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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/79

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ETOUPIERES, s. f. (Corderie.) femmes qui charpissent de vieux cordages pour en faire de l’étoupe.

ETOUPILLE, s. f. (Art milit. & Pyrotechnie.) espece de meche composée de trois fils de coton du plus fin, bien imbibée d’eau-de-vie, ou de poulverin ou poudre écrasée, qui sert dans l’artillerie & dans les feux d’artifice.

Maniere de faire l’étoupille. « On prend trois fils de meche de coton du plus fin, & on observe qu’il n’y ait ni nœuds ni bourre. On les trempe dans de l’eau où l’on aura fait fondre un peu de salpetre, pour affermir l’étoupille. On roule & déroule cette petite meche dans du poulverin humecté d’eau-de-vie ; après cela on la met sécher sur une planche.

» Pour juger de la bonté de l’étoupille, on en prend un bout d’environ un pié de longueur, & il faut que mettant le feu à un bout, il se porte en même tems à l’autre : s’il n’agit que lentement, c’est une preuve que la meche n’est pas bien imbibée de poulverin, ou qu’elle n’est pas seche.

» L’étoupille sert à jetter des bombes sans mettre le feu à la fusée. On en prend deux bouts d’environ trente pouces de longueur, que l’on attache en croix sur la tête de la fusée, où l’on fait quatre petites entailles ; ce qui forme sept bouts qui tombent dans la chambre du mortier, que l’on charge de poudre seulement, sans terre. On peut cependant se servir d’un peu de fourrage pour arranger la bombe. Lorsqu’on met le feu à la lumiere du mortier, il se communique à l’étoupille, qui le porte à la fusée. De cette maniere la bombe ne peut jamais crever dans le mortier, puisque la fusée ne prend feu que quand elle en est sortie. Le service de la bombe est bien plus prompt, puisqu’il faut beaucoup moins de tems pour charger le mortier, qu’avec les précautions ordinaires.

» On se sert aussi très-utilement de l’étoupille pour tirer le canon. On en prend un bout dont une partie s’introduit dans la lumiere, & l’autre se couche de la longueur d’un ou deux pouces sur la piece. Au lieu d’amorcer comme à l’ordinaire, on met le feu à l’étoupille, qui le porte avec tant de précipitation à la charge, qu’il n’est pas possible de se garantir du boulet ; au lieu qu’en amorçant avec de la poudre, on apperçoit de loin le feu de la traînée, ce qui donne le tems d’avertir avant que le boulet parte : c’est ce que font les sentinelles que l’on pose exprès pour crier bas, lorsqu’ils voyent mettre le feu au canon. D’ailleurs l’étoupille donne moins de sujétion que l’amorce, lorsqu’il pleut ou qu’il fait beaucoup de vent ».

ETOUPILLER, v. act. en termes d’Artificier ; c’est garnir les artifices des étoupilles nécessaires pour la communication du feu, & l’attacher avec des épingles ou de la pâte d’amorce. Dictionn. de Trév.

* ETOURDI, adj. (Morale.) celui qui agit sans considérer les suites de son action ; ainsi l’étourdi est souvent exposé à tenir des discours inconsidérés.

Il se dit aussi au physique, de la perte momentanée de la réflexion, par quelque coup reçû à la tête : il tomba étourdi de ce coup. On le transporte par métaphore à une impression subitement faite, qui ôte pour un moment à l’ame l’usage de ses facultés : il fut étourdi de cette nouvelle, de ce discours.

ETOURDISSEMENT, s. m. (Medecine.) C’est le premier degré du vertige : ceux qui en sont affectés, se sentent la tête lourde, pesante ; semblent voir tourner pour quelques momens les objets ambians, & sont un peu chancelans sur leurs piés : symptomes qui se dissipent promptement, mais qui peuvent être plus ou moins fréquens.

