins employés pour la satyre étoient proscrits par l’autorité publique, & que leur grossiereté dans les épithalames n’étoit plus du goût de son siecle, il les perfectionna & les châtia en apparence du côté de l’expression : mais s’il les rendit plus chastes par le style, en proscrivant les termes grossiers, ils ne furent pas moins obscenes pour le sens, & bien plus dangereux pour les mœurs. Les termes libres d’un soldat gâtent moins le cœur, que les discours fins, ingénieux, & délicatement tournés d’un homme qui fait métier de la galanterie. Pétrone est moins à craindre dans ses ordures grossieres que ne le sont des expressions voilées semblables à celles dont le comte de Bussy Rabutin a revêtu ses Amours des Gaules. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FESOLI ou FIESOLI, (Hist. eclés.) congrégation de religieux, qu’on nomme aussi les freres mendians de saint Jérôme. Elle a eu pour fondateur le B. Charles, fils du comte de Montgranello, qui s’étant retiré dans une solitude au milieu des montagnes voisines de Fiésole, ville épiscopale de Toscane, fut suivi de quelques autres personnes pieuses, & donna ainsi naissance à cette congrégation. Le pape Innocent VII. l’approuva, c’est pourquoi Onuphre en met la fondation sous son pontificat ; mais elle avoit commencé du tems du schisme d’Avignon, vers l’an 1386. Les papes Grégoire XII. & Eugene IV. la confirmerent aussi sous la regle de S. Augustin. (G)

FESSEN ou FISEN, (Géog.) contrée de Numidie