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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/728

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peut s’employer à l’huile, quoique rarement, son plus grand usage étant pour la miniature ou détrempe.

FIENTE, s. f. (Gramm.) c’est ainsi qu’on nomme les excrémens de plusieurs animaux, dont on fait usage, soit en Medecine, soit ailleurs. Voy. Excrémens.

Fiente des Animaux, (Mat. méd.) on a attribué des vertus médicinales à la fiente de divers animaux, & principalement aux suivantes.

Fiente de bœuf ou de vache. Voyez Vache.

Fiente de bouc ou de chevre. V. Bouc & Chevre.

Fiente de cochon. Voyez Cochon.

Fiente de pigeon. Voyez Pigeon.

Fiente de poule. Voyez Poule.

Fiente de cigogne. Voyez Cigogne.

Fiente de vautour. Voyez Vautour.

Fiente ou crottes de souris. Voyez Souris.

Fiente ou crottes de chien. Voyez Chien.

Dioscoride parle de la fiente de crocodile terrestre comme d’un cosmétique, dont les femmes se servoient pour se rendre le tein brillant.

Les excrémens humains passent pour vulnéraires, cicatrisans, & maturatifs. V. Maturatif. (b)

Fiente, Crotin, (Manége & Maréch.) termes synonymes. Nous nommons ainsi les excrémens du cheval. Voyez l’article Fumier.

On observe à l’extérieur de l’intestin cœcum quatre bandes blanchâtres & ligamenteuses, très-adhérentes à sa membrane commune & à sa tunique charnue. Ces bandes le partagent longitudinalement en quatre portions, & se propagent sur la partie large du colon : elles brident principalement cet intestin, de maniere qu’il est alternativement enfoncé par des plis transverses, & alternativement élevé en bosses très-considérables. Ces bosses sont autant de cellules espacées également, dans lesquelles la fiente séjourne ; & de-là la forme maronnée qu’elle contracte, & qu’elle ne tire que de la figure même de ces especes de loges.

L’examen de la qualité de la fiente, de sa couleur, de son odeur, de sa consistance, est important dans le traitement des maladies de l’animal. Voyez Séméiotique. (e)

FIER, adj. (Morale.) Voyez Fierté.

Fier, Fierté, Fierement, (Peint.) on appelle en Peinture une chose fierement faite, lorsqu’elle l’est avec liberté ; que les coups de pinceau ou touches sont grandes & larges ; qu’elles sont vives en clairs & en bruns : quelquefois l’on n’entend parler que du coloris ou du dessein ; fierement colorié, fierement dessiné, &c.

Fier, adj. (Architecture.) épithete que les ouvriers de bâtimens donnent à la pierre, au marbre & au bois qui est fort dur. On dit aussi qu’un dessein est fier & hardi, quand il est touché avec art & qu’il part d’une main habile, telles que celle de feu M. Oppenord. (P)

Fier, en termes de Blason, se dit d’un lion dont le poil est hérissé.

FIERLIN, s. m. (Saline.) mesure en usage dans nos salines de Moyenvic & autres. Seize fierlins, mesure de Berne, sont évalués à quatre charges & deux tiers de charge, & la charge est évaluée à cent trente livres ; cependant les seize fierlins ne pesent qu’environ cinq cents cinquante à cinq cents soixante livres.

FIERLINER BOSSES, (Salines.) les bosses sont des tonneaux qu’on remplit de sel en grain ou sel tiré, destiné à satisfaire aux engagemens de la France avec les cantons catholiques suisses ; & la mesure à laquelle on rapporte le contenu d’une bosse, s’appelle un fierlin, dont on a fait le verbe fierlenir. Voyez l’article Fierlin. La bosse contient seize fierlins, mesure de Berne.