Cette affection est souvent le commencement du vertige complet ; elle est quelquefois l’avant-coureur de l’apoplexie, de l’épilepsie : elle est aussi très-communément

un symptome de l’affection hypocondriaque,

hystérique, des vapeurs. Voyez en son lieu l’article de chacune de ces maladies. (d)

ETOURNEAU, sturnus, s. m. (Hist. nat. Ornith.) oiseau dont le mâle pese trois onces & demie, & la semelle seulement trois onces. Cet oiseau a neuf pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’au bout des pattes, & huit pouces trois quarts, si on ne prend la longueur que jusqu’à l’extrémité de la queue : l’envergure est de seize pouces. L’étourneau est de la grosseur du merle, & lui ressemble par la figure du corps : son bec a un pouce trois lignes de longueur depuis la pointe jusqu’à l’angle de la bouche ; il est plus large & plus applati que celui des merles & des grives. Le bec de l’étourneau mâle est d’un jaune plus pâle que celui de la femelle : dans l’un & dans l’autre la partie supérieure se trouve égale à la partie inférieure : la langue est dure, tendineuse & fourchue : l’iris des yeux a une couleur de noisette, excepté la partie supérieure, qui est blanchâtre : il y a une membrane sous les paupieres : les pattes ont une couleur de safran, ou une couleur de chair : les ongles sont noirâtres ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu par sa premiere phalange : les jambes sont couvertes de plumes en entier : la pointe des plumes est jaunâtre dans celles du dos & du cou, & de couleur cendrée dans celles qui sont sous la queue : quelquefois la pointe des plumes est noire, avec une teinte de bleu ou de pourpre, qui change à différens aspects. On reconnoît le mâle par la couleur de pourpre, qui est plus apparente sur le dos ; par la couleur du croupion, qui tire plus sur le verd ; & par les taches du bas-ventre, dont le nombre est plus grand que dans la femelle. Les grandes plumes des ailes sont brunes ; mais les bords de la troisieme & de celles qui suivent, jusqu’à la dixieme, & de celles qui se trouvent depuis la quinzieme jusqu’à la derniere, sont d’un noir plus obscur. Les petites plumes qui recouvrent les grandes, sont luisantes ; la pointe de celles du dernier rang est jaune : les petites plumes du dessous de l’aile sont de couleur brune, excepté les bords, qui ont du jaune pâle : la queue a trois pouces de longueur ; elle est composée de douze plumes qui sont brunes, à l’exception des bords, dont la couleur est jaunâtre. La femelle niche dans des trous d’arbres ; elle pond quatre ou cinq œufs, qui sont d’un bleu-pâle mêlé de verd.

Les étourneaux se nourrissent de scarabées, de petits vers, &c. Ils vont en bandes ; ils se mêlent avec quelques especes de grives, mais ils ne les suivent pas lorsqu’elles passent en d’autres pays. On trouve quelquefois des variétés dans les oiseaux de cette espece ; on en a vû en Angleterre deux blancs, & un autre dont la tête étoit noire, & le reste du corps blanc. L’étourneau apprend assez bien à parler. Willughby, Ornith. Voyez Sansonnet, Oiseau. (I)

Etourneau, gris-étourneau, (Manége, Marech.) nom d’une sorte de poil qui, par la ressemblance de sa couleur avec celle du plumage de l’oiseau que l’on appelle ainsi, nous a portés à accorder au cheval qui en est revêtu, cette même dénomination. Les chevaux étourneaux, selon les idées qui préoccupoient les anciens, rarement ont les yeux bons ; & à mesure que la couleur de leur poil passe, ils se rallentissent & ont peu de valeur. Ce poil mêlé d’une couleur jaunâtre, n’est pas si fort estimé. Voyez à l’article Poil, le cas que l’on doit faire de ces judicieuses observations. (e)

* ETRANGE, adj. Il se dit de tout ce qui est ou nous paroît contraire aux notions que nous nous sommes formées des choses, d’après des expériences bien ou mal faites.

Ainsi quand nous disons d’un homme qu’il est étran-