FIERTE, s. f. (Jurisprud.) du latin ferebrum, qui signifie cercueil, châsse, n’est plus en usage qu’en Nor-

mandie, pour exprimer la châsse de S. Romain, archevêque de Roüen. Le chapitre de la cathédrale qui possede cette châsse, joüit en conséquence du privilége de délivrer & absoudre un criminel & ses complices, à la fête de l’ascension, en le faisant passer sous la fierte, ce que l’on appelle lever la fierte, pourvû que ce ne soit pas pour un crime de lése majesté, héresie, fausse monnoie, viol, assassinat de guet-à-pens ; ces crimes ne sont point fiertables, selon le langage du pays, c’est-à-dire susceptibles du privilége de la fierte. Suivant la déclaration d’Henri IV. du 25 Janvier 1597, registrée au parlement de Rouen le 23 Avril suivant, le chapitre nomme au roi celui qu’il desire joüir du privilége de la fierte, & l’accusé pour joüir de ce privilége, est obligé d’obtenir des lettres d’abolition, scellées du grand sceau, n’y ayant que le prince qui puisse faire grace à un criminel. Voyez les recherches de la France de Pasquier, liv. IX. chap. xlij. les plaidoyers au sujet de la fierte. Mezeray, hist. d’Henri IV. à l’an 1593. Journ. du palais. Arrêt du 15. Septemb. 1672. Le recueil des mémoires de M. de Sacy, tom. I. p. 1. (A)

FIERTÉ, s. f. (Morale.) est une de ces expressions, qui n’ayant d’abord été employées que dans un sens odieux, ont été ensuite détournées à un sens favorable. C’est un blâme quand ce mot signifie la vanité hautaine, altiere, orgueilleuse, dédaigneuse. C’est presque une loüange quand il signifie la hauteur d’une ame noble. C’est un juste éloge dans un général qui marche avec fierté à l’ennemi. Les écrivains ont loüé la fierté de la démarche de Louis XIV. Ils auroient dû se contenter d’en remarquer la noblesse. La fierté de l’ame sans hauteur est un mérite compatible avec la modestie. Il n’y a que la fierté dans l’air & dans les manieres qui choque ; elle déplaît dans les rois mêmes. La fierté dans l’extérieur, dans la société, est l’expression de l’orgueil : la fierté dans l’ame est de la grandeur. Les nuances sont si délicates, qu’esprit fier est un blâme, ame fiere une loüange ; c’est que par esprit fier, on entend un homme qui pense avantageusement de soi-même : & par ame fiere, on entend des sentimens élevés. La fierté annoncée par l’extérieur est tellement un défaut, que les petits qui louent bassement les grands de ce défaut, sont obligés de l’adoucir, ou plûtôt de le relever par une épithete, cette noble fierté. Elle n’est pas simplement la vanité qui consiste à se faire valoir par les petites choses, elle n’est pas la présomption qui se croit capable des grandes, elle n’est pas le dédain qui ajoûte encore le mépris des autres à l’air de la grande opinion de soi-même, mais elle s’allie intimement avec tous ces défauts. On s’est servi de ce mot dans les romans & dans les vers, sur-tout dans les opéra, pour exprimer la sévérité de la pudeur ; on y rencontre par-tout vaine fierté, rigoureuse fierté. Les poëtes ont eu peut-être plus de raison qu’ils ne pensoient. La fierté d’une femme n’est pas simplement la pudeur sévere, l’amour du devoir, mais le haut prix que son amour propre met à sa beauté. On a dit quelquefois la fierté du pinceau, pour signifier des touches libres & hardies. Article de M. de Voltaire.

Fierté, terme de Blason, qui se dit des baleines dont on voit les dents.

FIERTON, s. m. (ancien terme de Monnoyage.) sorte de poids qui contenoit en lui le poids du remede de poids, ensorte que le trebuchant y étoit compris. Voyez Monnoyage.

FIESOLI, (Géog.) ancienne petite ville d’Italie, connue des Romains sous le nom de Fesula, dans le Florentin, sur une côte, avec un évêché suffragant de Florence, & à deux lieues de cette ville. Elle ne vaut guere mieux aujourd’hui qu’un village. C’est la patrie de Jean Angelic, surnommé de Fiesole, religieux Dominiquain, mort en 1455, & qui se seroit distin-